Les larmes de Laurent Batlles pour sa dernière en Ligue 2 (et à Troyes tout court ?), un match sous la tempête en hiver, les chevauchées de Kouamé, Saint-Louis ou Touzghar, l’impact de Gauthier Gallon, ou les célébrations après la victoire de champion contre Dunkerque samedi soir. Des images, les supporters de l’ESTAC en garderont plein la tête, de cette saison magnifique. Des visions qui s’impriment sur la rétine, qui restent dans les mémoires, au bout d’un exercice enivrant, rendu superbe par le jeu et l’impact de son entraîneur et ses joueurs. Oui, Troyes est champion de L2, et peut le fêter. Retour sur les moments forts de la saison du club de l’Aube, qui se lèvera en Ligue 1 la saison prochaine.
Troyes, un système en 3-3-1-3, un seul Laurent Batlles
C’est peut-être contre Valenciennes, en octobre (8e journée), qu’a eu lieu le tournant de la saison pour Troyes. Le recul est toujours mère de sûreté, et c’est c’est ce lui qui permet de poser un constat. Avec son système en 3-4-3 milieu en losange (on peut même dire 3-3-1-3, en l’occurrence), l’ESTAC trouve son rythme de croisière. Mouline, lave certains de ses adversaires, entre attaque, inventivité, et solidité. Autour de son milieu de haut niveau pour la L2 (Dingomé, Tardieu, Kouamé, plus Chambost), la machine troyenne se lance définitivement, enchaînant les victoires. Il est paradoxal de se dire que c’est un carton rouge (Salmier dans une défense à 4, à la 3e minute) contre le VAFC qui amené Laurent Batlles à conserver une organisation à 3 derrière. Une formation qui avait fonctionné tout un match, en infériorité numérique… Une certaine idée de la qualité de cette équipe, visible déjà à ce moment-là !
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Troyes prend la tête
L’ESTAC vient de remporter le titre de champion, comme tout le monde le sait. Mais le club de l’Aube n’est leader que depuis début décembre (bon, on dit ça, mais c’est énorme en fait), après une victoire, la troisième de suite, contre le Paris FC (2-1, 14e journée). Une place que Troyes ne quittera plus, même dans les coups de moins bien, creusant peu à peu son avance, sûr de sa force. Une position aussi construite entre la 5e journée (Clermont, 1-0) et la 16e (Niort, 1-0), dans le sillage d’une série où les Troyens ont été invincibles. Huit victoires, quatre nuls, terminé bonsoir.
Deux défaites qui font mal, puis un sacré sprint final
Si Troyes aurait pu craquer à un moment, ce fut bien au cœur de l’année 2021, lorsque l’ESTAC a enchaîné deux lourdes défaites, contre Nancy à domicile (1-5), dans un soir où rien n’allait, et à Amiens (3-1). Surtout, subies à la 29e et 30e journée, ces tannées auraient pu faire complètement craquer les joueurs de Laurent Batllles. Avec calme et sérénité, ils sont repartis à l’assaut de la L1, victorieux 1-0 contre Guingamp et Caen à domicile (but de Dingomé à chaque fois). Avec un nul très compliqué obtenu chez le Paris FC entre les deux (1-1, début de match superbe du PFC, rouge pour Tardieu et Batlles)… Une période pivot dans la saison troyenne, qui s’était imposé 1-0 à la 93e minute contre Ajaccio juste avant les deux défaites, grâce à un but de l’inévitable Yoann Touzghar (15 buts en L2). Des matchs remportés sur un score minimal, le genre de victoires à la Alex Ferguson qui comptent dans une saison, comme le fait de se relever vite de grosses claques.
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Quel jeu pour la Ligue 1 ?
Le chef d’œuvre de Troyes se situe peut-être lors de la 35e journée, avec la réception de Grenoble. Si l’on sent à cet instant de la saison que l’ESTAC montera probablement en Ligue 1, il reste tout de même un gros match à jouer, pour confirmer tout cela, et s’assurer une montée directe. Et bon Dieu, il est peu de dire que la confirmation viendra avec la manière. En difficulté pendant vingt minutes, Troyes déploie toute la palette de son jeu le reste de la rencontre, pour étouffer le GF63. Kouamé, Saint-Louis ou Touzghar (auteur d’un doublé) mettent au supplice l’arrière-garde iséroise. Un match brillant, qui envoie Troyes au septième ciel, au bout d’une saison fabuleuse. « Champion, mon frère ! ». Désormais, alors que Laurent Batlles va aller voguer vers d’autres cieux, subsiste une interrogation : Troyes arrivera-t-il à reproduire la même qualité de football à l’échelon supérieur ? Avec son coach, submergé par l’émotion samedi soir lors du titre et la montée, on prendrait les paris. Sans lui, cela sera peut-être plus compliqué. Quoi qu’il en soit, l’ESTAC est championne de Ligue 2, au bout d’une saison sublime, portée par ses idées. Pour la Ligue 1, ce sera une autre histoire. Mais Troyes doit profiter de la fête et des nuits qui s’ouvre à elle. L’aurore en L1 viendra bien assez tôt, dans l’Aube.
Photo : © Frederico Pestellini, Panoramic / Imago.