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Les secrets des maillots de Ligue 2 (épisode 2/4 : Bastia, Bordeaux, Caen, Concarneau, Dunkerque)

Les couleurs et les motifs portés par les joueurs de Ligue 2 ne doivent rien au hasard. Deuxième épisode de notre série sur les tuniques du championnat. Beaucoup de bleu cette fois : logique pour des clubs proches du littoral. Même si l’explication vient parfois d’ailleurs.

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Bastia : Encore Marie ?

Créé en 1905 par un Suisse dénommé Hans Ruesch, le SC Bastia jouera dans ses premières années en bleu et blanc. Faute de terrain, le Sporting Club bastiais (nom du club jusqu’en 1962) joue en pleine ville sur la place Saint-Nicolas, avec des buts amovibles (et un lampadaire au milieu du terrain) ce qui, on s’en doute, n’était pas du goût de tout le monde, notamment parmi les générations plus anciennes. La pratique de ce sport nouveau pour l’époque sur la voie publique a même un temps fait l’objet d’un arrêté municipal au début du XXe siècle.

Le SCB en 1921 sur la place Saint-Nicolas, en short blanc (Photo ©Corsefootball.fr)

Un des pionniers du club Charles Bergassoli* explique :  « il fallait faire accepter aux parents l’usure des chaussures etc… car le vrai équipement ne vint qu’après. Et c’est peut-être la couleur du maillot (bleu et blanc) qui a calmé certains esprits. » Bleu et blanc : couleur du blason de la ville et de la Vierge Marie, déjà à l’origine des couleurs de l’AJ Auxerre. Le culte de la Vierge Marie est particulièrement fort sur l’île de Beauté. La mère de Jésus dans le culte chrétien a été officiellement sacrée « reine de Corse » en 1735 par la consulta de Corte. Le 8 septembre est même un jour férié sur l’île pour honorer sa nativité.

Contrairement à l’AJA, c’est le bleu foncé (turchinu) qui l’a emporté sur le blanc, avec l’ajout d’un liseré noir depuis 1992 après la catastrophe de Furiani.

*source : spiritu-turchinu

Bordeaux : Le scapulaire, un talisman mais pas un porte-bonheur

Plus que des couleurs, c’est un motif qui donne son identité au maillot bordelais. Le FCGB affiche sur son blason une date de fondation en 1881 mais à l’époque, « Girondins de Bordeaux » est le nom d’un club omnisports. Au menu : natation, aviron, course à pied, sports équestres, escrime… mais pas de football. Le ballon rond n’apparaît qu’en 1920 (après une première tentative avortée dix ans plus tôt) avec la création d’une section foot. Avant la saison 1920-1921, les Girondins vont absorber un autre club, l’Argus Sport et en reprendre les couleurs : Marine et Blanc.

En 1936 la section football des Girondins devient le Girondins de Bordeaux FC. En 1939 le fameux scapulaire apparaît sur les maillots, pour une raison qui reste à débattre. Plusieurs hypothèses sont avancées. La première une référence au Bec d’Ambès, point de confluence entre la Garonne et la Dordogne qui marque le début de l’estuaire de la Gironde, le fleuve et son affluent formant un « V » en se rejoignant. Deuxième théorie : la référence à… la Vierge Marie ! Le scapulaire étant un habit liturgique porté par les membres de l’ordre du Carmel. Il est également possible qu’il s’agisse d’un simple effet de mode, de nombreuses équipes de rugby à XIII portant le scapulaire dans les années 30, dans une région où l’influence du ballon ovale est forte.

Pourtant, le FCGB a fait quelques infidélités au scapulaire dans son histoire. En 1973, le motif disparaît du torse d’Alain Giresse et ses coéquipiers pour faire place à un sponsor. Les deux finiront par cohabiter.

En 1978, le scapulaire est à nouveau effacé, sous la présidence de Claude Bez. C’est sans lui que Bordeaux connaît sa période la plus faste avec les titres de champions de D1 en 1984, 1985 et 1987, avec deux Coupes de France et des demi-finales européennes les mêmes années.

