A 57 ans, Patrice Lair s’apprête à connaitre sa première expérience en tant qu’entraineur principal en Ligue 2. Pour MaLigue2, le nouveau coach des Chamois Niortais, qui s’est construit un palmarès long comme le bras dans le football féminin, revient sur le mercato, son arrivée et ses ambitions avec le club des Deux-Sèvres.
MaLigue2 : Vous avez repris avec votre groupe il y a une grosse dizaine de jours, comment se passe la reprise ?
Patrice Lair : On travaille beaucoup. On essaye de trouver la meilleure formule possible mais on est surtout sur un travail physique, en ce moment. L’aspect tactique rentre petit à petit et je me fais une idée technique des joueurs.
Ce mercredi, vous jouez votre premier match amical, contre l’UNFP FC, ça va être l’occasion de commencer à mettre en place vos principes de jeu ?
Je vais mettre en place deux équipes différentes, qui feront 45 minutes. Je vais déjà devoir faire des petits choix par rapport à mon effectif. Tout le monde ne jouera pas. Aujourd’hui, j’ai 22 joueurs et 2 gardiens donc pour ce match amical, je vais prendre 20 joueurs plus les 2 gardiens.
Je travaille déjà sur certaines choses. J’essaye de mettre en application le meilleur système possible par rapport au potentiel de mon groupe. Mon idée de jeu viendra aussi en fonction de la valeur de mes joueurs.
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Le mercato est loin d’être terminé mais il y a déjà eu pas mal de mouvements dans votre effectif. Du côté des recrues, ce sont beaucoup de jeunes joueurs qui connaissent peu la Ligue 2, vous n’avez pas peur de cette inexpérience ?
Non, je n’ai jamais peur de ce côté-là. C’est à moi de les mettre dans un contexte collectif. C’est à dire de former un groupe. J’essaye d’avoir certaines priorités comme la discipline, la rigueur. Certains sont arrivés avec un petit déficit physique. Il faut qu’ils trouvent leur rythme. C’est sûr qu’il va peut-être nous manquer une certaine expérience, à un moment. Mais il y a quelques joueurs qui sont expérimentés comme Jérémy Choplin, Laurent Agouazi, Jonathan Brison. Il y a aussi Ande Dona Ndoh, qui est un grand frère pour l’équipe. Si on a des besoins par la suite, peut-être qu’on ne gardera pas tout le monde et qu’on prendra un ou deux joueurs avec un peu plus d’expérience dans la division.
Vous pensez que le club avait besoin d’un renouveau avec votre arrivée mais aussi le départ de joueurs qui étaient là depuis longtemps ?
Peut-être. Je pense que les dirigeants avaient une idée précise sur le coach qu’ils ont pris. J’ai ma manière de travailler. S’ils m’ont pris, c’est peut-être pour changer certaines choses. Mais je vais aussi me servir des choses positives parce que, vu les installations, c’est quand même bien que le club soit toujours en Ligue 2 depuis plusieurs années. Au niveau du staff, j’ai gardé l’ossature. Au niveau médical aussi. Je pense qu’il y a des gens qui travaillent bien au quotidien à Niort.
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J’ai aussi ma méthode de travail. Ça plait ou ça ne plait pas. Ce que je veux, c’est faire progresser. Et partout où je suis passé, même si j’ai un caractère qui n’est pas facile, on reconnaît que beaucoup de joueurs ou de joueuses ont passé un cap. Et c’est le plus important. Aujourd’hui, les jeunes joueurs qui viennent tenter leur chance à Niort, j’espère les amener au plus haut niveau. C’est à dire en Ligue 1, à Niort ou ailleurs. La vie du club ici, c’est de vendre des joueurs parce qu’on n’a pas un potentiel financier énorme. Mais j’espère que ça va bouger un petit peu de côté-là aussi.
Pour revenir sur votre arrivée à Niort, pourquoi avoir choisi de retourner entrainer une équipe masculine après huit années avec des équipes féminines ?
Ça fait des années qu’on me dit que j’ai fait le tour du football féminin. J’ai eu la chance d’avoir des bonnes équipes à Montpellier, Lyon et Paris, avec lesquelles j’ai tout gagné. C’était compliqué de faire mieux. J’aurais pu continuer tranquillement dans le foot féminin en revenant à Montpellier ou à Lyon, où j’avais des propositions. Mais c’est un bon challenge. C’est une région qui fait du bien aussi. Ça me change un peu de l’atmosphère parisienne. Maintenant, il faut que j’aille au bout de mes idées et puis dans ce milieu-là, c’est toujours pareil, on comptera les points en fin de saison…
Est-ce que vous ressentiez le besoin de vous mettre en danger ?
Le confort, ce n’est jamais bon. Et puis, je pense que c’était le moment dans ma carrière. Je n’ai rien à perdre. Je me suis toujours donné des objectifs. Il faut avoir une certaine force pour l’imprégner à son groupe. Comme je leur dis souvent, je veux des gens qui travaillent, qui vont vers la performance pour progresser et qui ne lâchent rien.
Justement quels sont vos objectifs à court et à long terme avec Niort ?
Ce qui m’intéresserait, c’est d’être dans les 10 premiers. Mais pour ça, il va falloir beaucoup travailler. Ce qui me plairait bien aussi, c’est qu’on prenne beaucoup de points à la maison, pour ramener un peu plus de monde au stade et créer une certaine embellie sur la région. C’est tranquille ici mais ça serait bien qu’on fasse bouger les choses. Il y a l’exemple du Stade Rochelais en rugby à côté. Je pense qu’il y a une place à Niort pour faire quelque chose de vraiment intéressant et de ne pas jouer le maintien tous les ans. Déjà passer une saison sans regarder dans le rétroviseur, ce serait bien. Et pourquoi pas, la saison suivante avoir des ambitions plus hautes. Mais la seule façon pour créer quelque chose, ce sont les résultats.
Est-ce que c’est le fait d’avoir goûté à la victoire, avec l’Olympique Lyonnais notamment, qui vous donne ces ambitions assez élevées ?
C’est différent. Avec Lyon, j’avais la meilleure équipe d’Europe. Vous avez un devoir de résultats parce que vous avez un potentiel énorme. Aujourd’hui, je sais très bien que je ne vais pas passer une saison comme au niveau féminin, c’est à dire en gagnant pratiquement tout. Ce sera plus compliqué, il y a de grosses cylindrées. C’est à nous d’être costaud, d’être capable de créer la surprise et surtout de poser des problèmes aux clubs qui vont jouer la montée. Mais il faut garder les pieds sur terre, ce serait un rêve fou de jouer la montée. Si on finit déjà dans le top 10, ce sera un bel exploit. On va essayer d’avoir un plan de jeu, de proposer quelque chose d’intéressant à notre public, d’avoir une équipe qui ne lâche rien, qui va de l’avant. L’exemple à suivre, c’est Nîmes qui a réussi à monter de cette façon-là. Et peut-être que dans les années à venir, on pourra avoir vraiment des ambitions et aller chercher la Ligue 1. Mais il va falloir être patient.
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Propos recueillis par Clovis Canivenc
Crédit photo de Une : Chamois Niortais/Olivier Drilhon