Seul rayon de soleil dans une triste saison de Ligue 2 pour le VAFC, la demi-finale de Coupe de France à Lyon est en train de tourner au casse-tête pour les supporters nordistes souhaitant se déplacer au Groupama Stadium le 2 avril. Représentant du groupe Ultras Roisters, Stéphane B. regrette le manque de soutien du club et des élus. Entretien.
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MaLigue2 : Bonjour Stéphane, le déplacement à Lyon devait être une fête pour les supporters du VAFC, quelles sont vos difficultés depuis l’annonce du tirage au sort ?
Stéphane B. : C’est un match historique pour Valenciennes (ndlr : première demi-finale de Coupe de France depuis 1970) dans une saison très compliquée où l’on va descendre en National. Ce parcours en Coupe et ce tirage à Lyon était une éclaircie. Dans la tête des supporters, c’était un rêve d’organiser un très gros déplacement pour montrer que Valenciennes est toujours là quoiqu’il arrive. On a eu deux réunions avec le club et c’est devenu un cauchemar.
ML2 : C’est le coût du trajet qui pose problème ?
SB : À la base, on s’est dit qu’on voulait partir en train parce que c’était plus simple au niveau de l’organisation. On voulait partir tous ensemble et faire une grosse fête. Et au niveau de l’écologie, faire partir un train, c’est beaucoup mieux que 20 bus. On s’est dit que ce serait une bonne opération de communication pour tout le monde. On s’est mis en contact avec le club. Le VAFC s’est mis en contact avec la SNCF qui a fait un devis à 140 euros par personne, soit 140 000 euros pour 1000 personnes. Le parcage à Lyon est à 1500 personnes. En sachant qu’aujourd’hui, les lignes régulières pour aller à Lyon sont à 50€ aller-retour (ndlr, ce mardi à midi, un aller simple Valenciennes – Lyon le 2 avril était réservable à 41€ sur le site SNCF Connect, sans réduction en seconde classe). On trouve ces tarifs plus qu’abusifs. On espérait que les élus et le club fassent pression sur la SNCF mais apparemment ni les uns ni les autres ne se soucient de ce problème là. On se dit que si on était un autre club de la région, tous les élus auraient fait pression mais on n’est « que » Valenciennes et personne ne se bouge. C’est la colère qui domine depuis lundi soir.
ML2 : Alors pourquoi ne pas se rabattre sur un voyage en bus ?
SB : Le problème c’est que les compagnies de bus, soit ne nous répondent pas parce qu’on est que des supporters de foot, soit nous font des devis, comme la SNCF à des prix de fous. Ça nous revient à peu près à 100€ par personne. On a l’impression de n’être aidé par personne. On pensait vraiment que notre fidélité pendant ces 10 années de galère allait être récompensée par cette demi-finale pour penser à autre chose que la descente en National et c’est tout le contraire qui arrive.
« Les pouvoirs publics et les élus du Valenciennois ne font aucun effort pour nous aider »
ML2 : Qu’est-ce qui diffère en termes d’organisation d’un match de championnat, hormis le nombre de supporters ?
SB : Le jour de la semaine, un mardi soir. C’est compliqué, c’est juste après le gros week-end de Pâques. On nous sort comme excuse que c’est pour ça que les bus ne sont pas disponibles ou alors sont très chers. On a un peu de mal à y croire, on a de très grosses compagnies à Valenciennes qui ont énormément de cars mais on a bien compris qu’on n’était que des supporters de football. On nous voit comme des sauvages et on ne veut pas nous transporter. On le regrette. On sait ce qu’on est, on sait ce qu’on fait mais on sait aussi avoir des responsabilités. Ça fait 25 ans qu’on gère nos tribunes. Si on prend 20 bus, on sait qu’on va rendre 20 bus dans un bon état. À la fin, les pouvoirs publics et les élus du Valenciennois ne font aucun effort pour nous aider, ces mêmes élus qui faisaient des photos avec les nouveaux propriétaires du club cet été quand tout le monde pensait que tout allait bien se passer. Quand on a besoin d’un petit coup de main, il n’y a plus personne.
