Décevant depuis quelques mois maintenant, l’Amiens SC se retrouve à équidistance de la zone de relégation et de la place de barragiste en Ligue 2 à la 19e journée. La première partie de saison d’Omar Daf aura été celle du tâtonnement, la seconde doit être celle où l’équipe met le pied à l’étrier, celle qui nous prouve qu’on a eu raison d’être enthousiastes au sujet du mercato d’été.
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Les années passent et se ressemblent du côté de la Somme ! Exactement comme la saison dernière, Amiens se retrouve dans le ventre mou du championnat de Ligue 2 après avoir effectué de bons débuts en championnat qui n’ont pas été concrétisés avec la régularité attendue et espérée. Un fait qui avait coûté sa place à Philippe Hinschberger le 3 avril 2023 après une défaite à Grenoble qui avait laissé le club picard à la 11e place à la J29. Seulement voilà, la mi-saison vient tout juste d’être atteinte et l’ASC est déjà au douzième rang du championnat de Ligue 2, sans avoir pu montrer un bon visage pendant bien longtemps.
Pourtant, cela avait bien commencé pour l’équipe amiénoise avec trois succès de rang face à QRM, contre le cours du jeu mais chez une déjà impressionnante formation auxerroise, puis à domicile contre le SC Bastia, à chaque fois par un but d’écart. Le total est même monté à quatre victoires en cinq rencontres après une contre-performance à Bordeaux (défaite 2-0) lorsque l’Amiens SC a pu battre Guingamp 4-1 à la Licorne. Un score un peu trompe-l’œil qui illustre très bien ce début de saison réussi sur le plan comptable, dont Omar Daf a le secret. Mais comme cela a été le cas avec Dijon l’an dernier par exemple, le technicien sénégalais n’a pas su capitaliser sur ce départ canon.
Sans aucun succès entre la J6 et la J12 (4N, 3D) avec notamment de lourds revers contre un Paris FC malade et qui évoluait au Stade de l’Aube (3-0) ou contre Angers qui commençait tout juste à monter en puissance (1-4), Amiens a légèrement pu se refaire avec de cours et peu glorieux triomphes contre Dunkerque (1-0) et une équipe de Saint-Étienne en pleine crise, qui venait de perdre trois fois de suite en championnat (1-0). Un pattern commence à émerger et peut expliquer des résultats si médiocres pour une équipe qui prend pourtant si peu de buts (20 buts encaissés, 6e meilleure défense de Ligue 2) : les offensives amiénoises ne sont tout simplement pas au niveau pour le moment.
Peu tranchantes, trop lentes, rarement décisives en transition mais surtout très peu efficaces sur les phases de possession de l’Amiens SC, les attaques sont trop téléphonées, trop prévisibles et ne déstabilisent pas assez les blocs de Ligue 2 réputés pour leur capacité à être compacts et imperméables devant leurs cages. Résultat : seuls seize buts ont été marqués par l’équipe au sein d’un championnat qui a pourtant tendance à marquer bien plus que ces dernières saisons. Un problème d’adaptation et un retard à l’allumage qui donne déjà six points de déficit sur Pau, la dernière équipe du top 5, qui a elle bien compris qu’il était préférable de tenter des choses quitte à s’exposer davantage pour obtenir de meilleurs résultats. La zone de relégation, elle aussi à six points, n’est pas encore une menace très importante pour un club de l’envergure d’Amiens qui va vraisemblablement tenter de rattraper le wagon de tête sur la phase retour, mais la dynamique n’est pas favorable aux Picards qui n’ont fait qu’inexorablement reculer au classement depuis la 5e journée sans avoir pu inverser la tendance.
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Quelques points positifs tout de même : s’ils manquent de réussite, les attaquants du groupe amiénois ne manquent pas de qualités. Que ce soit dans leurs championnats respectifs ou en sélection, Louis Mafouta et Andy Carroll ont prouvé leur talent par le passé et devraient être en mesure de marquer si ils disposent d’assez d’opportunités. Idem pour Antoine Leautey, qui a décidé de prolonger à l’Amiens SC pendant l’été au lieu de partir à Saint-Étienne. Une base très solide qui rend difficilement compréhensible les problèmes offensifs d’un club qui évolue toujours avec Gaël Kakuta. Le franco-congolais fait partie des joueurs qui subissent le plus de fautes en Ligue 2, mais est aussi très surveillé et ne peut pas faire autant de différence qu’il le souhaiterait.
