Lors de la descente de Saint-Étienne en Ligue 2, beaucoup d’observateurs du championnat étaient très attentifs au mercato des Verts. Sur le papier, les arrivées de joueurs d’expérience autour d’un entraîneur qui a déjà prouvé qu’il avait les clés pour faire monter un club dans l’élite confirmaient le statut de l’ASSE : elle serait l’une des grands favoris de ce championnat, malgré les sanctions. Mais le bilan des Verts n’est pas encore à la hauteur des espérances (2 victoires, 4 matchs nuls et 3 défaites) et empêche le club forézien de quitter la zone rouge, à cause de ses trois points de pénalités.
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Un seul homme se démarque devant
Les exploits offensifs de Saint-Étienne peuvent se résumer à un seul nom : celui de Jean-Philippe Krasso. Avec ses 7 buts et deux passes décisives, l’avant-centre passé par Ajaccio connait bien la Ligue 2 et s’y sent comme un poisson dans l’eau. Il est directement impliqué sur 56% des buts stéphanois et sur de nombreuses occasions dangereuses depuis le début de la saison. Le troisième meilleur dribbleur du championnat est un poison et fait gagner de précieux points au club relégué, même lorsque l’équipe semble un cran en dessous par rapport à ses standards (comme à Quevilly-Rouen ou à Valenciennes, par exemple). En revanche fait que Krasso brille autant démontre peut-être la nécessité pour l’attaquant de tout faire seul, ce que déplorait Laurent Batlles il y a quelques semaines, avant la dernière vague de recrues. Il en a les moyens, mais son équipe ne peut pas uniquement se reposer sur ses qualités indéniables.
Si son compère Ibrahima Wadji a déjà marqué un but, il est aussi l’un des joueurs qui gâche le plus d’occasions, avec déjà trois gros manqués sur seulement 8 tirs tentés depuis son arrivée et ses débuts pour le club, il y a trois journées de cela. Un manque de précision à rectifier pour basculer du bon côté. S’il avait été plus réaliste, son équipe serait au moins revenue avec un point du dernier match à Guingamp et n’aurait pas été aussi frustrée.
Qu’en est-il des autres solutions offensives de l’ASSE ? Les milieux de terrains sont très impliqués et se retrouvent souvent à faire des courses dans la surface ou aux abords afin de tenter leur chance de loin. Ainsi, Thomas Monconduit délivre une merveille de passe décisive pour Wadji devant le but bordelais lors de la J8. D’autres Foréziens s’illustrent comme Victor Lobry ou Louis Mouton, qui ont tous les deux marqué en dehors de la surface. Mathieu Cafaro a déjà été deux fois décisif mais pourrait prendre encore plus d’ampleur dans ce groupe en s’inspirant des bons travaux de Dylan Chambost ou de Maçon, souvent impliqués sur les actions dangereuses. Mais déployer ce vaste arsenal simultanément sur le terrain a un prix, si tout n’est pas fait tactiquement pour combler certains manques.
La parole est à la défense
Sur le plan défensif, l’ASSE a déjà concédé 36 tirs cadrés cette saison, soit le 14e pire total du championnat, mais ce n’est pas tout ! Ses gardiens ont également le pire ratio d’arrêts dans toute la Ligue 2 : seuls 55,6% des tirs cadrés sont arrêtés, alors que quatre équipes du championnat dépassent les 80%. Les portiers manquent encore de fiabilité et de confiance, à l’image des quelques erreurs commises par Étienne Green (et ses deux cartons rouges évitables), alors que les relances approximatives de Mathieu Dreyer n’ont pas non plus rassuré. Ces chiffres inquiétants sont également à mettre à l’actif d’une défense globalement passive, qui commet beaucoup de fautes (142, troisième pire total du championnat) malgré la domination des Verts dans la possession de balle la plupart du temps.
Aussi bon soit-il en se projetant vers l’avant, Yvan Maçon (déjà trois buts cette saison) ne gagne de 42% de ses duels au sol et est l’un des points faibles de l’équipe sur les côtés, malgré sa formation de défenseur. Il en va de même pour Lenny Pintor (45,45%), attaquant de métier, qui manque souvent de tranchant dans ses interventions. Sergi Palencia apporte un peu plus de garanties, tout en étant moins dangereux pour le but adverse. Un casse-tête pour Laurent Batlles, qui ne semble pas encore avoir trouvé l’équilibre.
Même si les compétences de Benjamin Bouchouari et de Dylan Chambost dans ce domaine ne sont pas les plus évidentes, le travail de Victor Lobry au milieu de terrain et une défense à trois souvent alignée devraient être suffisants pour au moins endiguer une bonne partie des contre-attaques. Mais les Verts sont finalement très fébriles sur ces phases de transition rapide. Sainté a la 2e pire défense de Ligue 2, avec 17 buts encaissés. Un de moins que Niort, bon dernier du championnat. Autrement dit, même si les buts marqués par l’équipe tirent le club vers le haut (16, troisième meilleur total), il faudra une bien meilleure étanchéité pour remonter durablement au classement et éviter de se faire peur. Car même si six de ces 17 buts ont été encaissés dans un match très particulier, avec 3 cartons rouges adressés aux Stéphanois contre Le Havre, l’équipe concède systématiquement deux buts à l’extérieur et ne peut pas se contenter de cela si elle est ambitieuse.
Sources : fbref.com / sofascore.com
Photo Alex Martin/FEP/Icon Sport