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Bilan Ligue 2 – Nancy : de belles paroles pour un énorme gâchis…

Le rachat de Nancy en janvier 2021 par New City Capital devait donner un nouvel élan à ce bastion historique du foot français en perte de vitesse depuis quelques années. Mais les illusions des supporters se sont envolées aussi vite que les résultats ont tourné à la catastrophe. Finalement, les seuls six bons mois des nouveaux propriétaires auront été ceux de la transition avec l’époque Jacques Rousselot. Car depuis l’été dernier, les belles paroles et les promesses de lendemains qui chantent ont laissé place au chaos et à la relégation en National 1 pour la première fois de l’histoire de l’ASNL.

« On vise les places de playoffs, et pourquoi pas la montée ». Le 19 mai dernier chez France Bleu Sud Lorraine, le président Gauthier Ganaye était à des années lumières de prédire la saison de son équipe qui allait arriver. Par le biais d’une grande campagne de communication dans les médias, le jeune dirigeant veut faire de nouveau de Nancy un club sexy. La méthode Jean-Louis Garcia qui a obtenu des résultats ? Très peu pour lui. Un seul mot prend de l’ampleur dans la bouche de Ganaye : le « gegenpressing« . Avec ça, l’ASNL doit rouler sur la Ligue 2. Pour le mener à bien, c’est l’Allemand Daniel Stendel qui est choisi. « La première raison, c’est qu’on a identifié un style de jeu précis et que Daniel est un spécialiste en la matière. La seconde, c’est qu’il est taillé pour une course à la montée. La troisième, c’est que Daniel a le profil pour réussir dans l’environnement nancéien. Ici, il y a des supporters qui sont chauds, tant mieux. Et Daniel a cette capacité à partager ses émotions avec les fans, à jouer avec le public« , expliquait Ganaye dans l’Est Républicain. Bilan ? Un flop monumental. Incapable d’emmener son groupe derrière lui et de faire comprendre ses consignes, le coach est limogé après seulement 10 journées pour un bilan de 4 nuls et 6 défaites. Il faut dire que Stendel n’a pas été aidé par ses dirigeants.

Pas trop d’investissements, et surtout des économies !

Au lieu d’investissements significatifs pour faire décoller Nancy, les premières décisions de New City Capital laissent plutôt les observateurs dubitatifs.  L’équipe féminine est par exemple rétrogradée d’office au niveau régional pour faire des économies. Aïe. L’encadrement de la masse salariale et l’interdiction de recruter à titre onéreux ne seront jamais levés par la DNCG. Aïe… Pour contourner ce problème, Nancy se sert alors allégrement de son partenaire Ostende, dont Ganaye est également le président, afin de finaliser de nombreux prêts dans le sens Belgique-France (Jung, Biron…). Bien que légales, ces méthodes intriguent. Et agacent. Très vite, un collectif de clubs se monte en Ligue 2 pour dénoncer ce système qui flirte avec la ligne rouge. Ce collectif parle à cette époque de « concurrence déloyale« , mais il est loin de se douter que l’ASNL ne représentera finalement aucune menace pour lui cette saison…

(Photo by Dave Winter/FEP/Icon Sport)

New City Capital vendait aussi le projet de la data à son arrivée. Le résultat obtenu avec ses recrues sera à l’extrême opposé du Toulouse FC… Personne n’aura réussi à s’imposer ou à amener une véritable plus-value dans ce groupe. Après Daniel Stendel, Benoît Pedretti ramène enfin un peu de sérénité et revient aux bases. Si le jeune coach, pas encore diplômé, tient majoritairement l’adhésion des joueurs, le manque de soutien de sa hiérarchie devient pesant au fil des semaines alors que le classement reste inquiétant. « Gauthier Ganaye ? Je l’ai de temps en temps au téléphone. Le plus souvent c’est par textos, avant ou après les matchs. Je l’ai rencontré deux fois à Nancy« , lâche coach Ben’ au site Fans of Nancy. Durant nos conversations, on a surtout parlé du ressenti de l’équipe, du niveau, et de ce que je pense du club car ça fait un moment que je suis à Nancy. Globalement, en dehors de ça, il n’y a pas énormément de contacts. » A la trêve hivernale, Pedretti fait le choix fort de retourner s’occuper de la réserve plutôt que de rester sur le banc des pros. Tout un symbole de la fracture qui s’opère dans ce club, où les salariés naviguent aussi à vue, sans véritable chef à bord puisque Gauthier Ganaye est très peu présent du fait de sa double casquette avec Ostende.

Une plongée inexorable vers la relégation

Dans ce marasme, Albert Cartier vient tenter la mission maintien. Remercié par Bastia-Borgo en N1 quelques mois plus tôt, l’entraîneur s’embarque de nouveau aux commandes d’une équipe en difficulté. Connu pour sa rigueur, le coach recadre tout le monde et offre quelques moments mémorables, comme une séance à 5 heures du matin en rentrant d’une fessée à Valenciennes (6-1). Jamais avare de bons mots en conférence de presse, son optimisme viendra se heurter au cruel manque de niveau de l’ASNL. La victoire éclatante contre Paris (3-0) restera comme un coup d’éclat dans les ténèbres. Le président Gauthier Ganaye s’enfonce dans le silence, autant que son équipe plonge dans les tréfonds du classement. En fin de saison, ce sont plutôt les actionnaires Paul Conway ou Chien Lee qui prennent le relais. « Nous sommes là pour travailler sur le long terme. Une descente en National ne serait pas une catastrophe industrielle pour nous. On avait intégré cette part de risques au moment de l’achat du club. Il ne faut pas oublier que l’équipe était 17e de Ligue 2 en décembre 2020 », indique ce dernier dans l’Est Républicain. Aujourd’hui, les supporters sont en rupture totale avec New City Capital, et veulent leur départ. Avec une nouvelle crainte : celle de ne pas voir l’ASNL pouvoir repartir en N1. Les belles paroles ont lassé en Lorraine. Seuls les actes seront désormais jugés.

Crédit photo : Dave Winter/Panoramic/Imago.

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