Sa deuxième saison en Ligue 2 n’a pas ressemblé à sa première. Statistiquement, pourtant, Lakdar Boussaha a marqué un but de plus qu’en 2015-2016 (10 réalisations) avec un excellent ratio minutes jouées/buts. Car son temps de jeu a chuté (16 titularisations). Les pépins physiques ne l’ont pas épargné et l’accompagnent encore. Ce vendredi, il ne sera pas du voyage à Strasbourg (genou). La concurrence a aussi eu raison, par moment, de lui. Pour nous, il a accepté de revenir sur son exercice, et évoque son avenir.
Lakdar, peut-on affirmer que, collectivement, la 2e saison burgienne en Ligue 2 a été plus délicate que la première ?
Cela a été en effet un peu difficile, mais surtout au départ. Nous avons du faire face à beaucoup de changements à l’intersaison. Les recrues ont été en quelque sorte des paris. Pas mal de joueurs ne connaissaient pas le niveau de la Ligue 2. Néanmoins, la chance que nous avons eu, c’était qu’on savait que le démarrage serait difficile. Nous étions préparés à cela. Nous savions, aussi, que nous allions être un peu plus attendus. Cela a mis un peu de temps à prendre forme.
Il n’y a donc pas eu d’affolement ?
Du tout, non. Nous savions ce qu’il en était. Même si nous avons mis du temps à gagner notre premier match, nous avons toujours pu recoller.
Finalement, cet exercice est-il réellement différent du premier ?
Totalement ! En 2015-2016, nous avions réalisé une saison plein d’enthousiasme. Là, nous l’avons fait avec plus de recule, de sérénité et de métier. Personne ne s’est affolé. Nous avons connu une très bonne période, après un démarrage poussif, qui nous a permis de nous extirper du fond.
Avant de craquer sur le dernier quart du championnat. Comment l’expliquez-vous ?
Inconsciemment, nous avons raté à un moment donné les matchs un peu charnières pour pouvoir prétendre à jouer le haut de tableau. Comme nous étions, aussi, assez loin de la zone rouge, nous nous sommes retrouvés entre deux eaux. Il y a eu un relâchement car, mine de rien, nous avons pas mal cravaché pour revenir et s’extirper du mauvais début de saison. Et puis, à la fin, des joueurs arrivent aussi en fin de contrat. Ca joue dans les têtes.
Le problème de Bourg, dans sa progression, vient-il du fait d’infrastructures pas encore au niveau de son équipe pro, un peu en avance ?
Le club part de très loin en termes d’infrastructures, de composantes. Cela se structure petit à petit. Cela met un peu plus de temps que nous, sur le terrain, c’est certain. Après, ce que je souhaite au club, c’est de progresser sur ce domaine, de passer ce pallier. Notamment, donc, sur l’extra-sportif. Car il faut se développer sur le sponsoring, le budget, même sur le centre de formation. Il faut se servir de ces années pour progresser.
« J’atteins les 10 buts et je confirme la précédente saison »
Personnellement, cette saison a été moins pleine que la première mais, paradoxalement, vous atteignez encore la barre des 10 réalisations (top 15 des buteurs de L2)…
Cela a été une saison frustrante. J’ai été blessé assez rapidement. Je suis revenu, avant de m’absenter de nouveau au mois de janvier, avec une nouvelle grosse blessure. J’ai mis, par la suite, du temps à retrouver ma place. Malgré tout, j’ai réalisé une saison, d’un point de vue statistique, tout à fait honorable. J’atteins les 10 buts et je confirme, du coup, la précédente. Mais ça reste frustrant…
Une frustration qui vous fait réfléchir quant à votre avenir (il avait prolongé pour une saison l’été dernier, et une en option en cas de maintien) ?
Forcément, quand tu ne joues pas, ou moins, tu te poses des questions. Cela fait quatre ans que je suis ici.
Est-ce le moment pour vous, à 29 ans, de trouver un nouveau challenge ?
C’est peut-être le moment de découvrir autre chose. Déjà l’année dernière, j’avais pas mal réfléchi puisque je disposais de plusieurs offres. J’ai préféré que ça aille vite, pour différentes raisons. Là, maintenant, si des offres se présentent, je prendrais davantage le temps de bien réfléchir. On arrive à un moment charnière. Soit on parvient à se remotiver et ainsi repartir avec le club, se sentir concerner. Soit le club aspire à autre chose. Peut-être que moi aussi, et il me faudra trouver d’autres opportunités.
Est-ce une façon de dire que vous n’avez plus la même motivation à poursuivre à Bourg ?
Non, ça me plaît de progresser avec mon club. Encore faut-il que l’on m’en donne les moyens. Encore faut-il que je sois concerné. J’arrive à 30 ans, j’aspire à autre chose que du simple temps de jeu. Si je reste dans un club comme Bourg, ce n’est pas pour avoir le même statut que dans un club où je me mets en danger. Nous arrivons à un tournant. Vous savez, découvrir un club un peu plus huppé, sans manquer de respect à Bourg, cela peut être une bonne chose.
Vous avez rencontre vos dirigeants ce mercredi, que pouvez-vous nous dire ?
Je suis en pleine réflexion. J’aimerais bien partir sur du long terme. Bourg est-il en mesure de m’offrir cela ? A l’heure d’aujourd’hui, ce n’est pas vraiment le cas. Je vais maintenant bien reconsidérer les possibilités que je vais avoir. Il va falloir prendre les bonnes décisions.
« Un seul regret par rapport à Lens »
Vous ne disposez pas encore d’offres ?
Pas encore de réelles, non. Il y a des intérêts, mais cela ne fait que commencer. Le championnat étant ce qu’il est, tellement indécis, que personne n’arrive encore à se prononcer. Les clubs sont très calmes. Après, partir pour partir, ça ne m’intéresse pas. Mais quand je vois le peu de temps de jeu que j’ai eu cette année, autant avoir le même dans un club qui joue le haut de tableau…
Regrettez-vous d’avoir prolongé l’été dernier ?
Non, car j’assume les décisions. J’ai simplement un seul regret par rapport à Lens. C’était une offre qui ne se refusait pas. J’aurais dû être patient. Surtout quand je vois leur saison…
Arrive-t-on à la fin d’un cycle à Bourg-en-Bresse ?
Oui et non, car je ne suis pas sûr que beaucoup de joueurs partent cet été. Bourg va être condamné, pendant un moment, à faire des paris. Les joueurs viennent à Bourg pour se relancer. Bourg, ça reste un pallier.
Et si Hervé Della Maggiore s’en allait ?
Alors là, oui, ça peut être une fin de cycle. De le perdre serait synonyme de gros renouvellement. Est-ce une crainte ? On ne peut pas savoir…
Propos recueillis par Laurent Mazure