Il y avait quelques doux souvenirs de l’Euro 2016 dans les travées du Stadium samedi. « Healey’s on fire, your defence is terrified« , a été repris pendant une bonne partie du match contre Sochaux (4-1). Logique. Rhys, devenu l’un des chouchous des supporters toulousains depuis son arrivée à l’été 2020, a régalé avec un incroyable quadruplé. Une dépense d’énergie aussi folle que son flegme au moment de sortir pour recevoir l’ovation méritée. Surtout, une trouvaille estampillée data qui font de l’Anglais une véritable success story en Haute-Garonne.
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Je sais plus si c’est le Stadium ou le Stade de France pic.twitter.com/nvFWAsAD2y
— Vincent Delzescaux (@VincDelzescaux) November 22, 2021
« Pour moi, Healey est le meilleur joueur du championnat ». Après la rencontre, l’entraîneur sochalien Omar Daf ne tarit pas d’éloges envers son bourreau du jour. Avec deux buts du droit, un du gauche, un de la tête, d’une frappe lointaine, en renard des surfaces ou sur une reprise de volée géniale, le Britannique a fait vivre un cauchemar à l’une des meilleures défenses de Ligue 2. « Il sait tout faire. C’est un combattant, il est adroit, il se déplace bien, il a un bon jeu de tête. Il est complet, et c’est un garçon très attachant. Il n’est pas expansif mais je pense qu’il a pris la mesure de sa performance », saluait son entraîneur Philippe Montanier, lui aussi vite conquis par les qualités de son avant-centre.
Pourtant, avant de trôner largement en tête du classement des buteurs cette saison (12 réalisations contre 9 pour son premier poursuivant, Gaëtan Charbonnier d’Auxerre), Rhys Healey a dû faire ses preuves. S’adapter à une nouvelle culture, un nouveau championnat. Lors de son arrivée à l’été 2020, il fait partie des curiosités du nouveau système de recrutement mis en place par Damien Comolli et son équipe via les fameuses datas. Qui d’autre en France aurait pu dénicher cet attaquant pas très grand, pas très rapide, mais au fighting spirit irréprochable et à la qualité technique au-dessus de la moyenne, avec un sens du but hors-pair ? Avec 11 buts marqués sous les couleurs de Milton Keynes en League One (D3), le natif de Manchester venait de boucler son meilleur exercice à 24 ans… Loin d’être une référence en Europe.
De joker à titulaire
Au début, Patrice Garande va l’utiliser avec parcimonie. Sa première titularisation intervient lors de la 12e journée seulement. Auparavant, le technicien l’utilise d’abord comme un joker, comme un puncheur pour muscler les fins de match. Une tactique qui lui offre son premier but sous le maillot Violet contre Auxerre (3-1) pour la première victoire de la saison du Tef’. Deux mois plus tard, Healey fête sa première titularisation en championnat et retrouve le chemin des filets contre Niort. Le début d’une série de 7 buts en 6 matchs. La machine est lancée. « Les joueurs qui ont cette faculté-là, on les laisse sur le terrain. Parce qu’à tout moment, il suffit qu’il touche un ballon et on sait qu’il va la mettre au fond. Pour l’équipe, c’est important de l’avoir. Cela rassure tout le monde, ça effraie aussi les adversaires », expliquait alors Garande, définitivement tombé sous le charme. En décembre, l’Anglais est élu joueur du mois sur MaLigue2 et nous accorde un peu de temps pour évoquer sa réussite, avec le collectif en tête avant tout.
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⚽ Rhys Healey : « C’est juste incroyable » pic.twitter.com/VXIW3zDNhW— beIN SPORTS (@beinsports_FR) November 20, 2021
La vie en Rose
Au final, Rhys Healey boucle sa première saison en Ligue 2 avec 15 pions au compteur, soit sa meilleure référence. Une consolation de la grosse déception de l’élimination en barrages dans la course à la Ligue 1 face à Nantes. Mais l’homme blessé n’en est que plus dangereux. Désormais habitué à notre championnat, l’ancien de Cardiff est cette fois le point d’ancrage des Violets quand les recrues Onaiwu ou Ratao doivent s’acclimater, et la pépite Ngoumou éclore sur le front de l’attaque. Après 16 journées, l’Anglais a déjà presque égalé son record personnel ! Le futur papa est épanoui en France, et ça se voit, ça se ressent. « La première année était difficile, beaucoup de restaurants et d’autres endroits étaient fermés. Mais maintenant, la pandémie est presque derrière nous. La vie est vraiment belle ici. on profite de la culture, c’est complètement différent de chez moi, plus relax, on ne vit pas à 100 à l’heure. Moi et ma femme on adore et on attend un enfant qui va naître en France. C’est le meilleur moment de ma carrière, je me plais sur le terrain et j’espère que ça va continuer ». Et il n’est pas le seul à l’espérer. Les 15 000 spectateurs du Stadium ont encore envie de kiffer à reprendre du Gala sauce Healey en tribunes !
Photo : FEP / Panoramic / Imago.