Irrégulier et moribond la saison dernière, l’Amiens SC montre un visage tout autre depuis le début de saison. Plus de deux ans après avoir été relégué de Ligue 1, le Club picard semble enfin avoir enclenché un cycle vertueux, actuellement récompensé par une deuxième place de Ligue 2, a égalité avec le leader, Bordeaux. Le sens de l’anticipation semble être à la base du renouveau de l’ASC.
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La saison 2021-2022 d’Amiens, la première pour Philippe Hinschberger sur le banc aura peut-être servi de laboratoire. Englué dans l’inconstance de son groupe et les problèmes de comportement, l’ex-coach a eu le temps de ruminer les maux de l’ASC et de prendre note des changements à mettre en œuvre. C’est d’ailleurs tout le club qui a eu le loisir de préparer cette transition, Amiens n’ayant plus rien à jouer assez longtemps avant la fin d’un championnat plus ou moins terminé en « roue libre ».
A l’inverse de Nîmes, certes relégué un an plus tard, l’ASC est parvenu à enfin faire table rase du passé. Dès le mois de mai, l’entraîneur amiénois a annoncé sa volonté de réduire l’effectif afin de passer à autre chose et en finir avec les états d’âmes. Le coach a été suivi par sa direction, avec un mercato dont les grandes lignes ont été rapidement réglées, ce qui n’était pas une habitude à Amiens lors des saisons précédentes. Dès la première juillet étaient bouclées les arrivées du gardien remplaçant, Paul Charruau, d’Antoine Léautey et Jérémy Gélin, devenus des incontournables, ainsi que de joueurs qui s’affirment peu à peu dans la rotation (Sebastian Ring, Ange Chibozo). Seul le défenseur central, Abdourahmane Barry tarde à convaincre mais dans la très grande majorité des cas, le recrutement picard a tapé juste. Et l’équipe réalise son meilleur début de saison en Ligue 2 depuis de longues années, un an après avoir connu le pire.
Équipe renouvelée, direction remaniée
Dans la coulisse, l’Amiens SC s’est également réinventé avec un changement d’organigramme initié plus de six mois avant le début de la nouvelle saison, notamment pour pallier le départ de l’ex-président Luigi Mulazzi. L’ancien directeur du centre de formation, Patrice Descamps a été promu directeur général et travaille désormais en étroite collaboration avec le directeur sportif John Williams, l’ancien conseiller du président Bernard Joannin dont les fonctions ont été élargies, et peut-être également clarifiées.
Seul « accroc », du mercato, le cas Aliou Badji, dont le départ à Bordeaux a traîné en longueur jusqu’au 1er septembre après un bras de fer qui aura vu le joueur sécher l’entraînement. Mais là encore, le club picard aura fait preuve d’une capacité d’anticipation assez nouvelle, en dégainant le jour même son remplaçant, en la personne de Papiss Cissé.
Même recette, meilleurs ingrédients ?
Sur le plan du jeu, Philippe Hinschberger n’a pas révolutionner son schéma préférentiel utilisé depuis l’automne 2021, un 3-5-2 avec un duo d’attaquants qui se distingue par sa puissance, avec des profils plus agiles sur le banc (Hassane Bandé, Ange Chibozo) pour bousculer les défenses. C’est d’ailleurs ce qu’à parfaitement fait le dernier cité contre Dijon (2-1) en réussissant un magnifique slalom dans la défense et une passe décisive pour Gaël Kakuta. Sur les côtés, Antoine Léautey et Sebastian Ring, pistons latéraux, sont venu renforcer un secteur de jeu capital dans ce système pour soulager les très jeunes Owen Gene (19 ans) et Mattheo Xantippe, lancés dans le grand bain la saison passée.
Le contexte collectif plus favorable a également permis à des joueurs déjà présents en 2021-2022 de se montrer sous un bien meilleur jour, à l’image de Mamadou Fofana surnommé « Doums », porteur du numéro 6 (à ne pas confondre avec son homonyme et coéquipier, Mamadou Fofana, défenseur malien porteur du numéro 2). L’ancien milieu de terrain havrais a été utilisé à tous les matchs, soit 11 fois cette saison, alors qu’il peinait à se faire une place la saison passée (17 apparitions). Ses prestations sont autrement plus tranchantes avec trois buts et une passe décisive. Il n’avait pas été impliqué sur le moindre but amiénois précédemment. Sorti de l’ombre d’Aliou Badji, Tolu Arokodare est parti sur des bases bien plus élevées en pointe de l’attaque (5 buts en 11 matchs) . Et si Gaël Kakuta confirme les promesses de sa première entrée en jeu, le joker pourrait apporter une nouvelle dimension créative à l’attaque picarde.
Avec la 8e attaque et la 6e défense, l’ASC doit sa deuxième place à une régularité retrouvée, là ou l’équipe 2021-2022 alternait entre soirées magiques et grosse déconvenues. Dans la plupart des indicateurs offensives, Amiens semble devoir placer en milieu de tableau (10e en nombre de tirs, 9e en Expected Goals, 9e en nombre de centres, 16e en termes de kilomètres parcourus). Cette saison l’équipe de Philippe Hinschberger n’en fait pas trop mais juste ce qu’il faut, avec une efficacité redoutable.
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