Après les ennuis judiciaires du légendaire dirigeant moustachu et une rétrogradation, le club est repris par l’opticien Alain Afflelou et connaît une nouvelle période remarquable avec l’éclosion des futurs champions du monde : Zinédine Zidane, Bixente Lizarazu et Christophe Dugarry. L’équipe ira en finale de la Coupe UEFA contre le Bayern Munich (défaite 1-5 en aller-retour) toujours sans scapulaire et avec un maillot rouge (bordeaux, évidemment).

Le Bordeaux de 1995-1995 Photo ©Eric Renard / Icon Sport

Caen : Une histoire de fusion

Avant le SMC (Stade Malherbe de Caen) en 1913, il y avait le CMC (Club Malherbe Caennais) et le CSC (Club Sportif Caennais). Fondé en 1891, le CMC, lié au lycée Malherbe évolue dans une tenue noire et blanche aux rayures verticales.

Le CMC en 1912 (Photo « Malherbe 1913 »,éditions Myths (2013))

De son côté, le CSC, fondé par l’avocat Stéphane Hervieu évolue en bleu, avec de fine rayures horizontales rouge lors de la saison 1912-1913

Le CSC en 1912 (Photo ©collection Jacques Prestavoine)

Lors de la fusion, en octobre 1913, le SMC, né de la fusion des deux clubs, récupère les rayures verticales du CMC et les couleurs plus vives du CSC : un honnête compromis.

Concarneau, la ville bleue

Concarneau est surnommée « La Ville Bleue », tout simplement en lien avec l’Océan Atlantique et un port qui représente le poumon économique de la cité. Chaque année, depuis 1905, la ville du Finistère organise le Festival des Filets Bleus aux alentours du 15 août. Au programme : concerts gratuits, élection d’une « reine », défilés de bagadoù (orchestres traditionnels), fest-noz et feu d’artifice. Plus ancien festival de France, cette célébration culturelle a dans un premier temps été créée pour venir en aide aux pêcheurs et à leur famille, après une saison de mauvaise pêche. Les côtes bretonnes étaient frappées par une pénurie de sardines à partir de 1902 et les fameux filets bleus des pêcheurs revenaient bien souvent vides.

Photo ©Le Télégramme

C’est en toute logique que l’US Concarneau, créé en 1911, a adopté le bleu comme couleur principale. À l’occasion de la montée en Ligue 2, les Thoniers ont même opté pour un bleu intégral, alors qu’ils arboraient auparavant un short blanc.

Dunkerque : merci Louis XIV ?

« Contre Vents et Marées » comme devise, un dauphin sur le blason, l’autre promu de cette saison, L’USL Dunkerque est également résolument tourné vers les flots. Celui qui donna son nom au stade, Marcel-Tribut découvre le football en Écosse et fonde après son retour (1900) l’US Malo-les-Bains dans une commune limitrophe de Dunkerque. Le club pionnier fusionnera ensuite avec le Sporting Dunkerquois. La référence à Malo-les-Bains disparaîtra du nom du club en 1934.

Devenant le club de football principal de la ville, l’Union sportive Dunkerque-Malo prend logiquement les couleurs du drapeau de la ville, d’argent fascé d’azur. Comprenez trois bandes bleues sur fond blanc.

Photo ©La Voix du Nord

En octobre 1662, le roi de France, Louis XIV achète la ville à son homologue (et cousin) Charles II d’Angleterre et en fait une place fortifiée stratégique lors de conflits contre l’Espagne, les Provinces-Unis hollandaises et l’Angleterre… Entre autres nombreux belligérants. Alors que Dunkerque devient définitivement française, le Roi-Soleil honore les corsaires de la ville en leur offrant leur propre pavillon (livré sans précipitation en 1684), à l’époque une croix bleue sur fond blanc qui leur permet de se distinguer de tous les autres navires du royaume. Les navires dunkerquois gardent ce drapeau unique jusqu’en 1817, date du remplacement par le pavillon de l’arrondissement de Cherbourg, aux mêmes couleurs mais avec des bandes horizontales, dont le nombre évoluera au fil du temps.

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