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Bilan 2022-2023 (5/20) – Le VAFC se maintient avec les moyens du bord, pour combien de temps encore ?

Avec des ambitions modérées en début de saison, Valenciennes a fini par décrocher, non sans difficulté, le maintien lors de la dernière journée. Après une première partie de saison bien au-dessus des attentes, les Nordistes sont rentrés dans le rang. Avant un éventuel changement d’ère, un état des lieux s’impose pour solder la saison 2022-2023.

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On pourrait presque croire que les saisons se suivent et se ressemblent à Valenciennes. 16e avec 44 points en mai 2022, le VAFC a terminé cette saison à la 15e place (sous réserve du sort du match Bordeaux-Rodez) avec 45 points. Si la destination est la même, la trajectoire fut tout autre. La déception de 2022 a laissé place au soulagement de 2023 pour une équipe qui a positivement surpris jusqu’à l’automne, avant un sévère retour à la réalité après la trêve dédiée à la Coupe du monde.

En 2021-2022, le VAFC avait été un candidat autoproclamé au top 5 de Ligue 2 bien décevant, passant le plus clair de la saison en deuxième moitié de tableau. C’est presque un scénario inverse qu’a offert le club l’été dernier. Quelques semaines après l’annonce dans la presse de la mise en vente du club, le président Eddy Zdziech se devait de réduire la voilure sur le plan salarial. Le club s’est alors fixé l’objectif maintien avec un recrutement peu onéreux, (Berthomier, Noubissi, Buatu, Nomel, Innocenti), trop modeste au goût d’une partie des supporters, et un effectif étoffé par les signatures de contrats pros de nombreux jeunes joueurs (Aeron Zinga, Matteo Rabuel, Madou Touré, Eyram Viegbe, Yacine El Amri, etc). Le vide laissé dans le but par Lucas Chevalier, reparti à Lille après son prêt, devait être comblé par Gautier Larsonneur, prêté par Brest (Ligue 1).

Un départ inespéré

Sur le banc de touche, Valenciennes fait aussi le pari de la jeunesse et de la solution interne en nommant le coach de la réserve, Nicolas Rabuel qui devra alors mener de front sa première saison à la tête d’une équipe première en pro et la quête (réussie) de son diplôme d’entraîneur (BEPF), avec des allers-retours très fréquents vers Clairefontaine.

Et pourtant, cet attelage qu’on pourrait presque qualifier de fortune va faire plus que tenir la route en début de saison. Valenciennes est la première équipe à battre Le Havre (1-0) lors de la 2e journée de Ligue 2 et restera la seule du championnat pendant de très long mois. Les Nordistes s’avèrent imprenables au Stade du Hainaut et un beau mois d’octobre (trois victoires pour une seule défaite) propulse les Nordistes aux portes du Top 5, au coude-à-coude avec Grenoble, une autre bonne surprise du début de championnat. Au moment de la grande trêve de novembre, dédiée à la Coupe du monde, le VAFC est 6e avec une défense très solide mais une moyenne de buts marqués inférieure à un par match. Cette timidité offensive, Nicolas Rabuel en avait pleinement conscience et la recherche « d’efficience offensive » s’avérera très délicate à partir de la reprise hivernale, entre bien d’autres choses.

L’imbroglio Larsonneur

Point fort du VAFC depuis l’été 2021, le poste de gardien de but va devenir un casse-tête pour le club à partir du mercato hivernal. À l’image de Lucas Chevalier avant lui, Gautier Larsonneur remplit parfaitement son rôle dans la cage et rapporte des points miraculeux à son équipe. Seulement, l’AS Saint-Étienne, en grande difficulté avec Étienne Green et Matthieu Dreyer, va venir jeter le trouble dans les plans nordistes. « Gautier n’ira pas à Saint-Étienne et va rester à Valenciennes, il est prêté chez nous et Valenciennes a une main dessus mais elle est bien posée. C’est un prêt avec une option d’achat qu’on pourra déclencher quand on le souhaitera. À un moment donné, cette option sera levée. Après je ne peux pas tout vous dire ni pour quel prix […] Aujourd’hui, je ne pense plus que Gautier fasse partie des plans de l’AS Saint-Étienne » déclare le président Zdziech au premières heures de 2023. La suite lui donnera tort : l’appel du Chaudron est trop fort pour le gardien qui partira cinq jours plus tard pour l’ASSE.

