AJ Auxerre

Si fiers d’Auxerre

Au terme d’un match énorme contre Guingamp (1-0), l’AJ Auxerre s’est qualifiée pour la finale de la Coupe de France le 30 mai prochain au Stade de France. Déjà vainqueurs à quatre reprises de la compétition, l’histoire d’amour continue entre l’AJA et la Coupe.

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Fred Sama Ritanoooo, el color de mi cielo…

Non, les supporters auxerrois ne sont pas dans un rêve, mais bien dans la réalité. Lundi, la nuit a sans doute été courte, peut-être perturbée par une forme d’excitation et surtout d’impatience. Une demi-finale, contre le tenant du titre, qui évolue dans la division du dessus, et qui a joué contre le Dynamo Kiev en 16e de finale de l’Europa League…

L’En Avant Guingamp, cette véritable équipe de Coupe. Celle-là même capable de battre deux fois Rennes en finale en 2009 et 2014. La première fois alors que l’EAG était pensionnaire de Ligue 2. Un exploit passé qui a inspiré son adversaire du soir. L’AJ Auxerre n’a jamais tremblé. Enfin, si quand même un peu, n’exagérons rien, on y reviendra. Mais quelle maîtrise des événements. Quelle leçon d’engagement et de discipline infligée à une formation pourtant habituée à rencontrer plus « petit » que soi.

L’exploit était palpable dès le coup d’envoi. Bien avant même. Depuis sa descente chez nous en 2012, le stade de l’Abbé Deschamps n’avait que trop rarement eu l’occasion de s’enflammer. A peine le derby bourguignon contre le voisin Dijon. Pas une montée à jouer depuis 2012, plutôt la peur d’une nouvelle relégation même, en fin de saison dernière. Cette fois, le stade s’est mué en véritable chaudron. Au bon souvenir des ambiances contre le Real Madrid ou le Milan AC, il n’y a encore pas si longtemps que ça avec les belles soirées de Ligue des Champions en 2010…

Guingamp n’a rien compris pendant 45 minutes

Berthier, symbole de la formation auxerroise.
Berthier en avant, les pouces en arrière…

La communion a de suite pris. Grosse pression en tribunes, traduite par celle étouffante des Auxerrois sur le terrain dès l’entame. C’est bien simple, Guingamp n’a rien compris pendant 45 minutes menées à la perfection et sur un rythme dingue par des Bourguignons galvanisés. Le jeune Grégory Berthier (19 ans), totalement décomplexé, ouvrait les hostilités (10e). Samassa repoussait. Un peu plus de fébrilité en revanche chez son homologue Donovan Léon. Sur un ballon anodin en retrait, le gardien de l’AJA se faisait peur tout seul suite à un crochet raté (11e). Heureusement, il parvenait à tacler Mandanne, avant que celui-ci ne glisse le ballon au fond des filets. Le plus gros frisson de la rencontre sur un « cadeau », c’est dire la solidité affichée par le 8e de Ligue 2.

La belle histoire, c’est ensuite celle de Fred Sammaritano. Grosse blessure en début de saison. Six mois d’arrêt. Une opération du tendon d’Achille, une rééducation. Des efforts fournis et toujours le mental pour revenir encore plus déterminé. Auteur du pénalty décisif en quart de finale contre Brest (0-0, 4-2 TAB), l’ancien joueur de l’AC Ajaccio inscrivait le seul but de la rencontre. Un contrôle en pivot dans la surface, une frappe du gauche croisée impeccable, l’Abbé Deschamps pouvait exulter (1-0, 16e).

Capitaine exemplaire, Sébastien Puygrenier écœurait derrière à lui seul l’homme en forme chez les Bretons, Claudio Beauvue. A 33 ans, le Divin Chauve auxerrois prouvait une nouvelle fois, s’il le fallait encore, toute son importance en combinant impact physique et expérience capitale de ce genre de rendez-vous.

Jamais les Auxerrois n’ont douté

Diarra tente le grand pont Lêvèque.
Diarra tente le grand pont Lêvèque.

La deuxième période fut évidemment moins enlevée. L’AJA était un peu coincée entre le fait de tenir ce score et continuer d’attaquer pour faire le break. Mais les Guingampais, bien que plus présents dans la moitié de terrain bourguignonne, n’ont jamais vraiment su mettre en danger Donovan Léon. Sauf lors de cette minute de folie. Un arrêt de grande classe du numéro 30 main gauche, puis un face-à-face perdu sur le contre par Cheick Diarra devant Samassa (54e). Vient alors le temps de la fameuse questions : Auxerre ne va-t-elle pas le regretter ?

Mais jamais les Auxerrois n’ont douté. Toujours aussi généreux, les Icaunais. Parfois un peu trop. Déjà sanctionné un peu plus tôt, Jamel Ait Ben Idir laissait ses partenaires à 10 après un deuxième avertissement récolté (73e). Près de vingt minutes à tenir, on se met à imaginer le pire pour notre préférée. Mais non ! En fait, l’infériorité numérique de l’EAG n’a pas pesé.

Une dernière frayeur avec une reprise manquée de Giresse aux 6 mètres (87e), quand l’Abbé Deschamps réalisait un faux départ. Croyant au coup de sifflet final un peu trop tôt, le terrain était envahi par mégarde. A peine le temps pour tout le monde de se rasseoir qu’il fallait déjà repartir pour savourer l’exploit sur la pelouse avec les héros du soir.

Dix ans plus tard, l’AJ Auxerre renoue avec la finale de la Coupe de France. Jean-Luc Vannuchi est « fier d’être l’entraîneur de ce groupe ». MaLigue2 est fière de compter dans ses rangs un club aussi ouvert que l’AJ Auxerre. Parce que la montée en Ligue 1 est encore envisageable, cela nous ferait un petit pincement au cœur de perdre l’AJA l’année prochaine, c’est vrai. Loin de nous l’idée d’être égoïstes et de vous retenir trop longtemps. Mais avouons quand même qu’on ne serait pas contre le fait de suivre une coupe d’Europe à vos côtés la saison prochaine…

Dorian Waymel

Crédit photos : @Ajaofficiel

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