Loïc d’I Sanguinari « Les CRS sont souvent plus nombreux que nous ! »

Supporter son club en Ligue 2 n’est pas toujours chose facile, surtout quand on le suit partout en déplacement. C’est le cas de Loïc, supporter inconditionnel de l’AC Ajaccio et membre actif d’I Sanguinari. Entretien avec ce passionné de l’ACA.

MaLigue2 : L’AC Ajaccio en Ligue 2, c’est l’occasion de parcourir la France… Combien de déplacements as-tu fait cette année ?

Loïc : Troyes sera mon 18ème déplacement de la saison. J’aurais bien voulu faire un grand chelem mais j’ai raté les deux déplacements en Corse ( au Gazelec et à Borgo en Coupe de France) et le déplacement à Marseille-Consolat. Les responsables de la sécurité de l’ACA m’avaient alors déconseillé d’y aller, ils avaient peur de ne pas pouvoir assurer ma sécurité.

Tu fêteras donc la montée des troyens demain ?

Troyes est l’un des deux déplacements à ne pas manquer de la saison avec Valenciennes. Tout d’abord ce n’est pas loin de Paris donc généralement I Sanguinari est nombreux à s’y déplacer. Mais surtout les gens sont sympas, le stade est beau, les supporteurs sont susceptibles à nos macagnas mais pas trop non plus. C’est bon enfant, on se retrouve avec les supporteurs troyens à la fin du match, on discute et on se dit « à l’année prochaine ». Sauf que là, on ne les reverra pas la saison prochaine… Le match de Coupe de la Ligue là-bas l’été dernier (victoire 4-1 je crois) reste le meilleur souvenir de cette saison et le match le plus abouti de l’ACA. Donc même si on ne s’attend pas à une victoire acéiste, on espère les emmerder un peu. Et puis qu’importe le résultat, on ira manger une andouillette au chaource dans le vieux Troyes après le match.

Quels sont tes souvenirs marquants ?

Des souvenirs marquants, il y en a à la pelle. Mais le plus beau déplacement est celui à Quimperlé, en 32ème de Coupe de France en 2014. On est le 5 janvier, on fait 6h de route en partant de Paris, la ville est paralysée par les inondations, il pleut à torrents, on ne sait pas si le match va se jouer jusqu’à la dernière seconde. Au final on installe notre bâche et dès cet instant on est les rois du monde ! Les filles qui s’occupaient de la buvette sont venues nous offrir gracieusement du vin chaud et du far breton. Nous étions 3 membres d’I Sanguinari entourés de dizaines de supporteurs de Quimperlé et tout s’est bien passé, l’Astérix local nous tenait même compagnie. Au final, on gagne 2-1 à l’arrachée, on sort trempé mais avec le sourire. Un vrai déplacement.

Tu te déplaces parfois en solo, parfois en groupe…comment gères-tu tout cela ?

Il arrive qu’I Sanguinari ne soit pas nombreux en parcage, en effet. Les CRS ou les mecs qui s’occupent de la sécurité sont même souvent plus nombreux que nous ! A Laval, nous n’étions que 2 par exemple. I Sanguinari est composé d’un noyau dur d’une petite dizaine de membres. Mais forcément depuis la descente en Ligue 2, c’est plus compliqué. D’une, les matchs les vendredis soirs n’arrangent personne, puisqu’il faut souvent prendre une demi-journée ou une journée au boulot, faire garder les gosses et occuper les femmes, même si cela arrive qu’elles viennent également. De deux, les matchs sont moins intéressants. Mais quoiqu’il arrive, il est très rare de se retrouver seul en parcage visiteurs. Il y a des supporteurs de l’ACA un peu partout en France donc on retrouve toujours quelques sympathisants que ce soit à Sochaux ou à Niort. Le plus gros kop cette saison, c’était à Créteil avec près de 70 supporteurs de l’ACA. Mais ça paraît bien fade par rapport aux 200 au Parc des Princes la saison dernière. Vivement que l’on remonte en Ligue 1 !

N’est ce pas trop dur de vivre l’éclate à fond lorsque la notion de groupe n’est pas là ? Et que c’est impossible de mettre de l’ambiance en tribune ?

Du moment où je me déplace, que je sois seul ou à plusieurs, l’ivresse est là. Le stress d’avant-match, l’excitation, rien ne change. Après c’est sûr qu’être tout seul avec le tambour et le mégaphone pour encourager les joueurs, ce n’est pas forcément simple…

As-tu des relations privilégiées avec les joueurs du fait de ton attachement sans bornes ?

A force de me voir à l’hôtel avant le match, dans les tribunes pendant et à leur bus après, les joueurs sont obligés de me connaître. Du coup, ils sont plus enclin à venir te dire bonjour avant le match, à t’applaudir juste avant le début et à venir te remercier et te parler après. Et même quelques fois à te donner leur maillot. Mais la relation est aussi priviliégiée avec les dirigeants et tout l’entourage du club. Nous avons la chance d’avoir des gens très sympathiques qui nous entourent : Joseph Scaglia (le DOS du club), son adjoint Cyril Vannucci et l’intendant Dédé Paccioni. Par exemple, à Créteil, ils m’ont donné la chance de monter dans le bus du club avec les joueurs pour faire le trajet entre l’hôtel et le stade. Un rare moment d’intimité. Le club nous paye également les places de match. Cette relation particulière est précieuse, nous avons la chance de soutenir un petit club familial, avec des valeurs d’amitié et de proximité. Cela ne serait pas possible avec l’OM ou le PSG.

Après 6 mois de préparation en Ligue 1 l’an passé, on s’attendait à voir le club mieux figurer cette année. En tant que supporter ajaccien, tu le voyais aussi comme ça ou tu t’attendais à une saison aussi compliquée ?

Quand on a Pedretti, Zubar et Fauvergue en Ligue 2, on peut s’attendre à faire bonne figure. Mais le premier n’a jamais trouvé son rythme, le deuxième est toujours blessé. Seul Fauvergue fait une bonne saison, au-delà des espérances des supporteurs. La remontée directe en L1 est très compliquée, on le savait. Nous vivons une saison de transition. L’ACA est toujours dans la spirale négative de l’année dernière en Ligue 1. Il suffirait de briser cette malédiction, d’enchaîner 2 ou 3 bons résultats et de repartir de l’avant. L’été qui arrive sera synonyme de grands changements, l’effectif va complètement changer. Et l’ACA pourra s’appuyer sur une mini-colonne vertébrale corse avec Lippini qui a signé et Cavalli. Il faut retrouver cette rage de vaincre, cette motivation. Cette saison, on a l’impression que l’équipe n’a plus d’âme, plus trop d’envie…

Le Gazélec qui pique votre place en Ligue 1 en fin de saison, ça la foutrait mal ?

A titre personnel, je pense que le Gaz’ ne montera pas. Ils vont bien finir par s’écrouler, non ? Et puis, si c’est pour refaire un remake d’Arles Avignon en L1, ce n’est pas la peine. Le Gazelec n’a pas les épaules pour la Ligue 1. Je dis sans doute ça pour me rassurer… Mais si le Gaz venait à monter, ce serait l’enfer pour les supporteurs de l’ACA. La moitié d’Ajaccio se moquerait de nous, on ne pourrait plus sortir en ville avec l’écharpe ou le maillot de l’ACA sans se faire macagner. Mais bon courage à eux quand même !

Crédit photos : I Sanguinari