Luzenac a obtenu gain de cause auprès du Conseil d’Etat. Six ans et demi après avoir vu les instances du foot français s’opposer à la montée en Ligue 2, le LAP a vu la plus haute juridiction lui donner raison. Et débouter la LFP. Président de la SASP du LAP, Jérôme Ducros s’est longuement livré à MaLigue2.fr, notamment pour évoquer le futur de son club, pensionnaire de Régional 1.
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MaLigue2 : Président, quel sentiment vous anime après la décision du Conseil d’Etat ?
Il y a de l’amertume. Je suis, certes, ravis que l’on dise que la LFP a fauté. C’est écrit dans le marbre. La Ligue a fait une faute en refusant au LAP la Ligue 2. Le délai de 6 ans et demi reste inadmissible car maintenant, comment peut-on faire ?
Cela ne ramènera pas les joueurs de l’époque sur les pelouses, et encore moins vos salariés…
Certains joueurs n’ont pas retrouvé de club après Luzenac, et ont arrêté leur carrière ! C’est terminé pour eux, la page est tournée. Je ne peux pas reprendre les gens qui étaient avec moi il y a 6 ans ! Cela me trouble aujourd’hui. C’est une victoire, mais un énorme gâchis en même temps.
Ce long combat n’a pas été vainement mené…
Je n’arrêtais pas de clamer que nous étions dans notre bon droit. Des gens le comprenaient, d’autres refusaient de l’entendre. En face, j’avais une machine de guerre. La LFP brasse des milliards. Quand la LFP dit non, on a plus tendance à la croire qu’à prendre la défense d’un village de quelques milliers d’habitants.
« On a pu laisser une empreinte »
Depuis votre affaire, de nombreux clubs ont pu accéder à la Ligue 2 avec des moyens sensiblement les mêmes que les vôtres, et sans forcément plus de stade…
Depuis Luzenac, il y a des changements dans les statuts de référencement. Le cas Luzenac ne devait plus jamais se reproduire. Une « loi Luzenac » est d’ailleurs passée. Un club qui a ses comptes corrects, on va l’aider pour monter. On ne va pas lui mettre des bâtons dans les roues, même s’il n’a pas de terrain. La dérogation de ce dernier n’est plus un problème…
Luzenac a donc servi d’autres clubs…
C’est une satisfaction, vraiment, pour les clubs amateurs qui ont été dans notre position et qui ont pu monter. On a pu laisser une empreinte. L’histoire Luzenac sera toujours présente. Nous avons réussi à faire un peu changer le football professionnel amateur. Bon… c’est tombé sur nous ! Il fallait bien qu’il y ait un cas d’école. Il y a aussi la satisfaction personnelle de m’être battu pendant six ans et demi !
« J’aurais du mal à ce qu’un autre club subisse une injustice comme celle-là »
Aujourd’hui, le Conseil d’Etat a donné raison au LAP. Que va-t-il se passer ?
Nous sommes en droit d’aller demander le passage en CA de la LFP pour l’accession en Ligue 2. Ensuite, de demander devant les tribunaux une indemnité financière suite à la faute de la LFP. Cette indemnité n’a d’ailleurs jamais été demandée puisqu’il s’agissait jusqu’alors de préjudices moraux et d’image. La LFP a été jugée fautive, donc cela se traduit par une indemnité légitime. Il y a eu la perte de mon fonds de commerce, de mes joueurs, de mon staff. Cependant, que vais-je faire si j’obtiens la réintégration en Ligue 2 ?
Remonter une équipe n’est pas chose aisée…
Après mûre réflexion, je ne veux pas que cela retombe sur un futur club de Ligue 2. La réintégration du LAP forcera à jouer à 21 et, donc, engendrera une descente supplémentaire, ce qui fera passer à 3 relégations et un barrage. Un club de Ligue 2 sera donc lésé. J’aurais du mal à ce qu’un autre club subisse une injustice comme celle-là. Il faut être raisonnable et s’asseoir autour de la table avec la LFP, son nouveau président et voir comment nous pouvons réintégrer Luzenac, peut-être à un étage inférieur pour ne pas gêner la Ligue 2. Mais aussi trouver une solution financière afin que nous puissions repartir normalement. Je veux que les actes soient assumés.
« Je ne suis pas là pour gagner de l’argent, mais pour rebâtir »
Vous laissez la porte ouverte à une entente en bonne intelligence.
Je suis dans la position de trouver une issue sans avoir des complications supplémentaires. Je suis prêt à faire ce geste, mais à condition d’avoir une écoute en face de moi. Cela fait 6 ans que je demande à m’asseoir autour de la table. Madame Boy de la Tour (ancien président de la LFP) n’a jamais donné suite. Monsieur Quillot (ancien directeur général) a refusé, me donnant rendez-vous en justice. La justice a tranché. On ne peut plus se cacher derrière cela, derrière un appel ou une cassation. C’est fini ! Il faut trouver une solution, sinon j’irai faire valoir mes droits devant les tribunaux.
Et réclamer une indemnité financière bien plus importante ?
Le curseur est énorme ! Je vous rappelle qu’à l’époque, la LFP a refusé de nous éditer les licences de joueurs. Cela m’a forcé à laisser partir les joueurs libres. Et tout le reste, comme les procédures de licenciements… Je ne suis pas là pour gagner de l’argent, mais pour rebâtir. Car le droit, nous l’avons gagné. Si on s’assoit autour de la table, ce sera une discussion intelligente. Je suis pour rembourser ce que je dois, par rapport au préjudice financier car nous n’avons pas déposé le bilan. On est vivant ! Il nous faudra les moyens pour remonter par la suite. On veut continuer notre aventure, peu importe le niveau où nous redémarrerons.
Quel est le timing à venir ?
Quoi qu’il arrive, dans les semaines à venir, soit je suis assis autour de la table, soit j’irai faire prévaloir mes droits pour forcer le conseil d’administration et une indemnité auprès des tribunaux. Je veux, quoi qu’il arrive, commencer la saison 2021-2022 avec des accords et des nouveaux statuts pour notre équipe.
Nous Attendrons la suite des événements avec beaucoup d'enthousiasme un retour en nationale 1 ne serait que justice les matchs sur le terrain de Foix avec les accords de la mairie et les aménagements modernes quel plaisir de retrouver les belles sensations de l'époque ⚽⚽⚽⚽⚽⚽