Invaincue lors des cinq premières journées en Ligue 2, l’équipe de Dijon est méconnaissable ces derniers temps et reste sur quatre défaites de rang. Si certains faits de jeu récents exaspèrent le nouvel entraîneur Omar Daf, ils ne peuvent pas expliquer à eux seuls la transformation soudaine de son groupe, d’une équipe en route pour disputer à la montée à une qui glisse dans le ventre mou. Nous essayons de trouver les raisons de cette chute au classement.
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Une défense qui n’a pas été colmatée
Avec déjà trois penaltys concédés en 9 rencontres disputées et de (trop) nombreuses suspensions, Dijon semble repartir sur les mêmes bases que l’année précédente au niveau de sa défense. Omar Daf ne voyait pas l’intérêt de recruter un défenseur central, satisfait des joueurs à sa disposition, mais souhaitait renforcer son groupe au poste de latéral droit, un point faible assez évident de l’équipe. Si les qualités offensives de Cheick Traoré sont appréciées, son gabarit et ses quelques erreurs de placement ou dans l’engagement le rendent facile à éliminer, comme sur le but de Doumbia (Sochaux). Son remplaçant, Ahmad Ngouyamsa, cherche encore ses marques et n’a pas pu prouver qu’il avait le niveau pour être un bon latéral droit de Ligue 2, ne s’épanouissant réellement que dans l’entrejeu la saison passée avec Patrice Garande.
Si ce problème est vrai à droite, il n’est pas loin d’être aussi flagrant à gauche. Le bon début de saison de Christopher Rocchia a fait oublier certaines lacunes à ce poste qui existent depuis longtemps, mais à cause d’expulsions à Metz, puis à Bastia dès son retour, il a manqué trois des quatre derniers matchs de Dijon, laissant Adama Fofana prendre le relais. Une expérience qui a tourné au vinaigre, puisque le latéral gauche appelé par le Burkina Faso a complètement manqué son match à Bordeaux. En retard sur son placement, il commet encore beaucoup d’erreurs compromettantes pour l’intégrité de la défense dijonnaise, jusqu’à concéder un second but contre les Girondins.
Élément important de la défense dijonnaise depuis plusieurs saisons, Senou Coulibaly semble avoir du mal à trouver son rythme pour le moment. Souvent dépassé physiquement malgré son mètre 93, le défenseur central n’a réussi qu’entre 6 et 8 interceptions (selon les sites de statistiques) en cinq matchs et une mi-temps joués. A titre de comparaison, c’est deux fois moins que son coéquipier Daniel Congré et bien en dessous des standards de Zargo Touré. La réussite de la défense du DFCO passera par plus de solidité de la part de Coulibaly, mais aussi par le retour de blessure de Touré, qui semblait très solide lors de ses premières sorties. Son indisponibilité depuis plus de trois matchs (sorti avant la mi-temps contre Annecy, à la J6) coïncide avec la méforme de son équipe.
Les sources de but se sont taries
Alors le milieu de terrain (Ndong – Marié, parfois enrichi de la recrue Ousseynou Thioune) semble stable et plutôt régulier, nous nous tournons vers les individualités en attaque pour expliquer les résultats récents (1 seul but marqué en 4 matchs). La forme de Soumaré était un facteur déterminant dans les premiers succès du club cette saison, il l’est tout autant dans cette petite crise traversée par l’équipe depuis quelques semaines. Après son raté face au FC Annecy en début de match, qui aurait pu donner l’avantage à Dijon alors que Valentin Jacob était disponible, Bryan Soumaré est complètement passé à côté. Un jour sans qui aurait pu n’être qu’un mauvais passage avant de se relever la journée suivante. Mais le milieu offensif, qui évolue sur l’aile droite du 4-2-3-1 d’Omar Daf, a aussi raté son déplacement à Bastia, tout comme son match contre Sochaux, avec une reprise dans la surface mal frappée qui s’est transformée en passe vers Prévôt. Comme si un seul événement avait empêché le gaucher de dérouler son football.
Certaines recrues vont aussi devoir passer à la vitesse supérieure, comme Idrissa Camara (décisif à Bordeaux mais encore trop maladroit sur certains gestes) ou Loum Tchaouna, le jeune attaquant prêté par Rennes, qui semble parfois se précipiter pour tenter de débloquer les siens. Si l’on peut déplorer le manque de temps de jeu de Roger Assalé, dont les qualités ne sont plus à démontrer, la blessure de Xande Silva en première mi-temps de la 7e journée a été un vrai coup dur pour l’équipe bourguignonne, qui avait trouvé un joueur à la palette technique fantastique et déjà régulièrement décisif (2 buts, 2 passes décisives en 6 matchs).
D’armes, Dijon ne manque pas, puisque malgré la vente d’Aurélien Scheidler, Alex Dobre, Yassine Benzia et Moussa Konaté sont toujours liés au club contractuellement. Mais ces joueurs s’entraînent avec l’équipe réserve en raison de leur manque d’implication d’après le coach, arrivé cet été. Ainsi, Dijon s’appuie presque exclusivement sur un Mickaël Le Bihan qui semble avoir retrouvé son meilleur niveau, mais qui ne peut tout faire tout seul. Valentin Jacob est aussi attendu après la trêve internationale pour montrer que ses quelques bonnes inspirations ne sont pas que des coups de génie passagers et peuvent se transformer en une arme régulière pour l’attaque dijonnaise. Depuis le début de la saison, aucun joueur n’a été capable de marquer ou de faire marquer sur coup de pied arrêté.
Tous ces éléments pris en compte laissent penser que ce Dijon FCO, décevant depuis quatre matchs en Ligue 2, n’a pas forcément perdu toutes ses qualités, mais reste dépendant du talent de quelques joueurs importants de son effectif. Comme nous avons pu le voir à Bastia ou à Bordeaux, l’équipe perd beaucoup en qualité dès que les remplaçants sont appelés, en particulier lors des déplacements.
Photo Xavier Grimaldi/Icon Sport