Nous sommes au bout du temps additionnel. Près de quatre minutes après la 90e. Au terme d’un match entier à batailler devant 12 000 personnes et un stade prêt à exploser. Un coup franc qui permettrait à votre équipe d’égaliser se présente. Il en faut du sang froid (et du talent) pour mettre cette balle au fond. Kévin Van Den Kerkhof, joueur du Sporting Club de Bastia, l’a fait. Mais avant d’être acclamé par le peuple turchinu, le piston droit a du se battre pour devenir professionnel et faire ses débuts en Ligue 2.
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Photo Anthony Bibard/FEP/Icon Sport
Un parcours du combattant
Avant de devenir le joueur qu’il est aujourd’hui, Van Den Kerkhof a connu la désillusion malheureusement très fréquente chez les joueurs recalés en centre de formation. C’est à Valenciennes, à deux pas de sa ville natale de Saint-Saulve, que le jeune footballeur espérait pourtant vivre du football. Mais ne convaincant pas ses entraîneurs, Kévin Van Den Kerkhof partira faire ses classes à l’AS Aulnoye, puis avec la réserve du FC Lorient. Sans plus de succès. Revenant près de ses origines, le latéral s’engage en Belgique, plus précisément en D4, où il obtient une promotion en D3 en marquant à neuf reprises. Il quitte alors La Louvière pour Charleroi, qui évolue au même niveau, et réussit à marquer par cinq fois encore.
A la fin du mercato 2020-2021, il signe au F91 Dudelange, club emblématique du championnat du Luxembourg, régulièrement qualifié pour les tours préliminaires des compétitions européennes. Là encore, le Nordiste s’illustre avec 14 contributions aux buts de son équipe dès sa première saison. Elle manque le titre de peu et Van Den Kerkhof est déjà suivi de près lors de l’été 2021. Mais il reste finalement à Dudelange. Une sage décision qui lui permettra d’être sacré champion plusieurs mois plus tard, notamment grâce à ses 9 buts et 7 passes décisives (sans compter les quatre buts marqués en autant de matchs de coupe) ! Des chiffres extrêmement rares pour un milieu latéral, qui présente également des qualités défensives indéniables.
⏱️ 90+4' : 𝗕𝗔𝗠 💥 !
Et 1 point pour le @SCBastia grâce à Kévin Van Den Kerkhof 🙏 ! #SCBFCGB (1-1)
— Ligue 2 BKT (@Ligue2BKT) October 18, 2022
Le chaînon manquant du Sporting
Cette première expérience professionnelle étant plus qu’un succès, Régis Brouard (entraîneur actuel de Bastia) le cible comme l’une des priorités pour son mercato. « Je connais bien le joueur, de l’époque où j’entraînais au Luxembourg, confiait le coach dans notre tour des clubs estival. Il jouait dans le meilleur club et était souvent nommé comme meilleur joueur du championnat. On peut croire que c’est un pari mais j’ai confiance en lui ».
Une confiance rendue avec brio par le latéral, qui découvre le niveau Ligue 2 cette saison. Loin d’être effrayé par cette nouvelle expérience, le joueur de 26 ans semble en grande confiance même lors des moments plus compliqués pour son équipe. Avec une passe décisive pour Alfarela (7e journée, victoire 1-0 contre Dijon) et deux buts marqués contre Annecy (10e journée, victoire 0-2) et Bordeaux (12e journée, match nul 1-1), Van Den Kerkhof n’a pas mis de côté ses qualités offensives, restant une véritable menace dans le couloir. « Nous avions des problèmes d’animation et de vitesse sur les côtés l’an dernier », déplorait Régis Brouard, qui comptait alors sur des joueurs comme Kaïboue (aujourd’hui replacé en défense centrale) avant le recrutement de son piston buteur, tout comme celui de Tavares de l’autre côté.
S’il sera difficile pour Van Den Kerkhof de terminer la saison 2022-2023 avec les mêmes chiffres que les années précédentes, sa trajectoire et son insouciance sur le terrain prouvent que quel que soit le chemin pris, les joueurs déterminés et talentueux conservent une chance de trouver un contrat professionnel, un entraîneur qui leur fait confiance et le temps de jeu nécessaire pour faire parler leurs qualités. Avec sa vitesse, sa qualité de frappe et son œil pour la passe, peut-être verra-t-on Van Den Kerkhof progresser jusqu’à devenir une référence en Ligue 2 et atteindre encore d’autres sommets. Seul l’avenir nous le dira.
