Championnat

Bilan 2022-2023 (3/20) – Dijon relégué en National, l’histoire de l’un des plus gros gâchis de la Ligue 2

La Ligue 2 et Dijon, c’est déjà fini. Seulement deux ans après avoir retrouvé le championnat en descendant de l’élite, le club bourguignon le quitte à nouveau mais par la petite porte, en chutant en National au terme d’une saison avec quatre descentes. Il est désormais l’heure de faire un bilan de la saison 2022-2023 du DFCO, un club qui n’est jamais resté bien longtemps en place.

À lire aussi >> Dijon – François Rebsamen : « La ville ne laissera pas tomber le DFCO »

Photo Julien Parisot / MaLigue2

Sur une trajectoire ascendante pendant près de 20 ans sans interruption ou presque, Dijon connaît pour la première fois de son histoire une période très compliquée avec trois saisons consécutives de déceptions, d’échecs et de désillusions. À l’image des projets ambitieux du Mans, de Grenoble et consorts, qui ont mis du temps à se relever et qui n’ont toujours pas retrouvé leur gloire d’antan. Voire pire, qui plongent toujours plus bas comme Sedan le fait actuellement, avec une relégation administrative en N2 prononcée par la DNCG.

Initialement, le DFCO voulait pourtant faire partie du haut du panier avec un objectif de remontée en Ligue 1 en l’espace de trois années annoncé par le président du club Olivier Delcourt à l’été 2021. Suite à un exercice déjà compliqué (avec une 11e place finale) qui avait vu Patrice Garande succéder à David Linarès après seulement cinq journées, tout était à rebâtir quand l’ancien technicien de Caen et de Toulouse avait finalement décidé de s’en aller après moins d’un an en Bourgogne. Plus tard, celui-ci soulignera dans un entretien à ML2 que les conditions pour réussir à Dijon n’était pas réunies : « J’étais sûr de ne pas trouver au DFCO les conditions pour atteindre l’objectif, à savoir remonter en L1. Je pense que pour jouer la montée, il faut de l’exigence partout, dans toutes les composantes du club. Autant j’ai eu une très bonne relation avec Olivier Delcourt, mais on n’était pas en phase sur ce point-là, il valait mieux se séparer. »

Et peut être que le président du club dijonnais aurait dû écouter les conseils prodigués par son entraîneur, ou par Antoine Kombouaré (qui avait refusé de prolonger quelques années avant lui, après un maintien en Ligue 1 obtenu de justesse en barrages contre Lens). Mais rien n’a fondamentalement changé au sein du club, si ce n’est le staff sur le banc de l’équipe de Ligue 2, désormais composé d’Omar Daf, d’une ancienne gloire du club Stéphane Mangione, ainsi que de la majorité des collaborateurs du coach sénégalais à Sochaux. Il faut bien avouer que sur le papier, cela semblait une très bonne idée étant donné le projet mené par l’entraîneur du côté du FCSM, qui progressait chaque année avec son équipe jusqu’à atteindre le deuxième tour des play-offs avant de chuter face à l’AJA, futur pensionnaire de Ligue 1. Ainsi, peu de gens s’attendaient à une véritable catastrophe industrielle et Dijon faisait logiquement figure de candidat à la première moitié de tableau, si ce n’est au deux premières places très disputées.

La figure de proue du projet de Dijon, Omar Daf, a obtenu l’un des pires ratios de victoire de l’histoire du club (photo by Vincent Poyer/FEP/Icon Sport).

Qui pourra nous en vouloir de nous être enflammés, après un début de saison aussi réussi (3 victoires, deux matchs nuls) et une première journée pendant laquelle le DFCO a dominé une AS Saint-Étienne – qui faisait elle aussi partie des candidats à l’accession – en match d’ouverture ? À l’époque, Mickaël Le Bihan semblait être redevenu un attaquant qui allait maltraiter toutes les défenses de Ligue 2, Bryan Soumaré était sans doute l’un des tous meilleurs milieux offensifs à ce niveau et Xande Silva, recruté de Nottingham Forest, faisait déjà chavirer les cœurs dijonnais. Mais sur un équilibre assez précaire, la confiance et le moral de l’effectif sont entrés dans une phase de chute libre dès le premier pas de travers, à domicile contre Annecy (défaite 2-0 malgré les deux cartons rouges pour les adversaires).

Dans la foulée : trois défaites de plus, avant de freiner cette spirale infernale à domicile contre Le Havre (0-0), futur champion de Ligue 2. Ce genre de coups de mou arrive même aux plus grandes équipes, mais celles qui sont destinées à faire de grandes choses s’en relèvent. De son côté, Dijon est resté dans la médiocrité et n’a plus gagné de match pendant quatre mois complets, entre le 27 août et le 26 décembre (avec un succès salvateur contre Laval, 5-0). Si la trêve de la Coupe du Monde au Qatar rend cette période plus impressionnante qu’elle ne l’est réellement, il faut bien comprendre que les 10 matchs sans succès (dont une élimination précoce et gênante en Coupe de France contre Saint-Pryvé aux tirs au but) avaient d’ores et déjà tué dans l’œuf tout espoir de montée pour Dijon, qui récolte seulement quatre points en neuf journées. Un rythme encore moins bon que celui de la lanterne rouge sur l’ensemble de la saison.

