Un soulagement palpable ressort de l’entretien réalisé avec David Cosenza. Le président du Saturday FC, plus important groupe de supporters de l’AS Nancy-Lorraine, a évoqué l’actualité nancéienne assez brulante. Il revient longuement sur une saison de Ligue 2 particulièrement délicate et évoque l’avenir : la vente du club. Rien ne permet à l’ASNL de vivre dans le calme.
MaLigue2 : David, la difficile saison s’est enfin achevée…
Elle était plus que dure… Nous avons failli vivre un moment historique avec une descente en National 1. Ce fut une saison assez rocambolesque avec notamment 4 entraîneurs…
En tribune, était-ce la débandade ? La colère ? La frustration ? L’incompréhension ? Tous ces sentiments à la fois ?
Dès la fin du premier match perdu à Orléans (1-3), nous étions rentrés dans la figure des joueurs. Car, en fait, pour nous, ce n’était pas la première journée de Ligue 2, mais la 39e de la saison précédente. Nous étions dans la continuité. Nous ne gagnions plus depuis des mois. En plus, notre président avait gardé Pablo Correa… Tout le monde avait lancé une pétition pour que le tandem Correa-Fischer (Paul, directeur sportif, Ndlr) s’en aille. Nous étions repartis dans le combat.
Une réaction qui peut paraître dure envers Pablo Correa, un entraîneur historique…
A Nancy, il y a ceux qui vivent dans le passé et ceux qui voudraient voir un peu plus loin. J’ai retenu une phrase de Jean Fernandez, lorsqu’il était coach chez nous : « Je ne comprends plus les footballeurs, plus le football, ce n’est plus celui que je connaissais. » Pour Pablo Correa, le discours était totalement usé au sein de l’ASNL. Mais il avait positionné ses hommes, donc personne ne le remettait en question. C’est pour cela qu’avec Vincent Hognon, cela n’a pas fonctionné.
Et Patrick Gabriel ?
C’est différent. Il s’agit toujours du pompier de service de la maison. Il est dans son rôle au centre de formation.
Et puis, il y a eu Didier Tholot…
C’était le kamikaze qui venait à l’ASNL. Nous avons de suite accroché à son discours. Pourquoi ? Car il rentrait un peu dans ses joueurs ! Son bilan est positif : il a sauvé la maison nancéienne.
A la fin de l’hiver, on a vu plusieurs actions dans les tribunes de Marcel Picot. Des banderoles, une grève des chants.
Nous ne nous en prenions même plus à Patrick Gabriel. Nous visions les joueurs. Vous savez, à Nancy, tout le monde se connaît. Nous savons où sortent les joueurs. Il y avait quelques exemples pas vraiment très propres. Le problème venait de certains joueurs qui ne jouaient pas forcément le jeu. Nous avons commencé les actions en décembre, en stoppant un entraînement en plein milieu. Puis, il y a eu ce match contre Reims (0-2). Nous n’avons pas chanté, laissant les joueurs face à leurs responsabilités. Ensuite, il y a eu des messages. Moins violents qu’à Lens, certes, mais un certain « Vous êtes infâmes » n’a pas plu…
Jacques Rousselot avait montré sa colère vous concernant, vous reprochant ce manque de soutien, de rendre Picot même hostile à ses joueurs.
Nous ne réagissons plus à chaud face à ses propos. Avant d’être un président, c’est un passionné de son club. Ses mots vont parfois plus vites que sa pensée. Jacques Rousselot est une personne entière. Nous nous sommes pas mal pris la tête ces 2 dernières années. Il a eu des propos durs, oui. Nous avons dû tempérer beaucoup de monde dans notre section. Oui, ces mots ne font jamais plaisir, car nous traversons la France tous les vendredis, sur nos jours de congés. Dire que l’on met une pression aux joueurs, que nous sommes des pseudos-supporters… J’ai envie de dire qu’à l’intérieur de son club, il y a des pseudos-dirigeants. Il voulait sauver son club, il l’a fait. Maintenant, les choses sont calmées.
Et puis, après cette saison sportive mouvementée, il y a l’annonce de la vente presque actée, du départ de ce président historique. Que de changements !
Depuis le mois de juin 2017, nous demandons du changement. Là, il y en a, nous n’allons pas commencer à pleurer ! Nous allons garder un oeil attentif sur ce qu’il va se passer. Il y a beaucoup d’exemples qui n’ont pas marché.
Le terme fonds d’investissement fait peur ?
Forcément. Mais il y a beaucoup de clubs qui renaissent grâce à des fonds d’investissement. Nous pouvons légitimement avoir de l’inquiétude, aujourd’hui. Cependant, nous allons sûrement écrire une nouvelle page de l’ASNL. Nous, les supporters, gardons un oeil sur l’identité du club. Cela sera notre cheval de bataille.
Encore plus avec l’absence de Jacques Rousselot ?
Je pense qu’il ne laissera pas totalement le club comme cela. Il gardera un rôle. Sans le football, le président ne vit plus. Il sera donc toujours là, en espérant que ça tourne dans le bon sens, car il reste supporter de l’ASNL.
Qu’attendez-vous des nouveaux investisseurs ?
Déjà, on ne nous a pas encore promis la Ligue des Champions dans 2 ans, donc ça va (rire). Nous espérons, dans un premier temps, la remontée la plus rapide. Cela sera sûrement la première déclaration une fois la reprise du club effective. Remonter dans un an, dans les 2 ans maximum. Et après, essayer de s’imposer en Ligue 1 et d’y rester un peu plus longtemps…
Avec un Didier Tholot qui a aujourd’hui tout votre soutien !
Il a la confiance des groupes de supporters, c’est une certitude. C’est une personne humble, totalement droite dans ses bottes, brute de décoffrage dans ses mots. Il dit ce qu’il pense. Il a du crédit, oui. Après, il sera jugé en fonction de 2 choses : ses résultats, et le derby contre Metz. Il ne faudra pas se louper.
Reverra-t-on une bonne ambiance dans un Picot décevant la saison passée ?
A Nancy, cela a toujours été bizarre. Il y a toujours eu cette sympathie envers le club malgré les descentes. Cette fois, pourtant, il y a eu une overdose des suppo…des spectateurs. Certains soirs de matchs, nous tournions à 7 000 personnes, et non à 12 000. Il y a eu un ras le bol. Picot s’est vidé au fur et à mesure. La coupe était pleine. Maintenant, nous allons tenter d’avoir 10 à 11 000 abonnés, de recréer une dynamique. Picot doit redevenir une forteresse, comme en fin de saison…