Sixième de Ligue 2 en fin d’exercice, En Avant Guingamp a terminé la saison à la même place qu’un an auparavant, avec une trajectoire assez similaire et une nouvelle dernière ligne droite encourageante. Quatre années après sa relégation de Ligue 1, le club costarmoricain n’a pas semblé être en mesure de jouer la montée. Stagnation ou lente progression ?
Une dernière ligne droite séduisante… Mais bien trop de points perdus en route. EAG a montré en 2022-2023 ses qualités de sprinteur mais la Ligue 2 est un marathon sur lequel l’équipe de Stéphane Dumont a souffert. En terminant la saison avec cinq victoires sur les huit dernières rencontres, le club breton a presque réédité le finish du printemps 2022 (7 victoires en 9 rencontres) mais encore une fois, il partait de trop loin pour espérer se mêler à la lutte pour la promotion.
Pourtant, le début de saison avait été prometteur, avec un succès inaugural éclatant contre Pau (4-0), des victoires de prestige à l’extérieur contre Bordeaux (1-0), Metz (6-3) et une cinquième place après 10 journées. Que s’est-il alors passé pour que Guingamp s’effondre à l’automne ? Dès le mois d’octobre, la machine s’est enrayée : quatre matchs sans marquer au retour de la trêve internationale, des contre-performances contre Niort (0-0) et Rodez (0-0) et surtout une énorme claque à domicile contre un promu, Annecy (0-4) après 10 dernières minutes de jeu catastrophiques.
Un effectif trop court, ou trop fragile ?
Si Guingamp n’a pas pu continuer sur sa lancée de l’été, c’est que le groupe de Stéphane Dumont a peiné à trouver son second souffle. Quantitativement, les solutions ont été trouvées pour pallier d’importants départs dans le secteur offensif (Youssouf M’Changama, Frantzdy Pierrot) mais c’est qualitativement que le bât a blessé. Impérial lors des huit premières journées et auteur d’un but d’anthologie à Laval, Jérémy Livolant a très peu d’occasions de souffler, démarre tous les matchs et finira par s’émousser (avant de bien terminer, à l’image de l’équipe).
Censé être l’autre atout créatif de l’équipe, Mehdi Merghem se remet à enchaîner les blessures et manquera cruellement au turn-over, tout comme Yoann Cathline, recruté comme joker le 5 septembre par Lorient, qui n’est pas remplacé. Puis, ce sera au tour du secteur défensif d’être décimé : grosse blessure et saison terminée pour Lemonnier dès octobre, Retour compliqué pour Eboa Eboa (9 matchs) après sa terrible blessure de 2020. Au cours de la saison, Quemper, Riou, Sivis et Gomis ont fait quelques passages par l’infirmerie, ainsi que Loïc Mbe Soh, recruté à l’hiver pour renforcer le secteur. Cette série de pépins physiques a forcé Stéphane Dumont à régulièrement troquer son système de base, le 3-4-3, contre un 4-4-2, faute de défenseurs centraux disponibles. Néanmoins, ce qui semblait être une obligation dans un premier temps s’est d’ailleurs avéré être une véritable option tactique prise par le coach en fin de saison. « On sait que ça ne doit plus arriver, on en a discuté. Le secteur médical, la préparation physique, le staff, le club… Il faut que les blessures durent moins longtemps, qu’on soit organisé de manière encore plus pertinente, plus vigilante », prévenait le coach Stéphane Dumont dans les colonnes de Ouest-France début juin
La déprime à Roudourou
Autre facteur rédhibitoire pour se mêler au top 5, les performances à domicile d’EAG (17e de Ligue 2 en la matière). Dans la foulée du revers contre Annecy, En Avant n’a plus gagné à Roudourou jusqu’au mois de février, offrant même au Nîmes Olympique sa seule victoire en déplacement de la saison (1-2). « On n’a pas réussi à trouver une sorte de clé, à domicile dans un moment où on avait la sensation d’être punis en fin de rencontre, malgré des matches, je le dis objectivement, plutôt aboutis », regrette Stéphane Dumont.
Régulièrement reconnu par ses pairs pour la qualité de son travail, l’entraîneur guingampais, arrivé à l’été 2021, dispose encore d’un an de contrat et souhaite continuer. Un intérêt de la part de Sochaux avait été brièvement évoqué début juin. « Je suis focus sur mon travail, comment je fais progresser mes joueurs, mon staff, et comment eux me font avancer aussi. Je n’y prête pas tellement attention en fait, je suis là comme si j’étais là pour dix ans ! Et je mets une telle énergie à essayer de développer le moindre détail ». Si le classement en L2 est le même qu’en 2022, le coach affirme que le progrès est amorcé en coulisse : « Quand on a de la continuité, c’est beaucoup plus facile, entre guillemets. On a accentué sur ce chantier, les personnes qui en sont les garantes se sont remises en question, avancent. C’est d’une importance capitale. Mais j’ai affaire à des gens responsables et compétents, on avance. Je pense qu’on sera plus performant la saison prochaine. Ce n’est pas visible aux yeux du plus grand nombre, mais parfois, ce sont des avancées plus importantes que finir une ou deux places devant. »
Des promesses pour l’avenir
Certains des progrès guingampais ont tout de même pu être observés à l’œil nu, avec des additions bien senties à l’effectif à partir de l’hiver. Bénéficiant d’un temps de jeu croissant, Hugo Picard (20 ans) a su apporter une petite étincelle offensive supplémentaire, avec notamment une superbe frappe en lucarne contre le Paris FC (2-1). Recruté à Bourg-en-Bresse (National), Amine El Ouazzani (7 buts, deux passes) n’a pas eu besoin de plus de quelques semaines pour montrer qu’il avait le niveau L2. Cet apport de fraîcheur dans le secteur offensif, ce nouvel élan, a d’ailleurs profité aux deux valeurs sûres recrutées lors du mercato estival. Baptiste Guillaume et a fortiori Gaëtan Courtet, se sont montrés bien plus performants dans la deuxième partie de saison.
✅ Sélectionné avec l’équipe du Maroc U23, notre attaquant, Amine @El_Ouazzani9, s’est illustré hier soir en inscrivant un doublé face à la Zambie ! ⚽️⚽️#TeamEAG #WarRaok pic.twitter.com/DP0B2y0SQU
— En Avant Guingamp (@EAGuingamp) June 20, 2023
EAG devrait donc pouvoir construire sur cette dynamique, en perdant un peu moins d’éléments majeurs cette fois, bien que Jérémy Livolant, à un an de la fin de son contrat, dispose d’un bon de sortie (tout comme Tristan Muyumba), accordé par le président Fred Le Grand.
Il y a quelques jours, ce dernier tirait lui aussi le bilan de la saison pour Le Télégramme : « De manière globale, j’en suis plutôt très satisfait. L’équipe première a terminé sixième de Ligue 2. La réserve se maintient en N2 grâce à sa position de deuxième meilleur 11e. En ces années de reconstruction, je ne retiens que le positif. Surtout au sein d’un football professionnel qui évolue rapidement […] Ce sera un championnat relevé, une « Ligue 1 bis ». Le premier objectif, ce sera d’être dans les 36 clubs professionnels français à la fin de la saison. »
En Avant… mais pas trop vite. Guingamp veut continuer de progresser sans brûler les étapes. Après tout, avec le retour des play-off en 2023-2024, le club breton pourrait monter en faisant juste un peu mieux.
Crédit photo ©Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport