Avec seulement 17 buts encaissés en 29 rencontres de championnat, le Stade de Reims dispose de la meilleure défense de Domino’s Ligue 2. Une arrière-garde au sein de laquelle évolue l’indéboulonnable Yunis Abdelhamid. L’international marocain réalise la meilleure saison de sa carrière, et vient d’être élu meilleur joueur du mois de février sur notre site. L’occasion de faire le point avec lui avant l’entrée dans le sprint final.
MaLigue2 : Yunis, félicitations pour ce titre de joueur du mois de février, qui vient récompenser de belles performances sur le plan individuel comme collectif…
Yunis Abdelhamid : C’est vrai que le mois qui vient de s’écouler était assez exceptionnel puisque nous n’avons pas perdu (1 nul, 3 victoires). Et puis en tant que défenseur central, marquer trois buts dont un doublé… c’est quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Cette victoire au Gazélec Ajaccio où je marque deux fois (victoire 2-1), c’est mémorable. Sur le premier, le ballon atterrit sur ma tête pour égaliser. Puis sur le deuxième, je vais couper la trajectoire, et quand j’ai vu le ballon rentrer… j’étais complètement surpris (rires).
Votre efficacité offensive prouve également que le Stade de Reims est une équipe complète cette saison…
Oui, d’autant que les matchs sont de plus en plus difficiles plus la fin de saison approche. Les équipes adverses nous connaissent mieux, et c’est plus compliqué pour nos attaquants de se démarquer. On essaie de les aider du mieux possible, et c’est vrai que les coups de pied arrêtés sont déterminants. Ils font souvent basculer les rencontres, et on l’a encore vu dernièrement face à Châteauroux (4-0).
Vous avez justement encore marqué sur corner face à La Berrichonne, au point de vous blesser un peu à l’œil. Rien de grave rassurez-nous ? Et vous comptez disputer le titre de meilleur buteur du club du coup ?
C’est vrai qu’on réussit à être performant sur ces phases arrêtées. Après le match de Châteauroux, j’ai dû avoir deux points de suture au niveau de l’arcade mais ça valait le coup d’aller la chercher ! Mais bon, je laisse le soin à mes attaquants de lutter pour ce titre de meilleur buteur (rires). Je suis persuadé qu’ils vont encore pas mal en marquer d’ici la fin du championnat, même si moi aussi je vais essayer d’en mettre d’autres et de continuer à monter sur les coups de pied arrêtés, car je suis en réussite en ce moment.
« Etre leader avec autant de points, c’est fou »
Strasbourg a été sacré champion la saison dernière avec 67 points. Vous en disposez déjà de 66 après seulement 29 journées. C’est assez dingue…
On est en train de vivre une saison extraordinaire et on s’en rend compte. La Ligue 2 est vraiment très difficile, et le club l’a constaté la saison dernière par exemple. Être leader avec autant de points, c’est quelque chose de fou car on aurait dû se situer au niveau de Nîmes ou de l’AC Ajaccio en terme de points dans une saison normale. Mais on a réussi à enchaîner les victoires dans des périodes charnières, et je pense que ce gros rythme a aussi accéléré celui des concurrents. Je pense que nos poursuivants vont terminer la saison avec plus de points que les trois promus de l’année passée.
Est-ce que la L1 peut encore vous échapper ? De l’extérieur, on en a franchement pas l’impression…
Depuis le début, on a toujours pris les matchs les uns après les autres, sans se projeter sur l’avenir. Nous, on veut rester droit dans nos bottes jusqu’à la fin, et faire ce qu’on sait faire de mieux. Cette première place acquise en septembre, on a à cœur de toujours la défendre, c’est ce qu’on s’est mis en tête. Il nous faut encore quelques victoires pour franchir la barre des 70 points et assurer mathématiquement la montée. Et après, on fera tout pour être sacrés champions.
Vous recevrez le RC Lens pour la 30e journée, avec de vous déplacer à Nancy. Deux équipes en difficultés au classement, avec un rôle d’arbitre dans la lutte pour le maintien également à tenir malgré votre large avant en tête…
Quoi qu’il arrive, nous on vise la montée et eux le maintien donc il n’y a aucun raison de se relâcher. Et même si jamais on valide notre montée assez rapidement, on continuera à jouer le jeu parce qu’on ne peut pas se permettre de terminer en roue libre après un si bon départ. Contre Lens, on aura des joueurs revanchards en face après ce qu’il s’est passé devant leur public lundi (défaite 0-1 contre Bourg dans un Bollaert en colère, ndlr). Il faut toujours se méfier d’une bête blessée. Ils auront envie de montrer de quoi ils son capables face au leader et de répondre à leurs supporters. Nous, on va jouer comme d’habitude, essayer de leur mettre la pression au maximum, et de les maintenir la tête sous l’eau.
Vous avez joué deux saisons à Valenciennes. Que pensez-vous de ce qui se passe actuellement à Lille ou à Lens au niveau des supporters ?
Les supporters ont le droit d’exprimer leur mécontentement. Mais on reste des êtres humains avant tout, on a le droit à l’erreur. Après, il y a des limites à ne pas franchir, comme à Lille par exemple. Avec mon expérience dans le Nord, j’ai pu me rendre compte que c’était souvent un public très sympathique et passionné. Lens, c’est considéré comme le meilleur public de L2, voire peut-être même de France quand les choses tournent bien. Moi à Valenciennes, j’ai découvert des personnes attachantes, et je garde de très bons souvenirs de mon passage là-bas.
« J’avais besoin de m’éclater sur le terrain »
Vous aviez quitté le VAFC pour rejoindre la L1 à Dijon. Mais vous n’avez pas eu la saison passée le temps de jeu espéré, et vous avez fait le choix de redescendre d’un étage à Reims. Avec le recul, cela s’avère être un bon choix, mais sur le coup, la décision n’a pas dû être facile à prendre ?
Quand on goûte à la L1, on a forcément envie d’y rester, et c’est difficile de repartir un cran plus bas. Mais en tant que compétiteur, et quand on aime le foot, ce n’est finalement pas un problème. J’avais besoin de m’éclater sur le terrain le week-end aux côtés des gars avec qui je m’entraîne toute la semaine. Je cherchais un beau challenge, avec la possibilité de jouer la montée. Je pense qu’avec le Stade de Reims, ce choix est gagnant. Même s’il nous rester encore à valider cette accession.
Votre saison vous permet aussi de rêver d’une Coupe du monde en Russie cet été avec le Maroc. Vous y croyez ?
En tout cas, je suis en train de vivre ma meilleure saison sur le plan collectif. Je ne vis que des émotions positives, c’est exceptionnel. J’espère que le sélectionneur (Hervé Renard) suit mes prestations, et je ne lâcherai rien jusqu’à la fin de la saison pour jouer ma carte à fond. Même si je ne suis pas dans la prochaine liste, on ne sait jamais. Je vais continuer à travailler, et pourquoi pas avoir une très bonne surprise à la fin…
Propos recueillis par Dorian Waymel