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Ligue 2 – Clermont, l’art du 9 avec du neuf

Chaque saison le même refrain se répète à Clermont. Son meilleur buteur rejoint un autre club pendant l’été grâce à son efficacité en Ligue 2. Et son remplaçant lui succède avec réussite. Le triplé de Mohamed Bayo à Valenciennes (3-1) lors de la 9e journée a montré que ce buteur formé au club a toutes les qualités pour poursuivre cette belle série des numéros 9 qui claquent en Auvergne. Mais comment expliquer cela quand d’autres formations cherchent désespérément leur avant-centre idoine ?

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Un recrutement quasi sans-faute

Tout part de là. La cellule de recrutement dirigée par Philippe Vaugeois depuis 2016 se trompe très rarement à ce poste-clé (et pour celui des gardiens également pour la petite parenthèse). Un superbe travail débuté même un peu en amont, avec les réussites d’Idriss Saadi (11 buts en 2014-2015 en une demi-saison avant une rupture des croisés), puis de Famara Diedhiou (21 buts en 2015-2016). Le premier n’avait pas la confiance de Saint-Etienne, le second de Sochaux.

Par la suite, Ludovic Ajorque va prendre le relais avec 19 buts entre 2016 et 2018. Un profil repéré dans les divisions inférieures à Luçon ou au Poiré-sur-Vie. Vient le tour de Florian Ayé, trois buts avec Auxerre avant d’exploser en Auvergne (18 buts en 2018-2019). Et enfin Adrian Grbic, sans doute la plus belle trouvaille du CF63. Pas forcément très prolifique à Altach en Autriche, le néo-Lorientais est tout simplement LA révélation de la saison 2019-2020 avec ses 17 pions en 28 matchs, et une qualité de frappe largement au-dessus de la moyenne. Le point commun entre tous ces attaquants ? Un talent intrinsèque indéniable, mais qui n’a pas su être exploité par leurs clubs précédents. C’est là ou la magie clermontoise opère.

Les convictions fortes de Pascal Gastien

Pascal Gastien est un homme de convictions. Et son truc à lui, c’est d’avoir le ballon plutôt que de courir après. Domicile ou extérieur, le CF63 ne renie jamais ses principes de jeu. Parfois, cela peut lui jouer des tours quand l’efficacité n’est pas au rendez-vous. Mais pas question pour autant de changer son fusil d’épaule. « Maintenant, les gens se sont habitués à ce que l’on créé du jeu chez nous. À tous les matchs, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. On est parti sur ce projet et on veut le mener à bien. Je suis convaincu que c’est un jeu qui doit nous permettre de gagner », confiait-il en juillet 2019 dans une interview passionnante accordée à France Football.

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Un discours toujours valable aujourd’hui. « Je suis quelqu’un qui aime surtout gagner. Quand je fais le bilan des équipes qui gagnent, en fonction des moyens et des joueurs qu’il y a, la meilleure façon d’y parvenir c’est d’essayer de jouer et d’avoir le ballon. Tout le monde n’est pas convaincu de ça, moi je le suis. On essaie d’avoir le ballon, de créer des choses, de contourner l’adversaire à travers nos déplacements, nos mouvements. C’est juste ça. » Forcément, ce contexte favorise l’éclosion des attaquants, choisis pour leurs qualités de finition, mais surtout pour leur intelligence tactique et leur faculté à se fondre dans un collectif.

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Question conviction, Pascal Gastien aime aussi laisser ses attaquants de pointe prendre confiance. Chacun a connu des périodes fastes, et des moins abouties. C’est le lot de tout le monde en Ligue 2. Pour autant, sauf blessure ou suspension, il est très rare de voir le 9 clermontois changer au fil des rencontres. Ludovic Ajorque ? 36 titularisations. Florent Ayé ? 34. Adrian Grbic ? 25 (en 28 matchs). Mohamed Bayo ? Déjà 7 en 9 matchs cette saison. Dans une ville dominée par le rugby, la pression est également moindre pour le buteur, ce poste toujours observé à la loupe et cible facile des critiques. Dans la gestion de groupe, l’attaquant remplaçant est donc en revanche quasiment utilisé exclusivement comme joker. Pas simple à vivre. Julio Donisa a fait le choix de rejoindre Le Mans en N1 par exemple cette saison après seulement une année au CF63. Embêté par des pépins physiques à la reprise, Jordan Tell devra saisir la moindre opportunité pour se montrer à son avantage cette saison, lui qui peut aussi jouer ailier grâce à sa vitesse.

Des passeurs hors-pairs

Les ailiers justement, c’est l’autre force de Clermont. Les attaquants sont abreuvés de centres, avec des latéraux modernes et offensifs incarnés par Vital N’Simba et Akim Zedadka aujourd’hui, sans oublier par le passé les Nicolas Gavory ou Jérôme Phojo. Un cran plus haut sur le terrain, le sens de la dernière passe est également une science développée au quotidien à l’entraînement. Mathias Pereira-Lage, Franck Honorat, Jason Berthomier… autant de joueurs au QI football élevé qui ont fait ou qui font le bonheur de Clermont.

Invité du Podcast n°12 de MaLigue2, Johan Gastien nous le confiait : « Certains adversaires me disent qu’ils mettraient peut-être 20 buts aussi s’ils jouaient chez nous. » Et c’est là le véritable point clé de la réussite des avant-centres : le nombre d’occasions créées par match. Forcément, il est plus facile de mettre un, deux ou trois buts dans un match avec 6 occasions. « C’est notre force collective, les attaquants ont de grosses situations à chaque match, et Momo a réussi à en mettre trois à Valenciennes mais il aurait pu en mettre deux de plus », approuve Johan Gastien. « C’est intéressant car on voit qu’il a encore une grosse marge de progression et on va pouvoir compter sur lui pour le reste de la saison. »

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