La « Super Ligue 1 » verra le jour. Ce n’est qu’une question de temps. Les dés sont légèrement pipés, selon certains acteurs. La Ligue 2, pour le moment résolument contre ce projet acté à 18 clubs (pour la L1 et la L2) n’aura vraisemblablement pas le choix que de suivre. Ses voix (35) à l’AG ne pèsent guère face à celles de la L1. Et quand bien même elles décrochent la majorité (comme pour la L2 à 22 l’an dernier), elles se font retoquer à l’étape suivante. Un éternel recommencement.
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Mardi, le collège Ligue 1 s’est quasi-unanimement déclaré favorable à un resserrement de l’élite en 2022-2023. Seuls Reims (abstention), Metz et Brest (contre) ont eu le courage de s’y opposer. Des clubs qui ne semblent pas oublier leur passé, récent, en Ligue 2, et qui font de la solidarité un principe fondamental. Là où d’autres, nombreux, ne savent associer les actes à leurs belles paroles. Un sentiment contrasté prédomine. La surprise mêlée à de l’abattement. Depuis quand le foot professionnel, et encore plus la Ligue 1, sait se montrer généreux et partageur ? Jamais. Ses locomotives, nécessaires, ne cessent de réclamer davantage. Ses suiveurs, trop heureux d’être dans une forme d’élite, se sentent pousser des ailes. Des « requins », les qualifie Samuel Laurent.
Le fossé se creuserait davantage entre les 18 du haut et ceux du bas…
Dans ce contexte, il paraît toutefois surprenant d’apprendre que Nîmes et Dijon, officiellement relégués en L2, que Lorient, Strasbourg, Angers et Lens aient suivis le mouvement. Aient répondu à un débat qui n’a pas lieu d’être. En dehors du RCSA, remonté en un coup de L2 en L1 mais concerné par le maintien, toutes les autres ont peiné pour quitter l’antichambre du foot français. En terminant dans le ventre mou, en chutant en barrages, en finissant au pied du podium… Qu’ils participent à la création d’une « Super Ligue 1 » quasi-fermée paraît grotesque, presque contre-nature. Et pourtant…
Deux, trois ou quatre millions d’euros supplémentaires en raison d’une répartition moindre sont attendus les yeux pétillants. La bouche ouverte. La langue pendue. Cerise sur le gâteau, il y aurait, après les 4 descentes de 2022 (la Ligue 1 n’en souhaite bizarrement que 3), une probable refonte (une directe et un barrage ?). Le fossé se creuserait davantage entre les 18 du haut, promis à des rentrées d’argent et des aides à la relégation légèrement plus solides, et le panier du bas. Une forme de Super National où s’en sortir deviendra impossible. Ce n’est, aujourd’hui, plus le souci d’une élite bien décidée à s’en sortir seule, et à laisser crever les autres. L’image d’un football que l’on souhaiterait de manière utopique voir disparaître.
© Image Philippe LECOEUR, Panoramic / Imago
La raison de la "trahison" des ex-Ligue 2 est simple : 20/18 = 1,11 soit 11% de gâteau supplémentaire pour les 18 restants pas étonnant que certains aient même proposé une réduction à 16 ce qui aurait fait 20/16 = 1,25 soit 25%. Il y a aussi un autre poste de recettes qui est affecté, c'est la billetterie. Malgré deux rencontres en moins, les 17 rencontres seront plus remplies que les 19. En effet le niveau moyen sera meilleur et surtout, il y aura moins de "matchs sans enjeu" de fin de saison, invendables tant pour la télé que le club. Actuellement il y a 11 places de Ligue 1 sur 20 sans signification (les places 7 à 17), et 12 places en Ligue 2 (6 à 17), ce qui fait qu'une demi-douzaine d'équipes du ventre mou joue 'pour du beurre' pendant les 2 mois de printemps, pourtant propices à remplir les stades. Sur le plan tant commercial que sportif c'est idiot. Il faudrait prendre exemple sur les Pays-Bas : 11 places d'Eredivisie sur 18 donnent une voie pour l'Europe ou la relégation (dont 5 places de barragiste). La frustration des ex-Ligue 1 ne sera pas forcément plus grande, puisqu'il y aura toujours 2 places et demi pour la montée, et que le championnat de Ligue 2 sera lui aussi resserré. Alors pas la peine de s'enflammer pour si peu !