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— Amiens SC (@AmiensSC) December 26, 2023
Une formation assez loin des attentes
Amiens saura-t-il dénicher de meilleurs joueurs que ceux déjà à sa disposition, en a-t-il seulement les moyens ? Rien n’est moins sûr et si révolution il doit y avoir, elle doit venir de l’intérieur de l’équipe déjà présente. Le groupe professionnel est en effet déjà très étoffé en nombre et ne peut pas être constamment élargi, ce qui serait contraire aux souhaits de l’entraîneur. Même derrière ces offensifs-là, la qualité est d’ailleurs au rendez-vous avec des Sébastien Corchia, Jérémy Gélin, Kylian Kaïboue, Nicholas Opoku ou encore Mamadou Fofana. Peu de clubs de Ligue 2 peuvent se vanter d’avoir autant de joueurs de qualité dans chaque ligne, y compris au poste de gardien de but occupé par Régis Gurtner, toujours aussi fiable (78,9% d’arrêts, 3e meilleur ratio du championnat / 8 clean-sheets sur 19 matchs). En effet, c’est un mal plus profond qui est enraciné dans cette équipe et qu’il faut traiter dès le retour après la trêve.
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Car après tout, Amiens est bon dernier du classement des Expected Goals d’après des statistiques d’OPTA ! Avec 17xG (17 buts attendus), Amiens ne sous performe finalement pas tant que ça par rapport aux occasions créées et aux buts réellement marqués (16). Derrière Ajaccio (17,5 xG), Valenciennes (17,8 xG) ou Troyes (17,9 xG), le cas de figure d’Amiens est loin d’être le même que celui de l’USL Dunkerque, qui est 11e au tableau des buts attendus avec 21,5 xG mais seulement 13 frappes ayant pénétré les filets. Si les voisins du Nord sont trop peu efficaces mais peuvent espérer que la situation s’améliore en continuant à ce rythme, réussir une deuxième partie de saison cohérente dépendra nécessairement de la capacité d’Amiens à créer plus d’occasions et plus de situations de bien meilleure qualité pour les attaquants. Des attaquants qui sont évidemment impliqués eux aussi dans la production offensive et ne peuvent pas être épargnés de nos critiques simplement parce qu’ils ne sont pas approvisionnés en ballons.
Le constat est donc très clair pour la deuxième partie de saison d’Omar Daf si celui-ci ne veut pas subir le même sort que dans son club précédent : Amiens doit adopter un jeu bien plus débridé et emballant que cela pour pouvoir remonter au classement et mériter quelques émotions positives sur la fin de la saison. Cela passera sans doute par d’autres essais tactiques et une formation qui devrait être testée pour mettre Carroll et Mafouta (ensemble ?) dans les meilleures dispositions. Et pourquoi pas un 4-4-2 à plat avec Kakuta et Leautey sur les côtés ? Quoi qu’il arrive, il faudra bousculer les choses car à cette allure, ce sont les relégables et le bas de tableau qui risquent de se rapprocher. Même si Valenciennes et Dunkerque sont déjà loin et que leur avenir est incertain et dépendra du mercato de janvier, QRM et Annecy ont montré à tour de rôle des choses intéressantes et autrement plus enthousiasmante qu’Amiens. Ces clubs relégables sont tout à fait en mesure de remonter la pente. Sans parler d’équipes comme Bordeaux, l’ESTAC ou Bastia qui ne veulent pas s’éterniser trop longtemps dans le ventre mou…
L’équipe-type (4-2-3-1) selon les temps de jeu :
Gurtner – Corchia, Fofana, Opoku, Ouattara – Kaïboue, Gélin – Leautey, Kakuta, Mafouta – Carroll.
Sur le banc : Sauvage (g), Urhoghide, Ring, Gene, Boya, Doums*, Tapsoba
*actuellement blessé
Photo Anthony Bibard/FEP/Icon Sport
