Depuis la sortie médiatique de Maxime Saada, président du directoire de Canal+, le football français tremble encore un peu plus. Notamment car un appel d’offres rallongera forcément le délai des prochains paiements que doit la chaîne cryptée à la LFP, et donc aux clubs. Et lancer que le produit est dévalué risque de tirer les prix vers le bas. En annonçant « restituer » son lot à la Ligue, Canal+ utilise avant tout un moyen de mettre la pression.
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« Rendre les droits, ça n’existe pas, nous précise Pierre Maes, auteur de l’ouvrage « Le business des droits TV du foot – Enquête sur une bulle explosive ». On est tenu par un contrat. La tactique qu’il semble vouloir suivre est tout simplement de ne pas payer, comme à la Mediapro. » En ligne de mire, la prochaine facture du 5 février concernant ce fameux lot 3. « A ce moment-là, la LFP n’aura pas d’autres choix que de faire un appel d’offres. »
« L’objectif sera de diviser le prix actuel par 3 »
Toujours est-il que l’on ne parle que de l’élite du foot français. Sa locomotive. Sauf que la Ligue 2 est également inquiétée. Fortement. Celle-ci est diffusée depuis le début de la saison par Mediapro (multiplex) et beIN Sports, qui dispose de 2 affiches. « Lorsque les droits ont été vendus en décembre 2018, il s’agissait d’une augmentation de 190% ! Nous sommes passés de 22 M€ à 64 M€, avec 34 M€ pour Mediapro », rappelle Pierre Maes. Selon le consultant en droits TV du foot, « Le groupe Canal+/BeIN voudra ramener le prix à ce qu’il payait avant. Leur objectif sera de diviser le prix actuel par 3… au moins ! »
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La stratégie mise sur la table pour la Ligue 1 pourrait être la même pour la Ligue 2. Même si, à l’heure actuelle, beIN Sports n’a pas annoncé son intention de « rendre » ses droits. Reste que la volonté de réaliser des économies semble logique, qui plus est « dans une situation de moindre concurrence ». Ainsi, « un danger pèse sur la Ligue 2 », confirme Pierre Maes. Il s’explique : « Si les recettes TV se compressent au niveau de la Ligue 1, tout un mécanisme de redistribution sera à revoir. Plusieurs grands clubs ont déjà parlé d’une redistribution à réévaluer ».
« La vrai question : quel sera le premier club à tomber ? »
Une redistribution moindre, de nouveaux droits qui pourraient être divisés par 3, voire davantage. Les finances des clubs de Ligue 2 vont être soumises à rude épreuve. « Financièrement, des cessations de paiement et des dépôts de bilan sont probables, cette saison et la prochaine. La vraie question est de savoir quel sera le premier club à tomber. Que ce soit Ligue 1 ou Ligue 2 », concède Pierre Maes. Et de se référer à la dernière interview en date du patron de la DNCG, Jean-Marc Mickeler : « Il disait que des faillites de clubs étaient probables. Il n’y a personne de mieux placé que lui pour être au courant de la situation financière des clubs. »
Quand on vous dit que l'économie du sport, entre autres, est au tapis : comme toute entreprise qui a perdu ses clients et ne peut que compter sur une aide extérieure, elle est en situation de dépendance extrême et aura beaucoup de mal à se relever. Les choses se précisent mais 2021 sera une année noire pour tout le monde.