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Entretien ML2 – Comment des supporters de Metz, Bordeaux et Sainté appréhendent le retour en L2

Certains sont des habitués et sont comme chez eux en Ligue 2. D’autres ont connu brièvement le championnat au début des années 2000, une anomalie déjà à l’époque. Pour les derniers, une saison en deuxième division n’est qu’un lointain souvenir, un phénomène qui ne s’est produit qu’une seule fois (à cause de problèmes financiers) en plus de trente ans. La rédaction de Let’s Go Metz, celle de Peuple Vert mais aussi Yon Ecenarro (journaliste, animateur et consultant pour France Bleu Gironde) ont répondu à nos questions avant de débuter cette saison particulière. L’occasion de tourner la page après une année très décevante sur le plan du football.

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ML2 : Vous attendiez-vous à voir votre équipe figurer parmi les trois derniers de Ligue 1 avant le début de la saison ?

Yon Ecenarro (Bordeaux) : Autant je n’attendais pas la Ligue des Champions en fin de saison, autant finir lanterne rouge de L1, jamais je ne me le serais imaginé en juillet. Un bon ventre mou, oui, mais pas une relégation […]. Il y a eu tellement de choses incompatibles à la pratique sereine que requiert le sport de haut niveau, qu’on n’aurait pas assez de temps pour les énumérer.

Let’s Go Metz : Le FC Metz et la Ligue 2 c’est une grande histoire d’amour. Surtout ces 20 dernières années. Si l’on regarde de plus près, il y a un an et demi, la fin de saison du FC Metz n’est pas loin d’être catastrophique. Frédéric Antonetti avait évoqué une « cassure ». A ce moment-là on ne pensait pas être aussi proche du néant. Et avec le FC Metz, on n’est jamais trop loin de la relégation, ce n’est donc pas une surprise.

Peuple Vert (Saint-Étienne) : Voilà 3 ans que nous nous voyons doucement mais sûrement glisser des équipes prétendantes aux places d’honneur vers celles qui luttent pour le maintien. Nous nous attendions à une saison galère à plus d’un titre : des finances limitées et une politique de recrutement austère. Nous perdons à l’automne 2021 Fofana qui formera bientôt un duo avec Saliba en équipe de France. Ce fut un vrai coup dur mais inéluctable. De plus, notre club vit dans l’incertitude d’une vente depuis des mois pour ne pas dire des années… Le passage de Puel fut compliqué… et puis la gouvernance du club a montré trop d’instabilité.

Quel est votre ressenti sur l’état actuel de votre club ?

P.V : A ce jour, la refonte est engagée et elle est nécessaire. Depuis le départ de Christophe Galtier, le club vit dans l’instabilité. Laurent Batlles vient de signer. C’est une excellente nouvelle. C’est certainement la meilleure depuis des mois. C’est un profil à la Galtier, un bâtisseur, un travailleur et un adepte du beau jeu. Il a également du caractère. C’est celui qui semble être en capacité d’installer un nouveau cycle à l’ASSE. Le club va perdre 14 joueurs en fin de contrat en juin plus ceux qui seront vendus. Près de 20 joueurs vont partir ! La refonte est inéluctable […] ! La tristesse et la déception se sont transformées en haine. Vous savez, on dit toujours que les extrêmes ne sont jamais éloignées l’une de l’autre… Personne ne souhaitait ces débordements. Ils vont coûter cher au club et l’idéal serait de pouvoir identifier ceux qui sont fautifs. Là, c’est tout un club qui va payer avec peut-être des points de retrait et un stade à huis-clos. On ne peut pas aimer le club et lui faire endurer cela. Chacun doit faire son mea culpa : les dirigeants, le staff, les joueurs et… les supporters. 

L.G.M. : Ce que l’on vit en ce moment au FC Metz, cela ressemble surtout à une fin de cycle. Pour espérer jouer la montée, il faudrait beaucoup de changements, sur le terrain et en dehors. Que ce soit à la présidence, à la direction sportive ou dans le staff, il faut du mouvement, du renouveau. Et si les hommes ne changent pas, il faudra au moins changer de cap et de politique sportive.

