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Bilan 2022-2023 (6/20) – Le HAC, un champion solide et le triomphe d’une méthode

Treize saisons après avoir été relégué de Ligue 1 pour la dernière fois, Le Havre Athletic Club, doyen des clubs français, va retrouver l’élite. Après de longues années de torpeur, les Ciel & Marine ont trouvé le déclic à un moment inattendu, juste après le lancement d’une nouvelle ère sur le plan de la direction sportive. Le HAC, avec sa défense impénétrable, restera un champion mémorable, avec tout de même quelques lacunes à régler pour survivre à l’étage supérieur.

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Leader de la 14e à la 38e journée, auteur d’une série d’invincibilité de 32 rencontres, le HAC aura éclaboussé cette saison, pas forcément par une grande flamboyance, mais surtout grâce à sa maîtrise. Avec seulement 19 buts encaissés, les Ciel & Marine ont égalé le record établi la saison passée par l’AC Ajaccio. Peu nombreux étaient les suiveurs du club à espérer un tel dénouement il y a un an, alors qu’un tout nouveau projet sportif se mettait en place sous la direction de Mathieu Bodmer, accompagné de Julien Momont (responsable analyse du jeu et data), avec l’intronisation de Luka Elsner sur le banc.

Là où certains clubs ont échoué en voulant appliquer des concepts pré-mâchés pas forcément adaptés au contexte (exemple, le gegenpressing de Nancy en 2021), les dirigeants havrais ont étudié la Ligue 2, ses particularités tactiques pour construire une idée de jeu optimale. Le même processus devrait être appliqué à la Ligue 1 la saison prochaine.

Le discours et la méthode étant bien établis, le HAC n’a pas failli dans l’application en recrutant les profils idoines, surtout en ce qui concerne la base défensive de l’équipe, en relançant comme gardien de but, Arthur Desmas, grand artisan de la montée de Clermont deux ans plus tôt, en difficulté à l’étage supérieur ou encore Gautier Lloris, qui sortait d’une saison quasi blanche à Auxerre. Sur les côtés, Oualid El Hajjam (ex-Troyes) et Christopher Opéri (ex-La Gantoise) se sont montrés quasiment infaillibles.

Un casting presque parfait

Le travail du coach Luka Elsner est à souligner pour avoir aussi sublimé les éléments déjà présents : pour sa deuxième saison en tant que titulaire, le stoppeur Arouna Sanganté a passé un cap, tout comme Amir Richardson au milieu de terrain. Le capitaine, Victor Lekhal, a réalisé à 29 ans la meilleure saison de sa longue carrière normande (6 buts) et Yassine Kechta est passé de réserviste très peu utilisé par Paul Le Guen à international marocain en quelques mois.

Élu meilleur entraîneur de Ligue 2 par ses pairs, après avoir dépassé toutes les attentes, le technicien slovène en a beaucoup demandé à ses joueurs, notamment une intensité de tous les instants. « La dynamique de la semaine a été modifiée avec l’arrivée de Thomas Joubert (préparateur physique). On a discuté de notre capacité à mettre plus de contenu, plus d’intensité avec un groupe qui est jeune et capable de supporter la charge. C’est comme ça depuis la préparation. Installer quelque chose comme ça en milieu de saison, c’est plus dur. Les joueurs adhèrent et arrivent à enchaîner les matchs et à produire des efforts assez intenses. Ça nous permet de mettre plus de contenu. Les garçons ont envie de progresser et on arrive malgré tout assez frais au match », expliquait Elsner au mois de septembre. « C’est un coach qui n’aime pas attendre et subir. Il préfère que notre équipe soit assez agressive, plutôt que passive », nous confiait Gautier Lloris quelques semaines plus tard.

Malgré des pointes émoussées…

C’est sur le plan de l’attaque que la grande transformation havraise a le moins bien pris. En difficulté à Sochaux, Yann Kitala (2 buts) n’est pas parvenu à se relancer réellement, Jamal Thiaré (4 buts) a manqué une quinzaine de match entre blessures et suspension de fin de saison, et a confirmé qu’il n’avait pas le profil d’un pur buteur prêt à jouer seul en pointe. Quentin Cornette (6 buts), sur le départ avant le changement de dirigeants et rattrapé au dernier moment, a joué sur courant alternatif. Nabil Alioui, milieu offensif replacé en avant-centre, a connu une belle période (6 buts). Quand ce dernier a subi une fracture du plancher orbital en début d’année civile, le compteur de buts a peiné à tourner, malgré l’intégration de jeunes joueurs (Mahmoud, Joujou, Casimir) ou l’arrivée de Samuel Grandsir au mercato hivernal. « On en a marre de faire briller les gardiens, on a une tonne d’occasions, il y a un manque de réussite mais on manque aussi de détermination », regrettait le coach après une défaite contre Valenciennes (0-2).

Sur la fin de saison, les limites offensives se sont fait ressentir. Sur les dix derniers matchs de l’exercice, le HAC n’est parvenu qu’une seule fois à marquer à deux reprises dans le temps réglementaire, face à Caen (2-1), et le tableau d’affichage du Stade Océane est souvent resté figé malgré la domination des hommes d’Elsner (0-0 face à Guingamp et QRM, victoire contre Rodez 1-0 grâce à un but contre leur camp des Ruthénois). Néanmoins, le stade a retrouvé de la ferveur. Alors que la saison passée, l’enceinte dépassait péniblement les 6000 spectateurs de moyenne, l’affluence a doublé en 2022-2023.

En Ligue 1, Océane devrait trouver beaucoup plus souvent preneur pour ses 25 000 sièges. Sur le terrain, c’est un tout autre challenge qui attend le HAC. Le capitaine Lekhal ne sera pas de l’aventure, pas plus qu’Amir Richardson, dont la signature à Reims était actée de longue date. Le milieu est à reconstruire et un cap qualitatif devra impérativement être passé en attaque, chose qui a cruellement manqué à Auxerre et a fortiori Ajaccio, deux des promus de la saison passée. Avec des moyens modestes et de grands talents à affronter, les Ciel & Marine ne pourront plus avoir autant de maîtrise sur les événements. L’analyse du contexte et le choix des hommes devra être encore meilleur pour ne pas revoir la Ligue 2 dans un avenir proche.

Photo ©Christophe Saidi/FEP/Icon Sport

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