Championnat

Bilan 2022-2023 (10/20) – ASSE, des Verts de rage puis Verts d’espoir

Huitième de Ligue 2, mais probablement champion des émotions fortes. L’AS Saint-Étienne est passée par tous les états cette saison. Après la relégation subie en juin 2022, le club est revenu de très loin, alors que la première partie de saison pouvait laisser présager d’un nouveau désastre. Meilleure attaque du championnat -et 18e défense- l’ASSE devra trouver l’équilibre la saison prochaine, pour tenter de retrouver sa place naturelle dans l’élite du football français.

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Pour bien comprendre la saison 2022-2023 des Verts, il convient de rappeler comment s’était terminée la précédente : dans le chaos. Battus aux tirs au but en barrage contre Auxerre, les joueurs de l’ASSE avaient dû fuir la pelouse de Geoffroy-Guichard, envahie par des supporters furieux. Les graves incidents qui avaient suivi avaient débouché sur trois points de pénalité et quatre matchs à huis-clos. Le soir-même, les dirigeants, par voie de communiqué, avaient laissé entrevoir une possible vente du club, restée lettre morte après l’échec des négociations avec l’Américain David Blitzer.

Incertitudes financières et sportives, dialogue rompu avec les supporters, c’est dans un contexte très difficile que Laurent Batlles, est arrivé pour reprendre l’équipe. Monté en 2021 avec Troyes, le coach a vite buté sur les limites de son effectif lors des premières journées. Des joueurs en partance à l’implication discutable (Bouanga, Neyou, Mahdi Camara). D’autres en grande difficulté à retrouver leur niveau (Green, Nadé, Maçon).

Des Verts en cristal

Côté recrues, le bilan est mitigé : si Anthony Briançon (Nîmes) s’est avéré être un patron de la défense, les autres recrues mettront un peu temps à apporter une plus-value (Lobry, Bouchouari, Pétrot, Monconduit, Wadji, Cafaro) et d’autres pèseront très peu, à l’image du contingent d’anciens Troyens (Giraudon, Chambost, Pintor) arrivés dans le sillage du coach. Fébrile défensivement, friable nerveusement (6 cartons rouges lors des sept premières journées) l’effectif stéphanois s’avère ne pas être de taille pour relever le défi de la remontée directe. Dans un Chaudron vide, les Verts touchent le fond le 20 août contre Le Havre en terminant à 8 contre 11 et battus 0-6. Dans ce marasme, un homme sort son épingle du jeu : Jean-Philippe Krasso. Prêté à Ajaccio la moitié de la saison précédente, l’attaquant ivoirien (devenu international) avait montré qu’il pouvait briller en Ligue 2. Sa saison en est l’éclatante confirmation (17 buts, 12 passes décisives) avec des performances de haut vol, même aux moments où le reste du collectif sombrait. Avant la 22e journée, l’ASSE n’était sortie qu’une seule fois de la zone de relégation.

Le style de jeu de Laurent Batlles, positif et offensif, a des intentions louables et offre quelques belles séquences mais les erreurs défensives individuelles successives sont autant de boulets aux pieds foréziens. À l’automne, l’ASSE encaisse environ un but toutes les deux frappes cadrées. Dans la cage un Étienne Green en perdition cède sa place à Matthieu Dreyer mais l’ex-Lorientais ne fera pas beaucoup mieux… jusqu’à un but inexplicablement encaissé contre Annecy fin décembre qui signera sa dernière apparition dans le groupe.

Un mercato hivernal salvateur

Alors que la situation est critique au début de l’année civile, les dirigeants stéphanois sont forcés de revoir leur copie pour la seconde moitié de saison. Au mois de janvier, après la déroute d’Annecy, le coach Batlles se voit fixer un ultimatum et sauve sa tête grâce à deux victoires contre Laval et Niort, des concurrents directs pour le maintien. Côté recrutement, les choix sont plus inspirés. Arrivé en décembre comme joker, Gaëtan Charbonnier (Auxerre) réalise de bons matchs avant de se blesser gravement. Dennis Appiah (Nantes) apporte de la fiabilité en défense, Gautier Larsonneur, cinquième gardien de la saison fait parfaitement l’affaire, dans la lignée de ses mois précédents à Valenciennes.

Enfin, et surtout, Niels Nkounkou, latéral gauche ultra-offensif explose. Prêté par Everton, le joueur de 22 ans illumine la phase retour (six buts, sept passes décisives, dans l’équipe-type ML2 de la saison). Lamine Fomba (Nîmes) et Kader Bamba (Nantes) s’intègrent dans la rotation. Seule fausse note, l’arrivée au dernier moment de Mateo Pavlovic (Rijeka) dans des conditions rocambolesques, pour ne finalement pas jouer la moindre minute.

Obligé par moments de renoncer à ses plans de départs (défense à trois) pour tenter de colmater les brèches, Laurent Batlles peut enfin composer l’équipe qu’il avait en tête avec les renforts : un 3-5-2 avec un duo Krasso-Wadji très complémentaire en attaque malgré les quelques imprécisions du second cité, tout de même auteur de 12 buts. Dans les couloirs, Nkounkou fait des étincelles à gauche mais c’est aussi le cas de Cafaro, qui semble enfin jouer libéré à droite.

Un équilibre à trouver pour l’an prochain

Après s’être tiré de la zone rouge, l’ASSE vit une fin de saison sans enjeu mais heureuse. Les Verts attaquent sans arrière-pensée et cèdent encore quelques espaces (victoires 4-2 contre QRM, 3-2 face à Guingamp, 4-2 sur la pelouse du Paris FC). Lors d’une éventuelle course au podium la saison prochaine, les Stéphanois devront peut-être apprendre à modérer leurs ardeurs pour protéger un score.

Interrogé par France Bleu Saint-Étienne Loire après le dernier match de la saison contre Valenciennes (2-0) le coordinateur sportif, Loïc Perrin dresse son bilan : « Ça reste malgré tout un bilan très mitigé, avec une très mauvaise partie de saison. Il va falloir retenir cette deuxième partie de saison et surfer sur ces bons résultats pour préparer la saison prochaine. On a décidé de lever les options de Niels (Nkounkou) et Mathieu (Cafaro) parce que l’objectif va être de monter l’année prochaine. Ils nous ont donné satisfaction. On est dans l’idée de garder l’ossature de l’équipe, pour gagner du temps, ce qui n’a pas été le cas l’an dernier où il a fallu tout reconstruire. »

Certes, l’ASSE aura de bien meilleures bases pour construire mais il faudra probablement faire sans Jean-Philippe Krasso, annoncé en Serbie. Le poste pourrait être repris par Gaëtan Charbonnier, prolongé, mais qui revient tout de même d’une rupture des ligaments croisés. Reste à savoir si, après deux mercatos bien chargés, les actionnaires Roland Romeyer et Bernard Caïazzo seront prêts à investir, et dans quelles proportions, alors qu’une frange de supporters reste hostile. « On perdra peut-être un ou deux éléments. On sera peut-être attaqués sur certains joueurs mais on se renforcera. On aura de quoi monter une équipe pour monter en Ligue 1 », assurait Loïc Perrin début juin.

Photo ©Alex Martin/FEP/Icon Sport

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