Championnat

Ligue 2 – Les matchs de barrage les plus fous depuis 2016

Les barrages d’accession de Ligue 2 sont un condensé de football, de folie. Un concentré de sport, aussi, en même temps qu’un maelstrom d’émotions. Il y a de tout, selon le point de vue où on se place… La joie des vainqueurs, bien entendu, leur soulagement, le bonheur de ceux qui accèdent à leur Graal. Et puis apparaissent vite devant nos yeux et sur les écrans de télévision la détresse, la tristesse et la déception des vaincus… Bref, les digues des possibles cèdent pendant un barrage. Tout y est envisageable, démesuré, suspendu à un fil. Alors retour sur les matchs les plus fous des derniers barrages de Ligue 2 !

A lire aussi >>Mediapro diffusera les barrages de Ligue 1 et Ligue 2 entre 2020 et 2024

Top 5 : Ajaccio-Toulouse barrage aller 2018 : délocalisé et à huis clos

Après une finale de play-off entre l’ACA et Le Havre émaillée de nombreux incidents (report, cartons rouges… A lire plus bas), le barrage aller entre Ajaccio (L2) et Toulouse (L1) est délocalisé à Montpellier. Disputé dans l’étrange ambiance de huis clos, l’aventure tourne court pour les Corses, balayés par le TFC d’un Max-Alain Gradel en grande forme. Auteur d’un superbe coup-franc pour l’ouverture du score, l’Ivoirien propulse les pensionnaires de L1 devant, pour ne plus lâcher la rencontre. 0-3 à « domicile » à La Mosson au final. Une semaine plus tard, la marche sera trop haute à remonter au Stadium pour l’ACA. Et ce sont les Violets qui resteront en Ligue 1.

Top 4 : Troyes-Lorient barrage aller 2017, Benjamin Nivet est éternel !

Les vrais héros ne portent pas de cape. C’est une formule que les supporters de Troyes (et bon nombre d’amoureux du football) peuvent accoler à l’évocation du nom de Benjamin Nivet. A 40 ans, le milieu de terrain légendaire de l’ESTAC (431 matchs…) dispute les barrages pour rejoindre la Ligue 1, contre Lorient. Le capitaine prend les choses en main, en étant déjà à l’origine de l’ouverture du score par son compère Stéphane Darbion, sur une reprise du divin chauve (pas Zidane hein, Nivet !). Mais à la 82e minute, Majeed Waris égalise pour les Merlus. Sur la dernière action, le numéro 10 troyen récupère un ballon mal repoussé côté gauche. S’avance et se ré-axe vers la surface de réparation. Frappe à l’entrée de celle-ci. Légèrement croisée, avec le petit rebond qu’il faut, le geste est parfait, la réalisation, superbe. Troyes s’impose 2-1, dans le sillage de son guide et meneur, et ira confirmer sa montée en Ligue 1 quelques jours plus tard à Lorient. « Benjamin Nivet est éternel ».

Top 3 : Ajaccio-Le Havre play-off 2018, le plus chaud…

Le match de play-off 2 entre l’AC Ajaccio et Le Havre devait se jouer à l’origine le vendredi soir. Mais à l’arrivée du bus normand au stade François Coty, quelques dizaines de « supporters » corses stoppent le véhicule. Profèrent des insultes et lancent des projectiles sur celui-ci. Le bus tombe en panne. Les joueurs et le staff du HAC n’en sortiront jamais pour jouer, et la rencontre sera reportée au dimanche. Là, le football revient enfin sur le devant de la scène. Même si la fin du match sera houleuse… Un but de Ghislain Gimbert lance ce match fou à la 17e minute, avant que Jean-Philippe Mateta ne marque le premier de ses deux buts vingt minutes plus tard. Le premier, car à 1-1, le match se termine et part en prolongations (rencontre unique, pas de retour, et ainsi pas de règle du but marqué à l’extérieur) !

Le foot voit rouge

A la 110e, la partie entre (encore une en barrages !) dans l’inédit. Sur une attaque havraise, le joueur de l’ACA, Mathieu Coutadeur, bouscule et invective l’arbitre dans la surface. Expulsion logique, mais sanction, en plus : penalty pour Le Havre ! C’est la stupeur dans les travées de Coty. Mateta transforme la sentence, et s’ensuit un début de bagarre, après que l’actuel attaquant de Mayence célèbre devant la tribune corse… Carton rouge pour le double-buteur du jour, pour son coéquipier Denys Bain, et  à l’Acéiste Joris Sainati. Bref, après un avant-match déjà pas fabuleux, la fin de rencontre bascule dans le n’importe quoi, elle aussi. Sur le plan sportif, ce match incroyable n’est pourtant pas fini. Ajaccio pousse, et finit par égaliser à la 126e minute, sur une magnifique reprise de Camara ! Dingue. Aux penaltys, le meilleur passeur de la saison (20 caviars) Zinedine Ferhat ratera son tir, et c’est l’ACA qui ira défier en barrage Toulouse… A huis-clos donc, dans un stade autre que le sien (lire ci-dessus).

Top 2 : Lens-Dijon barrage aller 2019, le volcan Bollaert

45 minutes avant le match, le stade Bollaert-Delelis est déjà plein à craquer, en feu, chantant comme si le match entrait dans ses dix dernières minutes, après un but lensois… Le Racing vient de finir sa saison en boulet de canon, a arraché ses deux play-offs dans le bruit et la fureur -pourtant à l’extérieur- au Paris FC puis à Troyes. Il a une chance inestimable de remonter en Ligue 1. Pourtant distancés au classement un mois avant, les Sang et Or ont su trouver les ressources pour aller jusqu’à défier Dijon, 18e de L1. Ils se présentent dans un cratère en fusion, lâchant toutes leurs forces dans la bataille, poussés par des supporters chauffés à blanc. Personne n’est assis en tribunes, les escaliers entres les sièges sont bondés, et il est vraisemblable qu’il y ait un peu plus que 38 223 places occupées dans Bollaert

Dijon par Kwon-O.

Mais Dijon tient son match, avec les remuants et excellents SaïdSliti, et se crée les meilleures occasions en 1ère mi-temps. Au retour des vestiaires, le RCL ouvre le score par son milieu formé à La Gaillette, Jean-Ricner Bellegarde, et les tribunes basculent alors dans l’irréel. L’ambiance est encore plus suffocante, volcanique, électrique. Cependant, les Dijonnais poussent, se montrent incisifs, dans le sillage d’un grand Wesley Saïd, et Kwon égalise à la 81e minute… Un score plutôt logique au vu de la partie, moins au vu de la fantastique atmosphère en tribunes. Mais le foot est le foot, et au retour, les Lensois seront plombés par les erreurs, que tous les supporters artésiens doivent encore avoir en tête. Qu’à cela ne tienne, Lens est un club à part, qui ne fait jamais rien comme les autres, et montera un an plus tard.

Top 1 : GFC Ajaccio-Le Mans barrage retour 2019, le ciseau sur le gong

Fou. Dingue. Irrationnel. Non, on ne décrit pas un film de David Lynch, ou des Frères Cohen. Mais bien le barrage retour Ligue 2-National de 2019, entre le Gazélec d’Ajaccio et Le Mans. Au match aller, c’est le club corse, 18e de Ligue 2, qui a disposé du résident de National, 1-2 dans la Sarthe. Le Gaz est donc en position de force au moment d’accueillir. Surtout qu’il n’est jamais aisé de s’imposer sur L’île de beauté… Mais les grands matchs de football sont parfois semblables aux grands films. Ou aux grandes tragédies : il y a des larmes, du bonheur, des retournements de situation, des vainqueurs et vaincus. Le dénouement de ce barrage restera en tout cas dans les mémoires pour tout cela. Le Mans ouvre le score à la 72e, et doit encore marquer une fois pour retrouver la Ligue 2. Mais le temps file, s’égrène, et Wesley Jobello part en contre plein Gaz pour le GFCA, s’effondre dans la surface, taclé. Penalty pour les Corses à la 92e minute. La messe semble dite pour Le Mans. L’attaquant se fait justice lui-même, mais non : Kocik s’interpose, et arrête le tir…

« D’un S, qui veut dire Soro »

Comme dans toute grande tragédie, c’est le malheur qui va alors s’abattre sur le Gazélec Ajaccio, pour ne pas avoir su saisir sa chance. A la 97e minute, les Sang et Or attaquent une dernière fois, dans une fin de match emplie de K.O et de fièvre. Côté droit, le capitaine Stéphen Vincent centre au second poteau pour Diarra, qui remet de la tête sur Mamadou Soro. L’attaquant envoie une retournée acrobatique dans le but corse, et Le Mans, en Ligue 2. Le banc sarthois explose, Soro n’en finit pas de courir sur le terrain, alpagué et poursuivi par ses coéquipiers extatiques. Comme pour Benjamin Nivet, tous les héros ne portent pas de cape masque, mais Samuel Ollivier, le commentateur de BeIn Sports, s’écrie : « Il est sorti de nulle part, et il signe ce but, d’un S qui veut dire SORO ! C’est complètement fou, c’est la Ligue 2, et c’est comme ça, tous les vendredis, et tous les samedis ! ». Un but qui envoie Le Mans au paradis, le Gazélec en enfer, le destin d’un joueur, la chute d’autres. Comme dans une grande tragédie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *