Samedi soir après le match de la 7e journée de Ligue 2 entre Ajaccio et Sochaux (1-0), des incidents ont éclaté entre les deux équipes dans les coulisses de François-Coty. Du côté de l’ACA, le club a porté plainte contre Christophe Diedhiou qui a ensuite été placé en garde à vue pour avoir frappé au visage un stadier. Le président Christian Leca a livré sa version des faits. La parole est désormais au directeur général de Sochaux, Samuel Laurent, qui était également sur place. Les mots du DG du FCSM pour France Bleu Belfort Montbéliard sont très forts, en parlant d’une prise d’otage du bus des joueurs après l’altercation.
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« Il y a des choses factuelles dont on peut parler, c’est d’avoir été littéralement pris en otage une heure et demie dans un bus. Et là, j’ai 30 témoins et c’est pas moi qui invente. Mais là, en l’occurrence, on était dans l’enceinte du stade. On parle de la sécurité, on parle de gens accrédités, du staff d’Ajaccio qui nous ont retenus pendant une heure et demie dans un bus, en fermant la porte, en barrant la route. Ils n’avaient aucune autorité pour le faire et en exigeant qu’on leur livre l’auteur de l’échauffourée et qu’il sorte du bus. C’est-à-dire Chris Diédhiou. C’est une véritable situation de prise d’otage. Jusqu’à ce que les forces de l’ordre interviennent qu’ils ne souhaitaient pas voir intervenir. On a été menacés. Tous, menacés de se faire ouvrir le crâne, menacés de se faire égorger, etc. par des gens qu’on ne connaissait pas. Alors écoutez ça, c’est factuel, des faits que tout le monde peut corroborer. Ensuite, savoir qui a commencé, à chercher ce qui s’est passé, la justice s’en occupe (…). Alors maintenant, je pense qu’il est opportun de se poser la question que personne n’ose se poser dans le football alors que tout le monde la connaît, tout le monde en parle. De savoir s’il est encore opportun de se déplacer dans un club comme Ajaccio parce qu’on n’a pas de sécurité à Ajaccio. »
« Christophe Diedhiou a été vu frappé »
Samuel Laurent, directeur général exécutif de Sochaux, est revenu pour MaLigue2.fr sur le fâcheux épisode face à l’AC Ajaccio (0-1). Sur la garde à vue de Christophe Diedhiou, et sur ce qu’il qualifie de prise d’otage.
« Ajaccio est amateur d’un certain sensationnalisme… C’est le choc des photos. Ajaccio a eu un blessé spectaculaire et s’érige en victime. Je ne veux pas rentrer dans la désignation du coupable. L’affaire est instruite par la justice. Nous avons des vidéos. Enfin, j’ose espérer qu’il y a des vidéos. S’il n’y en a pas, ce serait un grave manquement de règles de sécurité d’un stade. Le fait est que nous avons été pris en otage pendant une heure et demi. Des gens ont empêché notre bus de partir. Ils nous ont enfermés, en refusant de nous laisser sortir tant qu’on ne leur livrait pas Christophe Diedhiou. Nous avons été pris en otage par des gens non détenteurs de l’ordre public. Plus grave, encore, ce ne fut pas des supporters en folie, mais es personnes accréditées. Un espèce de gloubi-boulga de gens de la sécurité, de la direction, du service… Des gens accrédités par le club. C’est terriblement grave. Que des gens puissent faire ça alors qu’ils sont accrédités par la même Ligue que nous, ça me pose problème.
Il y a un sérieux problème avec la sécurité à Ajaccio. Tous les clubs de football le savent. On m’en parle depuis deux ans. Je le savais, mais je ne pensais pas que c’était à ce niveau. Il a fallu que je le constate par moi-même. Force est de reconnaître que parmi la légende urbaine qui court dans le monde du football sur Ajaccio, rien n’est exagéré. Nous sommes dans des situations d’insécurité pour les équipes. C’est inadmissible.
Chris Diedhiou a aussi été frappé. Il a porté plainte contre le stadier avec son nez cassé. Surtout, les coups reçus ont été constatés à l’hôpital pendant sa garde à vue. Christophe Diedhiou a été vu frappé. Sa blessure a été constatée. C’est très facile de se victimiser comme ils savent si bien le faire. Quelle indécence… Je pèse mes mots. Quelle indécence de la part de Christian Leca, le président du club, qui va dire que nous prenons les Ajacciens pour des terroristes. J’ai passé quatre ans en Irak, en Libye. Quand j’entends qu’on se permet ce genre de chose, ça me donne envie de vomir. Un peu de décence.
De son côté, le moral de Christophe Diedhiou est très bon. Il est conscient de ce qu’il s’est passé et regrette son geste. Si je n’avais pas été présent, l’acte en lui-même aurait mérité une sanction exemplaire. Mais l’équipe a vu ce qu’il s’est passé. J’étais présent. Nous étions avec lui. Il sait qu’il est soutenu, encadré. Il sait qu’il a commis une erreur, car un coup ne se justifie pas. Il sera sûrement sanctionné par la Ligue. De leur côté, les forces de police ont été formidables de A à Z. D’ailleurs, si Monsieur Leca explique qu’on a refusé de faire sortir le joueur…c’est un mensonge. Nous avons fait un échange sur la route, et Christophe Diedhiou a été récupéré par l’OPJ à ce moment-là. Nous avons donc bien obtempéré contrairement à ce qui a pu être dit. Nous avons eu de très bons contacts, chaleureux, cordiaux avec les forces de l’ordre.
Tout le monde s’est exprimé sur le sujet au sein du vestiaire. Il y avait des ressentis à écouter. Tout le monde a pris la parole. Nous avons tourné la page avec les joueurs. Ce n’est pas un événement traumatique. Nous avons parfois envie de survendre l’événement. Il n’y a pas eu de bagarre générale. On reprend la saison. Il y a eu de grands moments de solidarité dans cet épisode. »
« Un jour, il y aura un mort »
Et de se tourner vers le futur. Quelles sont les attentes du DG sochalien ? Elles sont un peu utopiques, comme il le reconnaît lui-même : « Si je dois être très utopique, j’espère n’avoir plus à jouer dans un environnement aussi délétère que celui qui a prévalu à Ajaccio. Il faudrait faire un audit des personnes de la sécurité à Ajaccio. Cette sécurité n’est pas aux normes. Le directeur de la sécurité doit être remplacé. Les gens de la sécurité aussi. Avec ma modeste expérience, je vois nos stadiers, ceux des autres clubs. Tous les stadiers sont professionnels, neutres. Là, on a filé des manettes à des Ultras. C’est comme si nous donnions à un groupe de supporters les manettes de la sécurité. Il faudrait que ça change, car je ne veux pas remettre en jeu la vie de mes joueurs l’an prochain. Idéalement, j’aurais aimé que quelque chose soit entreprise au niveau de la Ligue. Un jour, il y aura un mort. C’est une évidence. Il y aura la bagarre de trop, le coup mal porté, un caillassage… On ne peut pas laisser les choses en l’état. Nous allons voir ce que nous pouvons faire. Rien ne peut excuser ce genre de chose. Je suis désolé pour le stadier, mais un stadier qui commence à taper un mec d’1,95m dans le dos… »