C’est un métier de l’ombre, que les fans de Ligue 2 ne connaissent pas forcément. Le Stadium Manager est au cœur de la vie des clubs professionnels pour permettre une bonne organisation des rencontres et de l’exploitation des stades. Reportage du côté de Dunkerque, promu en Ligue 2, où Benoît Dartois nous détaille les missions de ce métier indispensable.
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Crédit photos : USL Dunkerque
Samedi 7 novembre, jour de match. Au stade Marcel-Tribut, le promu Dunkerque reçoit le leader, Paris. En coulisses, un homme s’active aux quatre coins de l’enceinte. Trois heures avant le coup d’envoi pour une réunion avec les délégués. Une heure avant le début de la rencontre pour accueillir le préfet, venu faire le point sur la situation. Un quart d’heure avant, à-côté du tunnel en bord pelouse pour veiller au respect du nouveau protocole d’entrée des joueurs depuis les nouvelles mesures prodiguées par la LFP, et pour placer les remplaçants en tribune… Benoît Dartois doit avoir un œil partout. Il a été recruté comme Stadium Manager – Directeur des Opérations de la Sécurité et de la Sûreté (DOSS) pour être précis – par l’USLD au début de la saison. Métier méconnu du grand public, c’est pourtant un chaînon indispensable dans le développement d’un club qui bascule dans le monde professionnel en provenance du National 1.
« Adaptabilité, réactivité, polyvalence et disponibilité »
« Je suis référent pelouse et référent supporters également« , ajoute Benoît. « C’est un métier qui est exigé par les instances dès lors que tu montes dans le monde professionnel. On est 40 personnes à le faire en France, dans les clubs de L1 et de L2 ». En effet à ce niveau de compétition, le cahier des charges fixé par la Ligue pour l’organisation de rencontres professionnelles est tellement pointu que ce poste se doit d’être pourvu dans chaque formation. Un job passionnant, au cœur de toutes les composantes du club, au-delà de la gestion du stade. « Ma mission principale, c’est d’assurer la mise en œuvre opérationnelle du cahier des charges transmis par la LFP », explique Benoît Dartois. « Ce sont des documents cadres qui évoluent au fil de la saison, et sur lesquels on doit rendre compte auprès des délégués, des instances et des officiels les jours de match. Cela couvre tous les champs possibles : de l’accueil du public à l’espace mis à disposition des staffs, des possibilités d’animations sur la pelouse et en tribunes… Cela balaye tous les sujets : le marketing, l’hospitalité, le VIP, l’accueil des journalistes… »

« Mettre tous les acteurs d’une rencontre dans les conditions optimales »
A Dunkerque, le stade Marcel-Tribut fait peau neuve. La tribune flambant neuve de 2500 places est sortie de terre afin de respecter la norme pour la Ligue 2. Face à elle, une énorme grue de chantier dessine les premiers contours d’une deuxième tribune d’une capacité similaire prévue fin 2021, début d’année 2022. Un lifting nécessaire tant l’ancienne tribune d’honneur était devenue vétuste. Il suffit de regarder l’espace presse pour s’en rendre compte, les conditions de travail pour les journalistes n’ont plus rien à voir avec les matchs de la saison dernière. Un passage obligatoire pour l’USL Dunkerque, qui a d’ailleurs un projet ambitieux de structuration. « On a un statut professionnel provisoire. Pour prétendre au statut pro définitif, tu dois cocher un ensemble de cases. Tu dois avoir un stade homologué pour accueillir des matchs de Ligue 2, avoir un centre d’entraînement, un centre de formation… Ce sont des conditions sine qua none pour le statut pro. En parallèle, il existe la Licence Club qui permet de débloquer des pourcentages de droits TV par rapport à ton projet d’équipements etc. Tu peux récolter 10 000 points au maximum, et pour prétendre à débloquer ce pourcentage, il faut 6500 points. Sinon, tu ne peux pas te pérenniser dans le monde pro », poursuit Benoît.

Une vraie solidarité entre les clubs
Seul petit bémol aperçu ces derniers temps, le temps mis par les journalistes pour rallier la salle de presse depuis la tribune peut parfois s’allonger au coup de sifflet final. Benoît Dartois doit alors trouver des solutions pour fluidifier ce flux, afin que personne ne rate les premières réactions des coachs et des joueurs après la rencontre. « Une heure après le match, on débriefe de tous les sujets avec les délégués sur les points positifs et négatifs constatés au cours de la rencontre. On apprend au fil des matchs pour améliorer l’expérience de tous. » Et pour l’aider, outre l’équipe interne de salariés mobilisée à chaque rencontre avec les représentants des acteurs locaux (collectivités, police municipale, protection civile…), Benoît peut d’ailleurs compter sur ses homologues des autres clubs. « C’est quelque chose que j’ai la chance de découvrir depuis ma prise de fonction, c’est la vraie solidarité entre les clubs à ce niveau-là. On est tous confrontés aux mêmes problématiques avec le même cahier des charges à respecter. On est en échange régulier. J’échange avec le Stadium Manager de Lille, de Valenciennes, de Chambly etc. Il y a une vraie solidarité. On pourrait imaginer que les clubs se tirent dans les pattes, mais ce n’est pas le cas du tout. »
Promu cette année, Dunkerque était pourtant un bastion dort de la Ligue 2 par le passé. Entre 1966 et 1996, le club nordiste a évolué pendant 30 ans en deuxième division, avant ces 26 années d’absence. Sur le plan sportif, la saison a bien débuté sous la houlette du nouvel entraîneur Fabien Mercadal. En interne, les dossiers et le travail ne manquent pas non plus pour se mettre au niveau du monde pro. « Il y a un vrai projet ambitieux à Dunkerque. Le but est de stabiliser l’USLD en Ligue 2 », assure Benoît Dartois. « Le projet est fortement soutenu par les collectivités locales avec le stade notamment. Puis le deuxième volet, c’est le centre d’entraînement, qui permettra aux pros d’avoir un centre de vie adapté pour les joueurs et le staff avec des terrains de haute qualité. Enfin le troisième volet, c’est le centre de formation. Il faudra des terrains, et un centre d’hébergement avec un besoin estimé d’une trentaine de chambres. Ce sont les trois piliers du projet de l’USLD actuellement. Et il y a une vraie synergie locale et collective à ce niveau-là. » Une synergie indispensable pour faire de nouveau de Dunkerque un vrai club qui compte dans le monde professionnel.


