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Ligue 2 – A Pau, Victor Lobry, au-dessus de la mêlée

Pau, c’est connu, est avant tout une terre de rugby. Si la Section Paloise s’est sauvée en Top 14 lors du dernier match et un multiplex dingue (oui, on peut être journaliste foot et aimer le rugby), son voisin de la balle ronde n’a pas été en reste. Dans la foulée d’une fin de championnat incroyable, le Pau FC a obtenu son maintien en Ligue 2 avec la manière. Et au milieu des colosses George, Batisse ou Olliero, un joueur s’est distingué par la qualité de son pied gauche. Au point de faire rougir Antoine Hastoy ou Yionel Beauxis ? On n’en jugera pas, mais il est certain que Victor Lobry est un joueur à part, de la caste de ceux qui éblouissent les spectateurs sur un terrain. Le numéro 8 (pas au rugby) palois a été l’auteur d’une saison ébouriffante, pour une première à ce niveau. Meilleur élément technique du promu, focus sur le milieu offensif !

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Il joue avec des crampons noirs, la tête toujours levée, semble ne pas courir à 100 à l’heure, et dégaine avec aisance passes courtes ou longues. Comme les dribbles, dans une conduite de balle tournoyante, pour mieux éliminer ses adversaires. Avec son délicieux pied gauche, Victor Lobry semble être une réminiscence du football des années 80, 90 ou 2000, quand les meneurs éclairaient le jeu par leur tempo, leur vision, leur instinct. Oui, Victor Lobry est une espèce rare, un joueur en voie de disparition, à la Johan Cavalli ou Benjamin Nivet. Son bandeau posé autour de cheveux mi-longs, il y aurait presque du Guti chez lui, par séquences. Le natif de Soissons est bien l’une des révélations de la saison de Ligue 2, à 25 ans.

Un des meilleurs passeurs et marathoniens du championnat

Un âge et une première arrivée en deuxième division qui ne gâchent en rien le plaisir pris à le voir évoluer sur un terrain. Le milieu est de ceux qu’on aime voir jouer, et faire jouer ses coéquipiers, surtout. Contre Toulouse notamment, le Palois avait régalé, en étant à l’origine du deux partout par une superbe action. Une percée de 40m, pour décaler un partenaire, avec toujours cette faculté à se retourner, à danser autour de son chien de garde le plus proche. Cette année en L2, le milieu offensif de Pau facture trois buts et sept passes décisives, en 37 rencontres.

Côté chiffres encore, le joueur arrivé d’Avranches l’été dernier apparaît d’ailleurs en bonne position, dans plusieurs classements statistiques de notre championnat. Il est tout bonnement l’un des meilleurs passeurs du championnat, et le 7e à parcourir le plus de terrain en moyenne par match. Avec près de 12 kilomètres au compteur ! De quoi expliquer l’influence énorme qu’a le gaucher sur le jeu de son équipe. Il est d’ailleurs amusant de voir que Lobry n’explose que maintenant, au vu de sa saison, après avoir été quand même finaliste de la Coupe Gambardella en 2014 avec Reims. Mais le chemin vers le haut niveau s’est fait par étapes, une année à la fois, pour le créateur.

Victor Lobry en action face à Toulouse! (Photo FEP/Panoramic / Imago.)

Parcours et détours, et pour le jeu, que de l’amour

Lobry est donc enfin là où il doit être. Ou presque. Passé par Tours, ou Avranches en National, son ex-entraîneur en Normandie Fred Reculeau ne tarit pas d’éloges sur le bonhomme. Qu’il voit aller plus haut, comme il l’évoquait pour Foot Normand. « Victor, c’est le joueur idéal pour tous les coaches. On a pris beaucoup de temps pour échanger sur son poste, on se disait les choses en toute transparence, et je sentais chez lui la volonté de se faire progresser. Il est intelligent et travailleur, c’est pour ça qu’il en est là aujourd’hui, et je pense qu’il peut encore faire mieux. On était tous étonnés qu’il ne trouve pas un club plus huppé de Ligue 2, sans manquer de respect à Pau. Ce sera une étape supplémentaire pour lui et je pense qu’il est dans le vrai actuellement. »

« Il est intelligent et travailleur, c’est pour ça qu’il en est là aujourd’hui, et je pense qu’il peut encore faire mieux »

Au principal concerné le mot de la fin, dans les colonnes de Sud Ouest : « Je suis un joueur qui ne peut exister que dans un collectif fort. Je suis tout simplement un joueur d’équipe, je ne suis pas un dribbleur comme M’Bappé, donc ça se passe bien aussi parce que l’équipe marche bien. » Si en plus Victor Lobry a la tête sur les épaules… La déclaration est en tout cas à l’image du numéro 8, qui sublime le jeu de son équipe, prend certes la lumière, mais la rend avant tout. Son profil est unique de nos jours, et si sa trajectoire continue vers le haut, il pourrait donc bien quitter la Ligue 2, un jour ou l’autre. Alors autant profiter au maximum de la présence du gaucher de 25 ans, sur les pelouses de deuxième division. Comme ses coéquipiers le font de la magie du joueur.

Crédits photo : Anthony BIBARD FEP / Panoramic / Imago.

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