A la veille du derby du Nord, nous avons pris le temps de discuter avec Jean-Ricner Bellegarde. Le tout jeune joueur artésien, formé en partie en Artois, ambitionne de renouer avec la victoire dès ce vendredi. Plus largement, le joueur a pris le temps de se confier et d’évoquer toute sa jeune carrière, pleine de promesses…
Fin juillet 2016. Sur la pelouse niortaise de René-Gaillard, Jean-Ricner Bellegarde effectue ses premiers pas comme professionnel. L’enfant de Colombes découvre la Ligue 2. Il n’a alors que 18 ans. Le milieu du RC Lens enchaîne contre Tours, pour sa première à Bollaert-Delelis (2e journée). « J’ai commencé à jouer puis j’ai disparu du circuit. J’ai eu des explications avec l’ancien coach (Alain Casanova, Ndlr). Puis, je me suis blessé. Cela a retardé mon retour. » Il entrera quelques fois en cours de match, puis loupera toute la fin de saison artésienne. « Cela m’a renforcé, forcément. J’ai vu ce qu’était le monde pro et l’écart avec les jeunes. Il y a beaucoup d’exigence. »
L’exemple de ses grands-frères
L’exigence, c’est le leitmotiv de « Jean-Jean » depuis ses débuts au CS Villetaneuse, dans le 9-3. Il prend sa première licence à 10 ans, et suit alors ses deux grands-frères. « Ils ont arrêté, depuis, sans avoir la chance de signer dans un club. » Le plus grand sera aux portes du Stade Rennais sans que cela n’aboutisse. « Ils m’ont poussé », poursuit le milieu de 19 ans. Tout comme Steeve Koulekpatou, son tout premier coach en benjamin. « C’est lui qui, pendant longtemps, m’a vraiment aidé dans mon évolution technique, de jeu. Il me faisait bosser en plus à la fin des entraînements. Je travaillais avec lui. J’étais un peu son chouchou (rire). »
« Il possédait déjà une bonne vivacité et une belle rapidité, se souvient Steeve. Sa technique, il l’a développée tout au long des années de travail à mes côtés et ceux de Salif et Mohand, ses autres entraîneurs. » L’ascension de son protégé ne le surprend pas : « Il a toujours été très intelligent et, à partir de sa deuxième saison ici, a été au-dessus du lot. Il a bossé pour en arriver-là. Aujourd’hui, c’est une fierté de voir qu’un petit jeune de banlieue s’en sort. »
Du dépôt de bilan au Mans au RC Lens
Pour s’en sortir, Jean-Ricner Bellegarde a connu le pire qu’on puisse souhaiter à un club : un dépôt de bilan. En 2012, à tout juste 14 ans, il quitte la Seine Saint-Denis pour rejoindre le centre de formation du Mans, alors pensionnaire de Ligue 2. Lens se penche déjà sur son profil, tout comme Saint-Etienne et Toulouse. Alors au cœur du club manceau, il suit de près la fin de saison cauchemardesque. « Au départ, je ne connaissais pas trop ce que ça faisait un dépôt de bilan. J’ai eu du mal à le comprendre, à l’assimiler, à le réaliser. J’ai passé beaucoup de temps au téléphone avec ma famille, leur demander comme ça allait se passer. On sentait l’incertitude au sein du club. La discussion tournait autour des départs : que fais-tu l’année prochaine ? Où vas-tu ? Ce n’est pas simple quand on est jeune. Du jour au lendemain, tu ne sais pas où tu peux te trouver. »
Il rebondit à Lens après un essai de deux semaines à Metz. « C’est un grand club. Il forme forme beaucoup de joueurs. Dans le temps, ça parlait de Varane. Il y avait de l’envie. Je suis arrivé aussi avec un nouveau projet ambitieux (arrivée de Kombouaré et Mammadov). »
Le regret de la Gambardella
Le joueur se fond dans les équipes de jeunes du club. Peu avant ses débuts en pro, il découvre le Stade de France. En mai 2016, les U19 artésiens disputent la finale de la Gambardella et s’inclinent 3-0 contre le Monaco de Mbappé. « C’est un grand regret de ne pas avoir soulevé le trophée, confie Bellegarde. Mais, à l’issue de la défaite, nous nous sommes dit que ce serait peut-être la bonne l’année suivante. » La demi-finale, au printemps dernier contre l’OM, tourne au vinaigre. Une élimination aux portes d’une deuxième finale consécutive. « Je pense que nous nous sommes vus en finale trop tôt. Nous n’avons pas su marquer le coup. Il a manqué un peu plus de maturité de notre côté », analyse à froid le joueur, lucide.
Un début de saison raté et tronqué
Sa lucidité et son exigence le poussent à dresser un constat implacable de son début de saison (2 titularisations en 6 matchs) : « Je ne suis pas vraiment bon pour le moment. Mais, là, je me sens mieux physiquement. » Comme l’ensemble de ses équipiers après une préparation estivale sous la coupe d’Alain Casanova qui « n’a pas fonctionné », dixit Daniel Moreira, adjoint d’Eric Sikora, dans les colonnes de La Voix du Nord. « On ne se sentait pas bien, non », confirme celui qui a été utilisé contre Auxerre (1re journée), ailier droit. « Sur le moment, j’étais un peu surpris (rire). Mais il faut s’y faire. Au haut-niveau, je n’ai jamais joué à ce poste. Beaucoup de choses changent. Un milieu doit jouer partout, donc je me suis adapté. D’ordinaire, je suis plus un relayeur. »
« Une nouvelle contre-performance commencerait à être difficile »
Un poste qu’il a retrouvé sous la houlette de son ex-coach en réserve, Eric Sikora. « Il nous connaît. Il nous fait confiance. On est conscient de la chance à saisir. Je ne ressens en tout cas aucune pression en plus. » Une pression qui sera pourtant réelle, vendredi, à l’heure de défier Valenciennes au Hainaut (7e journée). Le Racing, dernier (0 point) a l’obligation de l’emporter. « Une nouvelle contre-performance commencerait à être difficile. Mais, l’équipe se sent bien, ça va mieux. Elle se met en confiance. Donc pourquoi cela n’irait pas ? »
Un redressement est attendu. Avec lui, l’éclosion de celui considéré par beaucoup comme une « pépite ». « On me le dit souvent, sourit Jean-Ricner Bellegarde. Mais j’essaye d’oublier pour ne pas m’enflammer. Une pépite, pour moi, c’est Messi ou Ronaldo. De ce qualificatif, j’en suis vraiment très loin pour l’instant. » A lui de l’approcher…
Laurent Mazure
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