Y.E. : L’inquiétude est d’abord financière. Car si on ne passe pas la DNCG, là, il va falloir repenser toute la stratégie de club, non pas pour gagner de l’argent, mais pour remettre à moyen/long terme le club à la place que mérite son rang sur l’échiquier du Foot français : en L1 déjà, et en Coupe d’Europe à minima. En « regagnant » déjà sa région et ça, ça va être un travail de fourmi, car le cordon ombilical avec l’Aquitaine dans un premier temps puis la Nouvelle-Aquitaine dans un second temps a été coupé depuis de nombreuses années. Et d’autres ont pris la place. Évidemment qu’on peut recruter et qu’il faut toujours regarder ce qui se fait ailleurs, dans d’autres régions, mais je trouve anormal que les Girondins de Bordeaux n’arrivent plus à attirer les meilleurs de sa région, même les plus jeunes. Et notre président, Gérard Lopez, n’a été que de passage dans ces anciens clubs, sa vision est essentiellement sur le court terme. Je serais partisan de refondre toute notre politique sportive dès la saison qui arrive. On n’est pas obligé d’attendre d’être au fond de la gamelle pour se pencher sur le sujet. Être acteur de notre destin et non pas spectateur de notre déclin en quelque sorte. 

Quel est votre avis sur la Ligue 2, que vous inspire ce championnat ?

Y.E : La L2 est un championnat âpre, beaucoup d’équipes voudront le scalp des Girondins, chaque match sera presque un match de coupe. Il faudra s’y préparer dès la première journée, être cohérents dans notre jeu, avoir des certitudes et ne pas flancher au moindre imprévu.

L.G.M : C’est devenu très compliqué et très disputé comme compétition. Tout le monde peut battre tout le monde. Mais ici on aime surtout le retour des matchs le samedi !

P.V. :  C’est un championnat de qualité. Il n’y a qu’à voir chaque année les joueurs qui y évoluent, ceux qui explosent et rejoignent l’élite française voire l’étranger. Auxerre est le parfait exemple d’une équipe qui parvient à construire un projet viable et séduisant sportivement. La Ligue 2 profite également de techniciens qui ont fait leurs preuves en France.

Est-ce que vous vous imaginez rebondir rapidement et faire partie des favoris ?

L.G.M. : Les cicatrices du dernier exercice mettront du temps à se refermer. De fait, on pourrait rester quelques années à cet échelon […]. Le public messin est un bon public. Surtout lorsque sur le terrain, les joueurs se donnent et respectent le maillot. C’est un public fidèle et surtout très courageux. Les showrunners du FC Metz ont toujours un scénario impensable à nous soumettre. Donc forcément, il y aura un peu moins de monde au stade cette année, mais les 10/12000 fidèles seront là. Et bien évidemment si en fin de saison on joue les premiers rôles avec des promesses sur le terrain et en dehors, alors Saint Symphorien se remplira de nouveau.

Y.E. : Je m’attends à une saison où il faudra être tout le contraire de cette année: forts dans les têtes et forts dans les jambes. Il faudra créer une alchimie de jeunesse et d’expérience, avec des joueurs du sérail (mais pas que), qui connaissent l’histoire du club, qui connaissent aussi les étages inférieurs du football professionnel. Il sera très difficile de remonter. Donc n’attendons pas pour commencer à bosser le sujet, à tous les niveaux du clubs, en profondeur, sinon ça sera reculer pour mieux sauter et on aura encore perdu 1 an voire plus.

P.V. : L’ASSE n’est jamais restée très longtemps à l’étage inférieur. Il faut espérer qu’elle perpétue cette bonne habitude. Selon le recrutement estival et la capacité qu’aura Laurent Batlles à faire prendre la mayonnaise, les Verts pourraient rapidement faire parler la poudre en Ligue 2. Il se pourrait que Romain Hamouma serve de guide dans un groupe qui va se découvrir. Si le club est racheté, il ne faudra pas s’attendre à ce que des dizaines de millions soient injectées. Impossible de prédire comment les choses vont tourner pour les Verts, mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il faudra rapidement comprendre qu’Annecy, le Paris FC ou Bastia ne se présenteront pas face aux Verts avec des complexes. A l’ASSE de s’adapter à un championnat où elle sera attendue de pied ferme. Le meilleur scénario serait une remontée directe en posant les bases d’un groupe qui saura survivre et progresser à l’étage supérieur. La construction du club pour les prochaines années démarre aujourd’hui. A Laurent Batlles, Loïc Perrin, Jean-François Soucasse et Samuel Rustem de poser les fondations d’une bâtisse solide. Tout le Peuple Vert y croit !

Propos recueillis par Julien Parisot

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