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Le Havre – La peur du vide au Stade Océane

Sixième de Ligue 2 après 26 journées, Le Havre a encore un mince espoir d’accéder aux play-offs. Pourtant, l’engouement est quasi-absent dans un Stade Océane qui peine à se remplir. 

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En reprenant le centre de Matthis Abline contre Nancy (1-0) samedi dernier, Nabil Alioui a offert au Havre Athletic Club la victoire à domicile samedi dernier lors de la 26e journée de Ligue 2. Rien de bien exceptionnel quand un candidat à l’accession à la Ligue 1 accueille la lanterne rouge, un petit événement quand le HAC n’avait plus gagné à la maison depuis le 23 octobre 2021. 12 jours plus tôt, les Ciel & Marine avait mis fin à une série de trois matchs sans marquer sur leur terrain mais la performance avait été éclipsée par la défaite contre Bastia (2-4). Les Havrais retrouvent un semblant de forme au Stade Océane, seulement la lassitude a gagné le public depuis un moment : moins de 5000 spectateurs étaient présents lors du match contre Nancy alors que les jauges sanitaires n’ont plus cours depuis plusieurs semaines.

Pour Benoît Donckele, journaliste à Paris-Normandie, le mal remonte plus profondément qu’à cette saison : « Pour moi (la série sans victoire) n’arrange pas les choses mais la premières explication, c’est que les gens se lassent, de la Ligue 2, de voir le HAC ne pas toujours jouer l’accession jusqu’au bout. Depuis que Vincent Volpe a repris le club, il y a eu cette fameuse saison où tu loupes l’accession pour un but (2015-2016)  et le fameux tour de play-off à Ajaccio (2017-2018). Sinon, tu joues soit les seconds rôles, soit tu serres un peu les fesses. Les gens en ont un petit peu marre et globalement ne voient pas quel est le projet. »

La fatigue des supporters havrais était d’ailleurs lisibles sur quelques banderoles adressées à la direction samedi : « 2015, 2016… 2022 : Vincent c’est quand la bonne année ? » ou encore « Vos ambitions, c’est comme la tempête, c’est du vent. » Benoît Donckele poursuit : « Tous les ans, comme beaucoup de présidents, Vincent Volpe annonce qu’il veut jouer l’accession et puis ça ne fonctionne pas. Chaque année, tu vends tes meilleurs gamins. Cette saison, si tu ne montes pas tu vas perdre Isaak Touré, Abdoullah Ba,  Fofana est déjà parti (Angers). Il n’y pas plus de joueurs qui partent gratuitement que dans les autres clubs formateurs, c’est un peu la tendance actuelle, qui plus est quand tu es en Ligue 2. Tu ne peux pas forcer les joueurs à prolonger. Avec Yahia Fofana, ils ont tout essayé. Une proposition digne de ce nom lui a été faite mais avec un premier contrat pro de trois ans, le club est un peu coincé. Trois ans c’est court.  »

Des tribunes vides, les caisses aussi ?

Inauguré il y a presque 10 ans, la Stade Océane est une enceinte de dimension Ligue 1 avec la 16 plus grande capacité de l’hexagone pour un stade de foot (25180 places), dépassant plusieurs clubs de l’élite (Montpellier, Reims, Troyes, Angers, Lorient). En mai dernier, sur le site officiel du club, le président Vincent Volpe en évoquait le loyer ( 1 million d’euros par an, 1,4 million en cas de montée en Ligue 1) : « Le loyer, ce n’est pas moi qui l’ai négocié. Quand je suis arrivé, il était déjà acté. En comparaison à d’autres stades en France, il est clair qu’il est hors de prix. Si on calcule le rapport entre le prix et le nombre de sièges, on paye deux fois plus cher que le Parc des Princes, et quatre, cinq, six fois plus cher qu’un stade comparable au nôtre comme celui de Toulouse par exemple. Ce n’est pas une critique, juste la réalité. […] Le bail dure jusqu’en 2032. On respectera nos engagements. »

Alors que les jauges sanitaires n’ont pas arrangé les affaires du côté de la billetterie, les sièges bleu roi (et vides) coûtent cher au club. Si la politique commerciale et tarifaire est un sujet de discorde dans d’autres clubs comme Nîmes, cela ne semble pas être un sujet du côté de la Seine-Maritime. « Il y a une offre d’abonnements qui est assez diverse et variée, explique Benoît Donckele. Au coup par coup, ce n’est pas forcément donné. Avant le Covid, ça ronchonnait un peu mais il n’y a pas eu de réelle augmentation tarifaire conséquente. Avant le Covid, on pouvait compter sur un noyau dur de 6000 spectateurs. Aujourd’hui le noyau dur c’est 4300 […] Mais je n’entends personne dire « Je n’y vais pas car c’est trop cher» ». Cette saison, le HAC proposait trois formules d’abonnement différentes à partir de 138 euros, ainsi qu’une formule « 10 matchs au choix » à partir de 123 euros.

Quid de Paul Le Guen dans ce stade Océane déserté, lui qui a connu le Parc des Princes avec le PSG et le stade Gerland de la grande époque lyonnaise ? « Il est dans un club avec de bonnes conditions, rappelle Benoît Donckeke. Il n’y a pas de pression, le président n’est pas là la moitié de l’année. Vincent Volpe est très content d’avoir Le Guen comme entraîneur en termes d’image : un ancien joueur international, un entraîneur qui a eu des résultats et qui présente bien, intelligent cultivé… Paul Le Guen ne s’est jamais plaint du peu de moyens qu’on lui donnait. Sortir des jeunes, c’est un défi qu’il aime bien. Maintenant, prendre un entraîneur comme Paul Le Guen pour finalement ne pas lui donner les moyens  de jouer l’accession, je ne vois pas l’intérêt. »

La meilleure façon de remplir à nouveau le stade serait d’envoyer un signal fort quant aux ambitions sportives : « Comme il y avait eu en 2007-2008 : tu vas chercher Christophe Revault, Nicolas Gillet, Guillaume Hoarau… Actuellement, il y a toujours le sentiment qu’on appelle le copain à Rennes ou le PSG  pour savoir s’il y a un petit jeune à se faire prêter. Ils sont très bien, (Thierno) Baldé (prêté par le Paris SG) c’est une super pioche, Ismaël Boura de Lens, c’est très bien. Matthis Abline sera très bon mais  ce n’est pas un joueur de 19 ans qui va te changer la vie quand la ligne offensive est insuffisante. »

Crédit photo ©Icon Sport

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