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Ligue 2 – La première victoire de Pascal Dupraz fait renaître l’espoir d’un maintien chez les supporters de Dijon

« J’ai vraiment l’impression que quelque chose est en train de se passer. Je ne sais pas si c’est une réalité ou simplement le désespoir qui me fait parler »… Au Parc des Sports de Dijon, les supporters ont assisté le 8 avril à la première des neuf missions de Pascal Dupraz, dans l’objectif d’aller chercher un maintien encore inespéré la semaine précédente. Alors qu’Omar Daf – mis à pied à titre conservatoire par son club lundi dernier – affichait un bilan catastrophique et aurait probablement eu du mal à redresser la barre, le Haut-Savoyard est descendu de sa montagne et a permis au club de décrocher une septième victoire cette saison (1-0 contre Rodez), conférant aux Rouges le droit de remonter à la 18e place de Ligue 2.

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Photo Julien Parisot/MaLigue2

Ce premier pas réalisé dans la bonne direction pour Dijon était vecteur d’enthousiasme pour la plupart des spectateurs que nous avons rencontrés à Gaston-Gérard après ce match de la 30e journée. Et pourtant, les sentiments étaient largement divisés avant le coup d’envoi. « Un coup de comm’ » pour certains, qui doutent de réelles compétences tactiques du nouvel entraîneur. « Il avait largement les moyens de sauver Saint-Étienne l’an dernier, argumente Thierry, l’un des détracteurs de Pascal Dupraz. Il avait même droit à une deuxième chance en barrages, c’est incroyable de n’avoir pas su faire le minimum avec un club aussi grand ! Alors avec Dijon, vous pensez bien… »

L’ambiance en ce week-end pascal n’était en effet pas aux célébrations ni à l’attente d’une renaissance, mais plutôt très froide malgré le soleil couchant sur la Bourgogne. En cause : une affluence très timide (6850 spectateurs d’après le club) dans un stade plus de deux fois plus grand et un groupe de supporters principal en sommeil suite à un événement extrasportif. Pas de quoi permettre aux joueurs de se transcender sur la pelouse, ils vont devoir faire le travail seuls. Malgré des premières minutes assez encourageantes et une reprise de volée de Le Bihan dégagée sur sa ligne par Danger (15e), les Dijonnais retombent dans leurs travers, concèdent trop de fautes et voient Boma toucher leur barre transversale sur un bon centre de Boissier (31e). Sur le banc de touche, Pascal Dupraz (qui a laissé ses adjoints s’occuper de l’échauffement) est omniprésent et trépigne, debout en permanence, donnant de la voix et lâchant des encouragements qui résonnent fort dans une enceinte où l’ambiance n’est pas au rendez-vous.

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La mine déconfite, Pascal Dupraz croit assister au premier but de sa nouvelle équipe avant de voir le ballon repoussé sur la ligne.

« Vous voyez du changement, vous ? », « Rendez-nous Omar ! », ironisent les spectateurs présents à la pause, alors que leurs favoris sont encore une fois tenus en échec et menacés par un concurrent au maintien. Comme Niort et Pau avant Rodez, qui ont réussi à gagner (0-1) sur cette même pelouse et à enfoncer davantage Dijon dans la zone rouge. Mais au milieu du public, composé majoritairement de retraités, de familles et de très jeunes footballeurs de la région, un supporter du nom de Djibril continue d’y croire. « Tu vois comment il joue Tchaouna ? Il n’a jamais autant couru depuis qu’il est là… Moi je dis, c’est un signe », confie-t-il avec un sourire en coin.

Longtemps restés au vestiaire, contrairement aux visiteurs qui sont déjà sur la pelouse depuis de longues secondes, les Bourguignons ressortent avec de meilleures intentions. Que s’est-il passé pendant ces quinze minutes ? « Il a bien dû leur remonter les bretelles », se marrent certains, dépités par les nombreux scénarios défavorables observés par le passé. Quoi qu’il en soit, le coach n’abandonne pas et, malgré quelques occasions ruthénoises, harangue ses troupes et vit le match comme s’il avait commencé à supporter le club il y a 20 ans de cela. La marque de fabrique de Dupraz, qui est encore souvent raillé pour l’attachement fort qu’il montre aux clubs par lesquels il a pu passer. « C’est un acteur, rien de plus, affirme à nouveau Thierry. C’est que du cinéma avec lui mais pas de bol, on n’a pas prévu de reportage ni de documentaire ici (rires) ! »D’une manière générale, Dijon ne fait pas vraiment rêver et est bien loin de ses années avec Olivier Dall’Oglio. Le club était alors loué pour son jeu léché et décomplexé, même en Ligue 1.

