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Ligue 2 – D’où viennent les noms des stades ? (épisode 3)

Troisième et antépénultième étape de notre tour des noms des stades de Ligue 2. Au menu cette fois : un historien, un héros de guerre et aussi une compagnie d’assurance

Paris FC (Stade Sébastien-Charléty)

Il n’est que rarement usité mais l’enceinte qui accueille le Paris FC (entre autres) possède bien un prénom. Le Stade s’appelle officiellement Sébastien-Charléty d’après un éminent historien originaire de Chambéry (1867-1945), auteur d’ouvrages sur l’histoire de Lyon, la période de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Ancien recteur de l’Académie de Paris, l’universitaire a œuvré pour la construction du stade en 1939, dans ce qui était à l’époque un terrain vague du sud de Paris, à quelques pas de la Cité internationale universitaire de Paris. L’enceinte est initialement créée pour accueillir les activités du Paris Université Club (PUC), d’où la piste d’athlétisme et les autres installations attenantes :courts de tennis, salle pierre Charpy pour le volley, etc. Situé avenue Pierre-de-Coubertin, le complexe accueille également le siège de la Fédération Française d’Athlétisme et les bureaux du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Le lieu n’a jamais été conçu pour la pratique du seul football, au grand dam des dirigeants actuels du Paris FC. Fortement rattaché à la culture olympique, Charléty n’abritera pourtant aucune épreuve des Jeux de Paris 2024.

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Grenoble (Stade des Alpes)

Dans le doute, autant choisir le nom de la chaîne montagneuse plus proche. « Au bout de chaque rue, une montagne » écrivait Stendhal au sujet de la préfecture iséroise. Grenoble est entouré par les massifs du Vercors, de la Chartreuse et de la Belledonne, soit le pied des Alpes et les montagnes sont omniprésentes dans le décor de la ville. Le GF38 évolue donc au Stade des Alpes depuis 2008 et l’inauguration de l’enceinte. Auparavant, l’équipe première jouait au Stade Lesdiguières, et encore avant cela au Stade Charles-Berty, démoli en 2003. D’une certaine manière, le Stade des Alpes a succédé à son quasi-homonyme italien Stadio delle Alpi de Turin qui accueillait les rencontre du Torino et de la Juventus, désaffecté en 2006 et démoli en 2008.

Bordeaux (Matmut Altlantique)

Inauguré en 2015 le Matmut Atlantique est né à l’ère du « naming » et porte le nom d’une société d’assurance (Mutuelle d’Assurance des Travailleurs Mutualistes, fondée à Rouen en 1961) au même titre que l’Allianz Riviera à Nice. L’entreprise a signé un contrat jusqu’en 2025 pour apposer son nom sur l’enceinte moyennant deux millions d’euros par an, soit moitié moins que ce qui était initialement espéré par le gestionnaire du stade, SBA. À l’époque, la décision avait fortement déplu à une partie des supporters, opposés au principe du naming ou trouvant tout simplement cette appellation « moche ». Une consultation non-officielle avait été  organisée par le groupe Ultramarines pour donner au stade un nom plus en rapport avec l’histoire du club. « René-Gallice », champion de France 1950 et porteur du maillot au scapulaire pendant douze saisons, avait remporté le suffrage devant « Stade du Port de la Lune », « Stade Claude Bez », et « Stade Alain Giresse ». L’appellation officieuse est toujours préférée par certains amoureux du FCGB.

Laval (Stade Francis-Le Basser)

Lieu historique de la Ligue 2, le Stade Francis Le Basser accueille les rencontres du Stade Lavallois depuis le début des années 1970. Point commun avec le Stade Charléty, le bâtiment est situé le long d’une autre avenue Pierre-de-Coubertin, dans la ville mayennaise.

À l’instar de Niort, le stade de Laval porte le nom d’un ancien maire de la ville, Francis Le Basser qui a porté l’écharpe tricolore après la Libération de 1945 à 1946, puis un peu plus longuement de 1956 à 1971. Il a également été sénateur pendant 17 ans et président du conseil général de la Mayenne pendant 27 ans. Médecin de profession, il est médaillé de la Croix de guerre lors de la Première guerre mondiale. Il se distinguera à nouveau lors de la Seconde Guerre Mondiale en participant activement à la Résistance, ce qui lui vaudra d’être arrêté par la Gestapo puis déporté à Dachau. Admirateur du général de Gaulle, il quittera tout de même la majorité en fin de carrière pour rester fidèle à ses convictions de centre-gauche. Président du Stade Lavallois omnisports de 1934 jusqu’à sa mort en 1974, il est décoré de la Légion d’honneur au titre de l’éducation physique. Incontournable dans l’histoire politique de la ville, à l’origine de la construction de l’enceinte, Francis Le Basser donne son nom au stade qu’il inaugurera lui-même. Merci pour les travaux.

Prochain épisode : Nîmes, Pau, QRM et Valenciennes…

Photo ©Gérard Sanz/Ville de Paris

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