ML2 : Comment sont négociés les devis ?
SB : La SNCF, c’est le club qui a géré. Les compagnies de bus, c’est nous via nos contacts qu’on a depuis de longues années. On envoie des mails, on appelle… Sur 50 compagnies sondées on a eu cinq réponses et avec des prix fous. Ce matin, on a des prix à 6000 ou 7000 euros le bus. Nous n’avons absolument pas les finances pour ça. Les supporters, quand on leur annonce qu’il faut payer entre 100 et 150€ pour ce match, ils ne comprennent pas.
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ML2 : La Coupe de France, c’est pourtant la seule chose qui maintient le moral des supporters du VAFC en ce moment…
SB : La saison est finie ! C’était vraiment l’éclaircie, le rêve une demi-finale de Coupe de France. Parce que la finale est à Lille ! 15 ou 20 000 supporters de Valenciennes au stade Pierre-Mauroy, ça pourrait être énorme. Même si nos chances de qualifications sont minimes, nous on y croit parce qu’on sait ce qu’on peut faire à Lyon et que dans un match de Coupe, tout est possible. Mais si les élus ne veulent pas nous aider à soutenir les joueurs là-bas. C’est la tristesse, l’incompréhension… Même au niveau du club qui nous dit qu’il ne veut pas nous aider financièrement. On est des ultras, on est des indépendants, pas de souci mais on représente aussi le public lambda, les milliers d’abonnés restés fidèles pendant toutes ces années galères. Le VAFC prend 400 000 euros pour la qualification en demi-finale, il va partager la recette de billetterie avec l’Olympique Lyonnais qui va faire guichets fermés. Ce n’est pas l’argent des actionnaires qu’on demande, juste une partie infime de la dotation de la FFF qui aurait pu servir à réduire le prix du billet de train. On pense que c’est possible mais le club nous donne des réponses négatives. Tout en haut, au niveau des actionnaires de la multi-propriété, ils s’en foutent un peu de Valenciennes. On s’en rend compte au niveau sportif et on est en train de s’en rendre compte au niveau extra-sportif.
« Le club et les autorités auront leur part de responsabilité si ça se passe mal »
ML2 : Comment sont les relations entre les ultras et le club depuis l’arrivée du nouvel actionnaire (Sport Republic) ?
SB : Très bonnes ! C’est bien ça le problème, c’est qu’on est en train de créer un froid. Ils ont mis en place un directeur général amoureux du club et de la ville qui est Yoann Godin, un responsable de la communication, François Launay qui est amoureux du club, peut-être encore plus. Mais ce ne sont pas eux les décideurs tout en haut. Ceux-là sont aux abonnés absents. On ne les voit pas, on ne les entend pas parler. Ça commence à faire très peur, on voit comment se passe les multi-propriétés à droite et à gauche et ça se passe souvent très mal. On a bien réagi quand ils sont arrivés car on a tellement voulu le départ de l’ancienne direction (ndlr, Eddy Zdziech). Même s’ils ont deux autres clubs (ndlr, Southampton et Göztepe), on aimerait qu’ils montrent leur attachement à Valenciennes et ça aurait pu passer par nous aider pour cette date historique. Ça crée énormément de tensions
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ML2 : Il reste trois semaines avant le match : combien de temps pour trouver une solution ?
SB : On est en train d’essayer de se débrouiller avec le peu de bus qu’on a et les mecs sont en train de réserver leur train par leurs propres moyens. Il va y avoir entre 100 et 200 Valenciennois qui vont arriver en train à Lyon dans la journée avec les difficultés de sécurité que ça va engendrer. Les bus vont arriver en ordre dispersé, ça va être un bordel pas possible. On voulait vraiment arriver ensemble à 1000 avec des horaires bien précis, comme un déplacement de Coupe d’Europe. Pour nous c’est un peu notre Coupe d’Europe comme notre match contre Sedan il y a 20 ans (3-0, 36e journée de Ligue 2 2005-2006, validant la montée en L1). Tout le monde va arriver à Lyon chacun de son côté. Le club et les autorités auront leur part de responsabilité si ça se passe mal.