Vu la saison 2020/2021 de Châteauroux, l’histoire du club en Ligue 2 devait se terminer tôt ou tard. Plutôt tôt, avec 23 points au classement. L’équipe de Marco Simone a achevé son très compliqué exercice par un énième résultat mitigé contre Ajaccio, le seul 0-0 d’une 38e et dernière journée riche en buts. La Berrichonne retourne ainsi à l’étage inférieur, et le National, quitté en 2017. Mais dans le même tempo, les dernières semaines de Châteauroux en L2 n’auront pas été ridicules, avec la proposition de belles performances, portées par la jeunesse, comme lors de la cruelle défaite à Clermont (2-1). Des matchs en forme de révélateur de la saison pourrie de la Berri, emplie de haut et de bas, sinistrée par une valse d’entraîneurs, minée par un contenu pas inintéressant, mais bien trop insuffisant… Voici le premier bilan des 20 équipes de Ligue 2, ce lundi 17 mai, avec Châteauroux.
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La valse des entraîneurs
D’emblée, si la nuit tombe dans le Berry, c’est que l’ombre a trop souvent suivi les nombreux pas de la direction castelroussine. Trois entraîneurs, un changement de président, pour un manque de clarté à la tête du club. Ces éléments ont véritablement plombé l’année de la formation de l’Indre. Commencée avec Nicolas Usaï, qui avait maintenu son équipe la saison précédente, Châteauroux ne retrouve pas la formule : à la mi-saison, la Berri compte… trois victoires, et une dernière place au classement de Ligue 2. Un démarrage catastrophe, dont le club ne se remettra pas. La situation sportive plus qu’inquiétante amène la direction à remercier son coach, mais il s’écoule presque un mois avant que ne soit nommé un remplaçant. Dans un constat d’urgence, le délai fut peut-être trop long. Qu’importe, Benoît Cauet doit sauver les meubles. Le technicien, pour sa deuxième expérience sur un banc après son limogeage de Concarneau (N1), ne sauvera pas malheureusement pas grand-chose… Et surtout pas son poste, puisqu’il est remercié lui aussi, lors du changement de proprio de La Berri.
Car oui, si Châteauroux a connu trois entraîneurs (et l’utilisation de cinq gardiens côté terrain, c’est à noter !), l’ex-formation de L2 prend un autre virage, début mars. La Berrichonne est rachetée par United World Group, et change tout, potentiellement dans l’espoir d’un miracle. Michel Denisot, icone de l’histoire du club, est nommé président. Sur la pelouse, c’est désormais Marco Simone qui guide les choses. Là encore, même si plus attendu, les résultats ne sont pas bouleversés : l’équipe finit sur quinze matchs sans victoire, malgré du mieux.
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Sur le terrain, mauvaises séries pour La Berri
Si un minuscule espoir subsistait début février, après le 4-0 infligé à Chambly, il aura vite été balayé par le dernier tiers du championnat. La Berrichonne a terminé sur une série noire, quinze matchs sans victoire, dont neuf défaites. Un bilan final enterrant définitivement Châteauroux. Sur le terrain pourtant, l’équipe présentait un effectif équilibré entre expérience (Raineau, Grange, Sanganté ou Mulumba) et jeunesse (Chouaref, Tormin, Leroy) qui devait lui permettre de se maintenir. Auquel cas, de se mêler pleinement à la lutte pour continuer l’aventure en L2. Las, les performances, en hausse avec Marco Simone, auront été trop faibles, tantôt encourageantes, tantôt rageantes (Clermont, Toulouse, Grenoble), mais toutes empreintes du même constat : comment Châteauroux a t-il pu en arriver-là ? C’est parfois la vérité du football et du sport, l’inexplicable, en plus de l’extra-sportif. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Certains joueurs auront été un cran en-dessous des années précédentes, d’autres trop irréguliers pour permettre à La Berri de performer. La chance n’aura jamais tourné en faveur du club du centre de la France. Elle doit maintenant revenir, pour un retour rapide en deuxième division.
Rideau sur la Ligue 2, mais pas de No Future pour Châteauroux
Châteauroux repartira ainsi en National, lors de la saison en 2021/22. Avec Marco Simone, avec les propriétaires saoudiens, avec Michel Denisot. Et des idées, portées par des personnes conscientes des lacunes de cette mauvaise année de Ligue 2, animées par l’envie de repartir sur des bases saines, et un projet solide. « On savait très bien que la mission pour se maintenir allait être très difficile, disait Patrick Trotignon pour MaLigue2, il y a quelques jours. Marco Simone n’est pas un magicien, personne ne l’est. La situation qu’on vit en ce moment n’est pas très agréable, mais on connaissait notre calendrier pour la fin de saison. Cela ne remet absolument pas en cause le projet. Je dirais même qu’il va seulement démarrer ! Il prendra corps cet été avec l’intersaison 2021-2022. »
Une intersaison et un mercato qui vont boxer, comme pour tous les relégués de tous temps et tous les championnats. La Berrichonne devrait certes voir ses meilleurs éléments la quitter, comme Ilyas Chouaref (à qui il ne reste qu’un an de contrat) ou Léo Leroy (Montpellier), tandis que d’autres seront sollicités (Romain Grange, Rémi Mulumba). Châteauroux essaiera de garder une base qui a donné du plaisir à Marco Simone dans le sprint final, dans l’optique de bien figurer en N1, comme le disait récemment le coach italien. « L’idée est dans le projet et dans l’idée de jouer au football. Je me suis amusé en regardant l’équipe. Donc, bravo à elle. Depuis plusieurs matchs, cette équipe ne mérite pas de descendre en National. Elle a montré des choses très intéressantes, elle prend et donne du plaisir. Descendre, c’est un gâchis. On pose les bases pour la saison prochaine. L’idée de remonter immédiatement est là. » L’ossature sur laquelle s’appuyer pour remonter derechef est donc en place, dans les méandres d’une saison ratée, au détour et derrière les ombres et les murs internes d’un fiasco organisationnel. La nuit est peut-être tombée dans le Berry, mais La Berrichonne a de quoi se relever. En National, puis plus haut…
Crédit photo : JB Autissier / Panoramic / Imago.