Souvent, le début de chemin ne ressemble pas à sa fin, ni même à sa moitié, surtout en football. D’autres fois, il est coutume de dire que le voyage importe peu, que c’est la destination qui compte. A moins que ça ne soit l’inverse, pour reprendre l’écrivain Jack London jusqu’au bout. Ce qui est certain, c’est que la saison de Ligue 2 de Niort n’aura ressemblé à aucune autre. D’une place de leader à la 5e journée, en passant par un championnat réussi à mi-saison (11e à la trêve), jusqu’à une place de barragiste tombée sur les cornes des Chamois à la dernière journée. Et bien entendu ces deux matchs pour se sauver en Ligue 2 contre Villefranche. Oui, l’année de Niort fut sinueuse, en forme de montagnes russes, bien engagée et bien finie, mais tendue et pleine de suspens pendant longtemps. Une saison qui expose au final toute la beauté et l’incertitude du sport. Le Chamois évoluera en Ligue 2 l’an prochain, après avoir emprunté des cols où il aurait pu chuter, voici le retour sur son exercice 2020/2021.
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Il suffisait de voir la joie des joueurs et de leur entraîneur Sébastien Desabre, samedi soir, après la victoire contre Villefranche en barrages, pour comprendre l’importance d’un maintien en Ligue 2. L’importance d’une délivrance, d’une joie qui peut s’échapper, enfin, au bout d’une saison épuisante, éreintante, mais aussi fantastique. La sortie de Bryan Passi, métaphorique et chambreuse, voulait dire beaucoup de choses, et de ses propos, la comparaison du monde animal est démonstratrice de l’année écoulée. Oui, les Chamois ont mangé du tigre, après avoir avalé des couleuvres, s’être brisé les pattes sur les flancs de la montagne Ligue 2, ou la pierre qui a parsemé le chemin vers le maintien. Alors aujourd’hui, les Niortais vont pouvoir se reposer, mais le recul indique que tout aurait pu basculer dans l’autre sens. Huit matchs sans victoire pour finir en L2, une avance sur la zone de relégation qui avait fondu comme neige au soleil entre janvier et mai, pour amener le club en barrages… Et un match aller où le Tigre caladois avait -pour le coup- dégusté les errances et les doutes chamois avec délectation. Niort finit la tête haute, mais n’est pas passé loin de la catastrophe, et de la chute.
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Pas passés loin de la chute, les Chamois avaient pourtant tout d’un candidat serein au maintien
Un paradoxe, au regard de l’effectif niortais, et quand on analyse la performance du match retour contre Villefranche (2-0). Une forme de gâchis aussi, tant l’intensité et la qualité de jeu furent présentes dans cette rencontre, jusqu’aux deux buts libérateurs en fin de match de Lebeau et Kemen. Les deux manches de ce barrage sont le révélateur parfait de la saison de Niort. Apathiques et subissant les événements toute une étape, plein d’allant, d’envie et de détermination la seconde. Sur la route du maintien en Ligue 2, des éléments de la qualité d’Olivier Kemen, Pape Ibnou Ba (14 buts, 5e buteur de L2), ou encore Valentin Jacob doivent laisser des regrets -relatifs- à leur coach et au club, tant leur niveau aurait pu et dû permettre aux Chamois d’assurer tranquillement le maintien plus tôt. Le milieu de terrain formé à l’OL (Kemen) n’a que 24 ans, et nul doute que son potentiel devrait attirer un club qui vise la montée sous peu. Jacob est sur le départ pour Dijon, et pour le reste de l’effectif, les questions se poseront en temps voulu.
Au final, c’est le même type de constat qui accompagne des formations comme Châteauroux ou Caen qui s’incrustent dans les pas et les empreintes des bovidés. Celui d’un écart entre ce qu’il était possible de réaliser, et la peur qui a imprégné la fin de saison de tout un club. La blessure du gardien Mathieu Michel n’a pas aidé certes, tout comme la malchance qui s’est invitée dans les discussions, bien trop souvent (Covid, absences, match perdu sur tapis vert, montants records touchés…). Les lacunes mentales expliquent peut-être une partie de la seconde moitié de saison. Il faudra surtout assurer le maintien le plus rapidement possible en 2021/2022. La recherche de sérénité sera primordiale. Pour la saison prochaine, le Chamois devra continuer de grimper la montagne. Tout en évitant de marcher trop près du précipice.
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