Parti à Saint-Étienne en janvier, Gautier Larsonneur a laissé un grand vide dans la cage du VAFC (Photo by Franco Arland/Icon Sport)

Larsonneur parti, le club se trouve bien dépourvu. Numéro 2 depuis plusieurs saisons et auteurs de prestations honnêtes en Coupe de France, Hillel Konaté prend alors la relève mais l’expérience ne fera pas long feu : deux titularisations en Ligue 2 en janvier et quatre buts encaissés pour le gardien burkinabé, et surtout une prestation plus que délicate à Dijon (1-2). Les dirigeants décident alors d’aller chercher Stefan Bajic, qui cire le banc du côté de Bristol City. Ce dernier ne fera pas de miracles, contrairement à quelques-uns de ces prédécesseurs et ne terminera d’ailleurs pas la saison, supplanté par Lassana Sy, 19 ans.

La longue glissade vers la zone rouge

En ayant perdu un de ses points forts, le VAFC va lentement glisser vers les profondeurs du classement. L’invincibilité du club dans son antre du Stade du Hainaut fait office de trompe-l’œil : l’équipe récolte surtout des matchs nuls (11 à domicile cette saison, soit le plus haut total en L2 cette saison) et à l’extérieur le bilan n’est pas vraiment flatteur (16 points pris cette saison).

Début avril, la saison valenciennoise prend un tour plus qu’inquiétant. La solidité défensive et l’invincibilité à domicile volent en éclat le même soir du 1er avril contre le Paris FC avec une défaite 5-4. Une semaine plus tard, VA s’incline contre une équipe d’Annecy (1-2) réduite à dix pendant plus d’une demi-heure. Cette nouvelle déconvenue coûtera à Nicolas Rabuel sa place quelques jours plus tard. Pour la troisième fois de suite, le VAFC choisira une solution interne (Christophe Delmotte avait terminé la saison 2021-2022 avant de partir à Metz comme adjoint). Successeur de Rabuel à la tête de l’équipe réserve en N3, Ahmed Kantari prendra aussi sa suite en équipe première, pour une mission sauvetage de huit matchs.

Du talent (et un club) à revendre ?

Le sprint final réussi par Ahmed Kantari sera marqué par quelques choix forts, notamment le remplacement de Bajic par Sy, évoqué précédemment. D’autres nouvelles têtes sont installées, comme Jordan Poha, bombardé défenseur central titulaire ou encore Sofiane Boudraa et Yassine Haouari, intégrés à la rotation. Heureusement pour Valenciennes, l’équipe va également pouvoir se reposer sur quelques valeurs sûres. Arrivé en fin de mercato hivernal (prêté par Lorient), Adrian Grbic change tout en attaque, avec neuf buts inscrits en 14 apparitions. Mohamed Kaba réalise une grosse deuxième partie de saison en nettoyant quelques lucarnes (4 buts, 4 passes décisives à partir de la 19e journée). Les deux hommes seront d’ailleurs les buteurs lors d’une victoire inespérée sur la pelouse du Havre (2-0) lors de la 36e journée, permettant de réaliser un grand pas vers le maintien.

Sportivement, le VAFC s’est sauvé une saison de plus, mais pour quelles perspectives en 2023-2024 ? Adrian Grbic semble déterminé à voir plus haut et ne devrait pas prolonger son prêt. Mohamed Kaba va probablement agiter le marché, à un an de la fin de son contrat. D’autres jeunes joueurs ont réalisé une saison plus que correcte (Hamache, Boutoutaou, Diliberto, Linguet) Reste à savoir quels moyens seront mis en œuvre pour les encadrer la saison prochaine.

Alors que les interrogations fleurissent autour de la situation financière du club, y compris de la part des pouvoirs publics locaux, le président Eddy Zdziech entretient des relations conflictuelles avec la presse locale. Le rapport de la DNCG (Direction Nationale de Contrôle de Gestion) sur la saison 2021-2022 n’invitait pas à l’optimisme. L’atmosphère n’est pas non plus au beau fixe avec les supporters, qui ont récemment fustigé la politique tarifaire au Stade du Hainaut, et réclament régulièrement un changement d’actionnaire.

Le climat en interne semble tout aussi pesant qu’en externe, avec de nombreux et réguliers litiges prud’homaux qui coûtent une petite fortune au club. Après plus d’un an, la vente du club n’est pas encore concrétisée au-delà de contacts supposés avec un cimentier africain milliardaire, Aliko Dangote ou encore avec le club de Southampton, en recherche d’une filiale. Faute de nouvel élan sur le plan financier, le VAFC devra à nouveau faire avec les moyens du bord la saison prochaine, en se tournant vers son centre de formation et en restant inspiré sur les prêts de joueurs, pour espérer se sauver. Le « bricolage » risque d’être encore plus difficile à faire tenir alors qu’une nouvelle saison à quatre descentes se profile.

Photo Vincent Poyer/Icon Sport

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