Avec le recul, cette victoire qui aurait pu être un tournant pour le DFCO s’est transformée en malédiction : les joueurs se seraient-ils alors relâchés, pensant que leur place n’était pas dans le bas de tableau ? « Si tout le monde y met du sien, on peut vraiment aller chercher quelque chose », disait alors Bryan Soumaré, qui sous entendait que la montée serait difficile à aller chercher mais que ce n’était pas impossible. La dure réalité des choses le rattrapera bien vite, puisque son équipe ne gagnera que deux fois de plus entre la 17e et la 29e journée (contre Valenciennes et Grenoble). Une forme absolument terrible forçant Olivier Delcourt – qui avait pourtant répété plusieurs fois qu’il ne se séparerait pas d’Omar Daf – à changer de coach et à nommer Pascal Dupraz deux jours après une défaite à Caen (2-1, Dijon avait ouvert le score à la 1ère minute).

Dans ces missions impossibles pour sauver un club, le coach haut-savoyard est souvent parmi les priorités des présidents en détresse. Et même si Dupraz affirme que M. Delcourt ne l’appréciait guère avant de faire appel à lui, il accepte de relever le défi et croit fermement en ses chances de réussite. « Une chance sur deux de se maintenir » pour être exact. Dijon peut le remercier d’avoir fait de son mieux pour redresser une équipe si mal embarquée, qu’il parvient à réathlétiser et à remobiliser. Résultat : quatre victoires et quatre matchs nuls obtenus sur les huit journées suivantes, juste avant de disputer une finale… au Havre, pas encore champion ni promu. La marche était un peu trop haute et la seule défaite de Pascal Dupraz (1-0) est aussi synonyme de 18e place, donc de relégation du Dijon FCO en National, dix-neuf années après l’avoir quitté.

Retrouvée bien trop tard, la solidarité du groupe dijonnais a aidé à entretenir l’espoir, en vain (photo Julien Parisot / MaLigue2)

« Sur les deux derniers matchs, je pense que les joueurs étaient émoussés, analyse le président Olivier Delcourt. Rien de très surprenant au terme d’une saison très longue et éprouvante. On n’a pas réussi, mais on a tout tenté jusqu’au bout. On peut entendre les critiques, trop tôt, trop tard, on ne saura pas. J’avais déjà initié des choses, on s’était mis d’accord avec Pascal pour son arrivée au 9e match. C’est un gros challenge, il a pris 16 points en neuf matchs. C’est très dommage, dans la vie, il y a des hauts et des bas. »

Désormais, alors que des bruits de reprise du club par des investisseurs français et étrangers se font de plus en plus insistants, le DFCO arrive à un croisement et va devoir faire les bons choix pour que sa période professionnelle de 20 années ne disparaisse pas aussi vite qu’elle est arrivée. « Il faut restructurer le club, retranscrit Le Bien Public après la conférence de presse d’Olivier Delcourt ce mardi. Depuis la fin de l’année, j’ai ouvert la porte à des investisseurs ou repreneurs pour impulser une nouvelle dynamique. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le modèle économique du DFCO, avec un président comme moi, qui est un chef d’entreprise à la tête d’une PME locale, qui a des moyens limités, mais des moyens quand même, c’est très rare. Quand il y a eu des moments compliqués – y compris à la DNCG, il y a quelques années quand il a fallu remettre de l’argent – j’ai fait ce qu’il fallait à titre personnel. Mais de nos jours, dans le foot, il faut des moyens plus importants pour atteindre des objectifs de remontée en Ligue 1. »

En National, le budget démesuré du club va être drastiquement réduit et Dijon n’a pas les reins assez solides pour continuer de mener un train de vie aussi dispendieux. Surtout avec les prêts des nouvelles infrastructures à rembourser. Reste aussi à régler les questions du coach et de l’effectif, qui ne vont pas l’un sans l’autre. Beaucoup de joueurs sont en fin de contrat, d’autres pourraient vouloir rester en Ligue 2 ou devront quitter Dijon pour lui permettre d’alléger la masse salariale. « Ceux en contrat qui veulent partir, je n’ai pas de soucis, mais ils ont aussi contribué à cet échec. Je n’ai pas de problème mais il faut que le club s’y retrouve ». En bref, un sacré chantier à débuter sans plus tarder et surtout sans réitérer les erreurs de la première relégation.

Vos commentaires :

  1. Blanchet

    Sans commentaire !!!

    1 réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *