Si les commentaires de Xavier Gravelaine ont de quoi vous décourager de monter le son de l’ordinateur, incitant même à regarder un streaming en provenance du Moyen-Orient, il aurait été dommage de manquer ce soir l’avant-match de cette rencontre du lundi soir entre Lens et Le Havre. 30 000 personnes, une atmosphère festive menée par une tribune Marek qui fait le show, déployant 3 banderoles en 6 minutes, à l’effigie des Red Tigers, groupe de supporters moteur de l’ambiance de Bollaert fêtant ses 20 ans.
Dès l’entame de match, les joueurs semblent vouloir se hisser au niveau du public, s’appliquant à bien jouer. La première occasion est havraise, sur un corner rapidement tiré, Cyriaque Louvion profite d’une sortie manquée d’Areola pour reprendre le ballon, sa frappe étant remarquablement sortie sur la ligne de but par Lalaïna, seul lensois vigilant sur ce coup-là. Des normands pas impressionnés par l’ambiance et qui se montrent à la hauteur de l’évènement, comme annoncé par Alexandre Bonnet la veille. Lens pose plutôt bien son jeu, le quart d’heure est passé et c’est assez plaisant. L’arbitre, Monsieur Millot, y contribue également en ne hachant pas le jeu.
20ème minute, 0-1
Le Havre défend à neuf, ce qui n’empêche pas les Sang & Or de trouver des espaces et quelques positions de frappe hors de la surface. Cela n’interdit pas non plus aux Ciel & Marine de se projeter très rapidement : à la 20ème minute, sur un coup-franc obtenu au milieu de terrain à nouveau vite négocié, un double échange Dingomé-Le Bihan offre un face à face à l’avant centre, qui ne tremble pas et glisse facilement le ballon sous le gardien lensois. 20ème minute, 0-1. 20, pour le moment chiffre de la soirée…
Le Havre est parfaitement en place, la seule faille visible semble venir de son gardien, hésitant dans ses prises de balle. Mais comme les lensois sont décidés à l’échauffer tranquillement, pas de quoi paniquer. Les havrais feraient bien de profiter de la passivité lensoise pour tenter de faire le break, comme ça n’est pas le cas le match devient ennuyant. Même en tribunes l’ambiance retombe d’un cran. A noter une prestation toujours aussi convaincante de l’homme en noir qui ne distribue pas à chaque « alerte carton jaune » lancée par l’agaçant Xavier Gravelaine, qui aurait tout à fait sa place pour renforcer l’équipe de choc des commentateurs de France Télévisions envoyée aux JO… Trève de digressions, mi-temps, 0-1.
Lens reprend mieux, un peu de vivacité met rapidement en danger la défense havraise, Rivierez est à deux reprises à la limite de la faute dans la surface. Mais les joueurs de ballon et d’espaces que sont Bonnet et Mesloub se chargent de rappeler aux lensois qu’ils sont plus capables qu’eux de se créer des occasions, la balle de break est manqué par le dernier cité à la 52ème minute, sa frappe rasant le poteau droit du but déserté par Areola. Le Racing se procure enfin deux occasions, sur une frappe sans angle de Chavarria puis une tête à côté de Yahia sur corner, pas de quoi s’enthousiasmer toutefois.
A l’heure de jeu, Le Havre reste menaçant en phase offensive et ne recule pas encore face à la faible pression lensoise. Clairement, on est plus proche du 0-2 que de l’égalisation. L’excuse de la fatigue a déjà fait son apparition dans les bouches des commentateurs, le public frustré et agacé perd de sa superbe en insultant bêtement l’opposant d’un soir… Sauf que, à un quart d’heure de la fin, les havrais commencent à avoir la fâcheuse tendance à se retrancher devant leurs seize mètres. C’est une option, face à une équipe sans imagination. En tant que spectateur, on ne peut que regretter…
Le numéro 20 lensois sauve son équipe
A la 83ème minute, le HAC manque sa troisième balle de match, Sacko tombant sur le solide Areola qui sort superbement son plat du pied gauche. Après avoir bouclé facilement le premier set 6-2 fin août, la fébrilité semble gagner l’équipe mal classée au moment de conclure ses balles de match…
Pour affirmer un peu plus la médiocrité de son équipe, Adamo Coulibaly se fait exclure à l’entrée des arrêts de jeu, en reprochant on ne sait quoi au bon Benoît Millot. Qui annonce 3 minutes d’arrêts de jeu, à la fin desquelles le Racing obtient un corner : Areola monte, Bollaert pousse soudainement avec la voix du désespoir, le ballon s’élève et Lalaina détourne superbement de la tête, pour son premier but de la saison ! Le numéro 20 lensois égalise à l’ultime seconde. Les adeptes de numérologie l’auraient deviné…
Des réactions totalement hors-sujet
Les réactions de fin de match sont hallucinantes et confortent notre opinion sur l’inutilité des interviews de joueurs à chaud : Cyriaque Louvion ne semble même pas déçu du match nul, préférant « se concentrer sur la réception de Châteauroux vendredi ». A sa place, nous n’en dormirions pas de la nuit. Eric Mombaerts trouve « un peu frustrant de se faire égaliser à la dernière minute ». Il était plus remonté lorsqu’il annonçait que la formation française possédait plusieurs Verrati en boutique… Côté lensois, Lalaina s’appuie sur la fatigue pour expliquer ce match sans saveur. Il n’a pas semblé émoussé au moment de célébrer son but en narguant un banc havrais qui n’avait rien fait pour… On a envie de lui dire d’être lucide sur sa performance, il aura été l’un des meilleurs lensois ce soir en enchaînant les trois derniers matchs comme titulaire. Et n’a pas été moins actif qu’à l’accoutumée sur son côté gauche. C’est tellement plus simple de dédouaner le collectif en évoquant une fatigue superficielle…
De notre côté, fatigués à l’issue de cette rencontre (si, si!) nous avons attendu la nuit pour débriefer à froid : Lens réalise un début d’année plus que poussif, assurant l’essentiel dans les derniers instants, à l’image de ce match. Pas de revers à Bollaert en 2014 malgré des mauvais matchs, une place toujours sur le podium. Le Havre a joué cette fin de partie petit bras, se privant d’un succès autant mérité qu’abordable. La peur de conclure, une fébrilité au moment de serrer le jeu. Même si beaucoup auraient signé pour un nul avant la rencontre, d’où la très relative déception. Le club doyen voit la menace de la zone rouge demeurer à distance raisonnable, bien qu’il serait de bon ton de rapidement assurer le maintien.
Crédit photos : Laurent Mazure