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Bilan 2022-2023 (17/20) – Metz, un sprint final magistral pour les rois de l’ascenseur

Au prix d’une phase retour magistrale qui a vu le club rester invaincu, le FC Metz s’est adjugé la deuxième place de Ligue 2 et une remontée directe dans l’élite. Si le club lorrain est un spécialiste de l’exercice, la mission n’avait rien d’une partie de plaisir.

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Les clubs de Saint-Étienne, Bordeaux mais aussi d’Amiens, Dijon et de Nîmes ne diront pas le contraire : on se remet pas si aisément d’une relégation de Ligue 1 en Ligue 2. L’été dernier, les Grenats se sont retrouvés devant un chantier considérable, après une 19e place en Ligue 1. Exit Frédéric Antonetti, remplacé par un revenant dans le football français, László Bölöni, une décennie après son dernier passage en France, à Lens. Ce choix « à l’ancienne » s’avérera être le bon pour remettre les troupes en ordre de marche.

L’effectif est à reconstruire avec la fin de contrat du meilleur joueur offensif, Farid Boulaya, parti à Al-Gharafa. Nombreux sont les cadres et les joueurs expérimentés qui font leurs adieux en juin 2022 : Kana-Biyik, Pajot, De Préville, Nguette, Delaine, notamment. Si Dylann Bronn est transféré en Serie A (Salernitana) et Boubacar Traoré en Premier League (Wolverhampton) quelques autres resteront, en traînant plus ou moins les pieds (Niane, Centonze, Kouyaté), ce qui ne permettra pas aux Grenats de démarrer la saison dans des conditions.

Un trimestre pour digérer la descente

« C’est vrai qu’entre les états d’âme de beaucoup de joueurs, les retours de prêts (11), ceux qui voulaient repartir, ne pas rester en Ligue 2…  On a essayé de gérer au mieux. C’est souvent le cas pour les clubs qui descendent. Ça n’a pas été facile et ça ne nous a pas permis de créer une vraie dynamique », nous confiait Pierre Dréossi lors de la trêve de la Coupe du monde. Le club est alors huitième de Ligue 2, après trois premiers mois décevants, malgré d’évidentes qualités. Le début de saison des Lorrains souffre de points bêtement perdus par trop de nervosité : le FCM termine à neuf à Laval (3-3) en août après avoir encaissé l’égalisation à la 92e minute. Contre son futur rival pour la montée, Bordeaux, Metz s’incline sans briller (0-2) au Matmut Atlantique Pire, un soir de septembre, les Messins se retrouvent… à huit contre Guingamp à Saint-Symphorien et perdent 3-6 après avoir mené 3-1 au bout d’un quart d’heure.

Malgré tout, László Bölöni impose peu à peu sa patte sur cette équipe avec quelques choix tactiques inspirés. Latéral gauche de formation, Fali Candé est replacé dans l’axe et le technicien roumain doit faire usage de toute sa force de persuasion pour convaincre ce joueur. Cette option permet notamment d’installer durablement Matthieu Udol à gauche. Devenu capitaine et enfin libéré de ses problèmes de blessures, ce dernier peut enfin exprimer toutes ses qualités sur une saison (38 matches, 3 buts, 5 passes décisives).

Place nette pour Mikautadze

Le mercato d’hiver viendra terminer le travail de reconstruction, ou de déconstruction, notamment en évacuant les derniers éléments en marge du projet. Kiki Kouyaté (Montpellier) et Fabien Centonze (Nantes) finissent par obtenir gain de cause avec des transferts vers la Ligue 1. Le second cité n’avait pas manqué d’être tancé par le coach en septembre. Un terme prématuré est mis au prêt d’Anthony Musaba (Monaco), visiblement pas heureux en Lorraine. Titulaire décevant en pointe de l’attaque en début de saison, Ibrahima Niane prend la direction d’Angers, qui retrouvera la Ligue 2 dans quelques semaines.

« Ibrahima Niane était devenu un problème, on a géré ce problème-là. On a géré Bassi (ndlr, parti au Houston Dynamo) qui ne jouait pas. On a géré financièrement pour Kouyaté, parce que l’équilibre financier d’un club est très important », exposait le directeur sportif Pierre Dréossi début février après la fin du mercato.

Outre le fait de retrouver un effectif plus homogène et plus concentré sur le projet du club, cette fenêtre de transferts hivernale aura des effets plus que bénéfique sur le plan tactique. Généralement aligné côté gauche, dans un rôle d’« attaquant intérieur », Georges Mikautadze va prendre la place d’avant-centre laissée libre par Niane. Le Franco-Géorgien déjà performant en début de saison, voit ses performances exploser avec 16 de ses 23 buts de la saison marqués lors de la phase retour et notamment un mois d’avril exceptionnel. Il écrase la concurrence au poste, composée de Lenny Joseph et de la recrue Xhuliano Skuka (Partizan Tirana) qui ne s’avèrera pas être une grande réussite (9 matchs, 0 but). Le Franco-albanais est d’ores et déjà prêté à Maribor en Slovénie pour la saison prochaine.

Rien ne sert de partir à point, Metz a couru

Dans le sillage de Mikautadze, l’équipe est inarrêtable lors de la deuxième partie de saison. Les Grenats sont même restés invaincus de la 14e journée (victoire contre l’ASSE 3-2, le 7 novembre) à la 38e et dernière journée. Parmi les autres choix gagnants de László Bölöni, on peut également noter la confiance accordée à l’international haïtien Danley Jean Jacques, promu de l’équipe réserve, pas toujours convaincant en début de saison mais qui a fini par s’imposer aux côtés de Kevin N’Doram au milieu.

« Il a fait un travail formidable, se réjouit le président Bernard Serin au sujet de son coach, un travail de restauration d’un esprit collectif, d’émergence de jeunes joueurs, d’amélioration de certains éléments… Il faut savoir le reconnaître et le saluer. C’est certainement grâce à lui qu’on en est là aujourd’hui. »

Lors de la 31e journée, les Grenats frappent un grand coup en battant Bordeaux 3-0 à Saint-Symphorien. Derrière Le Havre, leader inamovible, les Lorrains vont remporter le sprint pour la deuxième place, alors que Sochaux s’effondre et que les Girondins commettent un faux-pas fatal contre Annecy lors de la 37e journée.

Le FC Metz a donc réussi, une fois de plus à rebondir en remontant en L1 un an après sa relégation, ce que le club a fait en 2003, en 2007, en 2016 et en 2019 ! Avec Troyes, le club lorrain est une des formations les plus habituées aux allers-retours entre les deux premières divisions. Les Grenats connaissent par cœur les boutons de l’ascenseur et cela a pu faire la différence face aux autres relégués de l’élite. Parviendront-ils enfin à se stabiliser à l’étage supérieur à partir de la saison 2023-2024 ? Dans une Ligue 1 resserrée à 18 clubs, la mission ne sera pas aisée.

Photo Christophe Saidi/FEP/Icon Sport

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