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Bilan de mi-saison (8/20) : l’exemplaire rebond angevin

Un an après avoir vécu l’enfer en Ligue 1, Angers a rebondi de la plus belle des manières en s’arrogeant la première place de Ligue 2 à l’issue des matchs aller. Alors que beaucoup de conditions étaient réunies pour plonger dans la déprime, le SCO a vite entamé un cycle bien plus positif…

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Pourtant les contre-exemples effroyables ne manquent pas. Les équipes qui digèrent mal (ou pas du tout) une descente de Ligue 1 sont légion : Troyes cette saison, Saint-Étienne lors de l’exercice passé… Et que dire de Dijon et Nîmes dont la chute s’est poursuivie à moyen terme vers le National ? Pour Angers, la pente à remonter était raide, après une saison de L1 qui a vu le SCO frôler les records historiques de médiocrité (18 points en 38 journées) tout en accumulant les débordements extra-sportifs.

C’est dans ses conditions en mars 2023 qu’Alexandre Dujeux, ancien adjoint de Gérald Baticle, a eu droit à sa deuxième occasion d’exercer en tant que coach principal, après une mission maintien réussie à Tours en 2014-2015, alors que les candidats ne se bousculaient pas pour reprendre les rênes d’une équipe déjà promise à la dernière place du championnat. Faute de pouvoir accomplir un improbable miracle, le technicien s’est appliqué à finir la saison 2022-2023 la tête haute, tout en préparant la suivante, avec notamment l’intronisation de Yahia Fofana au poste de gardien de but, à la place de Paul Bernardoni, partant. Sous les ordres de Dujeux, Himad Abdelli éclot enfin, avec deux buts et deux passes décisives au mois de mai. Dans la galère d’hier, les points forts d’aujourd’hui ont pris forme.

Un mercato modeste mais un effectif équilibré

En ce qui concerne Abdelli, le voir rester au mercato a fait partie des bonnes surprises de l’été. Le milieu de terrain algérien a fait l’objet de quelques intérêts, non concrétisés. Le meneur de jeu a préféré prendre sa revanche sous le maillot du SCO alors que ses performances faisaient de lui un des rares joueurs de l’effectif à pouvoir rester en L1. La suite de la construction de l’effectif n’a pas été simple, avec une interdiction de recrutement levée par le TAS (Tribunal Arbitral du Sport) seulement à la mi-juin, les départs des joueurs les plus « bankables » (Bentaleb, Salama, Batista Mendy) et un recrutement à bas coût dicté par des moyens financiers limités. Hormis la levée de l’option d’achat d’Ibrahima Niane, aucun transfert payant n’a été conclu dans le sens des arrivées.

La diète imposée au SCO s’est avérée bénéfique, avec l’arrivée de joueurs en fin de contrat rompus aux joutes de Ligue 2 (Ferhat, Lefort, Hanin, Lopy). Les places vacantes ont été comblées par de jeunes joueurs convaincants pour leurs premières apparitions avec en tête Jean-Mattéo Bahoya (18 ans), déjà auteur de 5 buts et deux passes décisives dans un rôle de super-sub qui lui convient à ravir. On notera aussi les apparitions dans la rotation de Justin-Noël Kalumba (18 ans), Lilian Raolisoa (23 ans) ou Guédé Nadjé (19 ans). Âgés de seulement 16 ans, Marius Courcoul et Sidiki Chérif ont eux aussi eu droit à leur premier match en pro.

Avec cet alliage d’expérience et de jeunesse, le SCO a connu un départ poussif, dans la lignée de ses matchs amicaux. Malgré deux petits points après trois journées, Angers n’a pas sombré dans la panique et a trouvé la bonne recette à force de tâtonnements. Après avoir testé plusieurs formules en début de saison, Alexandre Dujeux a progressivement renoncé à une formule à deux attaquants, Ibrahima Niane peinant à afficher le même niveau qu’un Loïs Diony en pleine renaissance. L’arrivée début septembre de Ferhat a permis à l’équipe de se fixer sur un schéma approchant plus du 4-2-3-1.

Hormis deux « accidents » (défaite 1-4 à Rodez, nul 4-4 à Pau), le SCO s’est rapidement avéré être une formation très solide, terminant meilleure défense de la phase aller. Les hommes de Dujeux sont également invaincus à domicile, avec une moyenne de 2,6 points par match à Raymond-Kopa. Offensivement, Angers n’est pas en reste avec 33 buts inscrits, des mouvements collectifs de grande qualité contre Caen (3-0) ou Troyes (4-1) pour ne citer que des matchs récents. Outre Diony et ses 10 réalisations, le danger vient de partout, avec Bahoya, Abdelli et El Melali (4 buts et deux passes chacun), Capelle, Ferhat et même Yan Valéry, un arrière droit qui monte en puissance avec trois passes décisives lors du dernier mois de compétition.

Revancharde, cohérente et convaincante dans le jeu, l’équipe du SCO fait figure de concurrent le plus sérieux au titre, au coude-à-coude avec une AJ Auxerre encore plus prolifique offensivement mais un brin moins régulière. Malgré les embûches, la reconstruction s’est opérée autour du coach Dujeux et de dirigeants dont la discrétion tranche avec le passé récent, à l’image du président délégué Teddy Kefalas. Si l’actualité judiciaire du propriétaire Saïd Chabane pourrait encore télescoper celle du club le 16 février prochain, le secteur sportif a su parfaitement se cloisonner du reste pour le moment. Après avoir pris une revanche sur eux-mêmes, les Angevins pourront alors penser à en prendre une sur la L1.

L’équipe-type (4-2-3-1) selon les temps de jeu :

Fofana – Valéry, Bamba, Hountondji, Lefort – Capelle, Lopy – Ferhat, Abdelli, El Melali- Diony

Sur le banc : Zinga (g), Bahoya, Raolisoa, Niane, Hanin, Ould Khaled, Hunou

Photo ©Dave Winter/FEP/Icon Sport

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