Ce but de Moussa Maazou reste frustrant pour Régis Gurtner. Jusqu’à la 89e minute de cet AC Ajaccio-Amiens (17e journée de Ligue 2), le portier picard n’avait pas encore encaissé en novembre. Le dernier rempart du surprenant promu amiénois (5e) a vu ses performances saluées par les internautes de MaLigue2.fr. Il a été désigné meilleur joueur de novembre. Un titre qui récompense un homme réservé et décisif.
Un titre personnel, j’imagine que cela fait toujours plaisir ?
Bien entendu. Mais cela vient récompenser le travail fourni tous les jours à l’entraînement, avec les autres gardiens. C’est une récompense collective. Car, si je suis performant, je le dois aussi à l’équipe. Les joueurs donnent vraiment tout sur le terrain.
Vous n’avez encaissé que 12 buts depuis le début de la saison (meilleure défense), vous avez fait 7 cleen-sheat. Quel est le secret ?
C’est celui d’un collectif qui défend tous ensemble. Cela part des attaquants, qui sont les premiers défenseurs. Il faut cet état d’esprit pour bien défendre. Nous savons nous montrer efficaces dans nos 30 derniers mètres pour ne pas prendre de but. Nous concédons finalement peu d’occasions dans nos rencontres.
Le fruit d’une équipe qui se connaît parfaitement également ?
Aussi, oui. Il est important d’avoir une assise défensive, et plus généralement une équipe, qui est restée quasi similaire depuis la saison passée. Nous nous entendons tous bien, nous nous connaissons. Nous avons des automatismes. Défensivement, c’est réellement très important. Cela crée notre solidité.
Ce but à Ajaccio, il est frustrant non ?
Cela fait même ch… de prendre un but dans les dernières minutes, comme ça… Mais au regard du match, ce point est mérité pour les 2 équipes.
Personnellement, comment vous définiriez-vous ? Plutôt grande gueule ou réservé ?
Je n’aime pas trop extérioriser. Je suis finalement quelqu’un d’assez discret. Je ne suis pas du genre à crier à tout va. Ce n’est pas trop mon style. Quand quelque chose ne me plait pas, je ne vais pas me gêner. Il faut bien sûr avoir son caractère. Mes défenseurs me connaissent. Après, pour le reste, quand on est gardien, on a horreur de prendre un but. Peu importe les conditions. Face à Brest, malgré notre 3-0, j’ai demandé aux joueurs de rester concentrés.
« Nous restons des promus »
Existe-t-il, d’un point de vue personnel, une forme de revanche après l’épisode Luzenac (il avait été recruté avant la relégation administrative du club) ?
Non, je n’aime pas parlé de revanche. Ce sont des périodes qui forgent le caractère. Qui donnent plus d’énergie. C’était un moment difficile à passer. Et puis, derrière, on en ressort plus fort. J’ai appris à connaître des joueurs, des hommes là-bas, avec qui j’ai encore des contacts. Je ne ressors que du positif de cette expérience. J’ai rencontré de belles personnes.
Comme vous, un autre gardien, Quentin Westberg, a su rebondir à Tours…
Oui, certains ont pu rebondir. Quentin Westberg en est la preuve. Mais aussi Olivier Lagarde (actuel entraîneur des gardiens amiénois, ancien adjoint au LAP) qui a passé une année sans rien. J’ai eu la chance de retrouver un club comme Le Havre où j’ai pu m’entraîner et être avec un groupe pro. D’autres n’ont pas eu cette chance de suite. Ils ont dû batailler pour s’entraîner. C’était compliqué pour eux.
Quelle est votre relation avec Olivier Lagarde ?
Nous discutons énormément. Nous, les gardiens, formons une confrérie un peu à part. Nous travaillons super bien au quotidien. Ce qui permet d’être récompensé le week-end. Raphaël Adiceam et Gauthier Banaziak, les 2 autres portiers, sont aussi très importants. Ils apportent de la concurrence. Ils bossent pour me pousser à être performant le week-end.
Vous avez connu la Ligue 2 avec Boulogne-sur-Mer, mais aussi avec Le Havre. A-t-elle évolué ?
Un peu, oui. Au niveau physique et technique, cela s’est renforcé par rapport à l’époque. Si l’on compare au National, nous nous trouvons dans une étape de plus. C’est un niveau au-dessus. En tout cas, cela fait plaisir de retrouver cette L2.
Amiens est 5e, juste derrière le quatuor de tête. Comment expliquer cette place surprenante ?
Nous avons su rester sur la continuité de notre saison passée. Nous avons terminé avec 12 matchs sans défaite en National. C’est important pour un club de bâtir sur les anciens, sur de la stabilité. Et puis, cela reste un club familial, qui correspond un peu à ce que j’ai pu connaître à Boulogne. Nous bâtissons dessus, sur un état d’esprit qui nous donne toujours plus faim, toujours plus envie de gagner des matchs. A nous d’engranger les points pour le maintien, maintenant.
Après Brest, Aboubakar Kamara ne parlait plus maintien…
(Rire) Dans le vestiaire, nous sommes conscients que nous aurons encore des moments difficiles. Nous en avons eu. Là, nous restons sur 3 matchs sans défaite. Mais nous devons atteindre au plus vite 42 points. Après, c’est certain qu’en mars, si on a 44 points, on ne s’arrêtera pas là. On pourra se tourner vers d’autres objectifs. Mais nous restons des promus, avec un effectif encore limité.
Propos recueillis par Laurent Mazure
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