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Mais la star du show, malgré les premiers pas de Dupraz dans son nouvel uniforme dijonnais, n’était pas l’entraîneur mais bien un joueur : Mickaël Le Bihan ! Malchanceux en début de partie, l’avant-centre multiplie les occasions pour ses partenaires et s’appuie sur un Loum Tchaouna (qui venait de rater un but ouvert à la 69e) très remuant. L’ailier prêté par Rennes sert le numéro 8 sur un plateau au premier poteau et lui permet de marquer de la tête le seul but de la rencontre (1-0, 75e). Le stade se soulève comme un seul homme et, alors qu’un match nul contre une équipe à leur portée aurait sans doute signé l’arrêt de mort des Dijonnais en Ligue 2, commence à y croire. Mickaël Le Bihan aussi, lui qui ne compte pas ses efforts et qui finit la partie avec les deux mains sur les rotules, exténué.

Le changement le plus radical est peut-être cette possession haute et cette monopolisation du ballon par des Côte-d’Oriens visiblement confiants et unis, qui se jettent dans les bras des uns et des autres après avoir réussi à conserver un score favorable (la victoire leur avait échappé à Caen mais aussi à Niort et à Amiens même après avoir marqué les premiers). Visiblement épuisés, les joueurs sur la pelouse donnent le sentiment d’être soulagés mais surtout d’y croire, alors que rien n’est encore fait puisque le DFCO compte encore quatre points de retard sur les non relégables, malgré les défaites de tous les concurrents directs ce samedi ! Mais un vent de fraîcheur convertit les plus réfractaires et pessimistes des supporters, quand ces derniers voient leurs héros répondre à l’euphorie d’un Dupraz aux anges, qui aurait difficilement pu faire mieux pour son intronisation.

« C’est vrai qu’on n’avait pas vu ces scènes depuis un bout de temps, concède alors notre voisin de stade. Le chemin est encore long mais allez savoir, il est peut-être capable de refaire le coup du TéFéCé ». « Même une horloge cassée donne l’heure deux fois dans la journée », lance un autre pour amuser la galerie. Mais globalement, les fans reprennent espoir avec certains joueurs qui montrent un tout autre visage et un discours radicalement différent de son prédécesseur, très fermé et secret au sujet du fameux travail dans lequel il aime se réfugier. Désireux de courtiser la presse et de la rallier à sa cause, Dupraz déballe encore un discours fédérateur tout en parlant de ce qu’il avait pu mettre en place en seulement une semaine pour enrayer les plans de ses adversaires. Une stratégie qui a porté ses fruits, surtout auprès des amoureux du club qui espèrent enfin vivre de jours meilleurs.

« Elle est laborieuse mais qu’elle fait du bien. Avec les résultats favorables pour nous, on est pas encore mort. Bravo à toute l’équipe » ; « Hé bien voilà, il est jamais trop tard pour bien faire… Restons humbles et positifs ! C’est tout un club qui joue sa survie. On en veut encore ! » ; « Dans le jeu c’était mieux et surtout L’ENVIE ! BRAVO LES GARS ! » : les réseaux sociaux du club dijonnais regorgent de commentaires positifs et encourageants, par ces mêmes personnes qui n’y croyaient plus le dimanche précédent. Tout comme Thierry, que l’on retrouve à la sortie du stade : « Vous savez quoi ? Ils me font ch*** ceux-là, je vais recommencer à y croire… En tout cas, on a vu du foot pour la première fois depuis longtemps en deuxième mi-temps ! »

Rien n’indique que Pascal Dupraz parviendra encore à décrocher un maintien assez improbable avec sa nouvelle équipe, ni même que le soufflé ne retombera pas dès le week-end prochain à QRM (qui vient de battre Caen 2-1). Surtout que le DFCO est malheureusement connu pour être la pire équipe de Ligue 2 à l’extérieur, avec seulement 6 points glanés en 14 journées. Pour parler d’« effet Dupraz », il faudra donc encore patienter. Mais redonner le sourire et rendre impatiente tout une communauté qui avait déjà baissé les bras est déjà un petit succès.

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