Artisan des montées en Ligue 2 de Pau et de Quevilly – Rouen Métropole, Bruno Irles est à la recherche d’un nouveau challenge, après une expérience en Ligue 1 à Troyes. En attendant, le regard du coach ne s’est pas éloigné des terrains. Bien au contraire.
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Crédit photo ©Dave Winter/FEP/Icon Sport
MaLigue2 : Bonjour M. Irles, merci de nous avoir accordé cet entretien. Vous avez quitté l’ESTAC il y a environ un an : quelles ont été vos activités depuis ?
Bruno Irles : J’ai fait beaucoup de choses. J’ai consacré du temps à ma famille, aux enfants. Quand on est entraîneur de haut niveau, on la met parfois un peu de côté. J’en profite pour prendre une grande bouffée d’oxygène. Et surtout, ça m’a permis de faire un point, à la fois sur ma façon de faire, mon management, mon projet de jeu. Et j’ai fait aussi un point sur le football de haut niveau. Quand on est H24 en National, Ligue 2 ou Ligue 1, on est vraiment focalisé sur le championnat. À Troyes, je connaissais sur le bout des doigts les autres équipes de la Ligue 1. Dès que j’ai arrêté, j’ai passé tout mon mois de décembre à analyser, à rattraper tout ce que je n’avais pas pu voir au niveau européen. Par exemple, je ne savais pas comment jouait dans le détail le Napoli, pourquoi ils performaient autant (ndlr, champion de Serie A 2023 avec 90 points avec Luciano Spalletti). J’ai analysé, l’Arsenal d’Arteta, le Barcelone de Xavi. J’y ai passé beaucoup de temps et j’y passe encore du temps. Canal + m’aide beaucoup là-dessus puisqu’ils sont très connectés avec la Premier League, la Ligue des Champions. Prendre du recul, ça m’a permis de voir quel train il ne faut pas manquer pour le prochain projet de jeu, les prochaines animations. Ce n’est pas parce que je regarde la Ligue des Champions que je cherche un club de Ligue des Champions (rires). Quand j’étais à Pau ou à QRM en National, je m’étais déjà inspiré du plus haut niveau. Quel que soit le niveau, on peut appliquer une partie du foot de très haut niveau.
ML2 : En élargissant vos horizons, avez-vous identifié quelques tendances tactiques du moment ?
BI : Oui, il y en a, sans entrer dans les détails, bien entendu, le football évolue. Entre ma période de joueur (ndlr, 1994_2003) et la période d’aujourd’hui, ça n’a rien à voir. Je l’ai remarqué car j’ai essayé de faire une compilation à mes enfants des matchs que j’ai pu faire à l’AS Monaco. La différence est abyssale. Et même entre le moment où j’ai commencé à Pau (2019) et aujourd’hui, le football a bien évolué. On parle de transitions, on parle beaucoup du jeu de position. Les caractéristiques des joueurs évoluent aussi. Le football va plus vite. Il y a des choses à cibler à analyser pour adapter à ce football le projet de jeu que j’aurais dans mon prochain club. Après, si le prochain club est en Ligue 2 : il y a des caractéristiques sur la Ligue 2. Le niveau augmente et pas seulement parce que le nombre d’équipes va diminuer. Il se rapproche de celui de la Ligue 1. Aujourd’hui, la Ligue 2, je la connais mieux que quand j’étais à Troyes. Ça m’avait manqué de ne pas savoir comment ça jouait.
ML2 : Quelles sont les équipes qui ont attiré votre attention dans cette Ligue 2 2023-2024 ?
BI : Il y a des équipes qui sont bien armées individuellement. Certaines performent d’autre moins. Je pense à Bordeaux. Pour moi, ils sont dans les trois meilleurs effectifs du championnat et ils sous-performent. D’autres me surprennent comme Laval. Je connais Olivier Frapolli, je suis très content pour lui. Il a beaucoup galéré en venant de National. J’ai émis un doute sur la durée mais je lui souhaite d’y arriver. Il y a d’autres effectifs solides. Christophe Pélissier et Auxerre, j’aurais bien aimé qu’ils puissent se maintenir l’an dernier. Ça s’est joué à pas grand-chose. Angers grâce ou à cause du non-recrutement s’est retrouvé avec un effectif compétitif. Je suis de près toutes ces équipes pour évaluer le niveau.
ML2 : Est-ce que le Bordeaux d’Albert Riera est un bon exemple du jeu de position que vous évoquiez précédemment ?
BI : Oui, même si je ne m’en inspirerai pas. Pour moi, il faut chercher l’efficacité quelque soit votre jeu, quel que soit votre style. Par exemple, le jeu de position quand j’arrive au Sheriff Tiraspol (Moldavie), c’est ma priorité. Il y avait un effectif très costaud, de haut de tableau. On était premiers là-bas. Le jeu de position, c’est une base. Après, il y a les animations : est-ce qu’on met de la verticalité, est-ce qu’on passe par les côtés ? Est-ce qu’on passe par des centres ou de la percussion au milieu ? Il faut prendre en compte les caractéristiques de son effectif et pour moi, son jeu de position, aujourd’hui, n’est pas bon parce qu’il n’est pas efficace.
ML2 : C’est justement l’écueil à éviter : des consignes de jeu parfois trop ambitieuses pour la qualité de l’effectif ? On a vu par exemple en Ligue 2 et en Ligue 1 des erreurs sur des tentatives de relances courtes…
BI : Bien sûr, il faut adapter son projet. C’est très bien d’avoir des projets de relances courtes mais si vous avez des défenseurs centraux dont la qualité première n’est pas la relance, vous vous mettez forcément en danger. Si j’ai sur-performé dans tous mes clubs que ce soit à Pau à QRM et même à Troyes, c’est parce que mon projet de jeu je l’adapte. Même si je m’inspire du haut niveau. J’adore Manchester City mais moi je vais m’adapter à l’actualité de mes joueurs, de mon championnat. Je n’en veux pas aux entraîneurs, j’en veux plus aux directions qui vont aller chercher dans le recrutement, sans forcément réfléchir à l’idée de jeu. Moi, je suis triste pour Bordeaux aujourd’hui parce qu’ils n’exploitent pas le potentiel qu’ils ont sur le terrain. Je suis ravi pour Laval parce qu’ils sur-exploitent le potentiel qu’ils ont sur le terrain et pour moi, c’est ça un bon entraîneur.
ML2 : Sur vos deux dernières expériences, vous avez connu deux clubs très différents : à QRM vous aviez énormément de choses à gérer vous-même de par la petite taille du club, au contraire à l’ESTAC vous étiez dans un grand groupe plus de moyens mais une méthodologie quasi-imposée : comment préférez-vous travailler ?
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