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Entretien ML2 – Pierre Wantiez (DG du Havre AC) : « On ne contestera rien de la décision qui sera prise si elle est équitable »

Sixième de Ligue 2 au moment de la suspension des championnats le 13 mars dernier en raison du coronavirus, Le Havre AC se fait plutôt discret dans les médias. Le directeur général du club normand, Pierre Wantiez, a accepté de faire longuement le point sur tous les dossiers du moment, et indique que le HAC fait confiance aux instances dirigeantes du football français pour gérer cette crise sanitaire grave et inédite qui paralyse le monde du ballon rond. En cas d’arrêt des championnats, le club doyen ne contestera rien si la solution retenue est équitable, assure le DG.

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MaLigue2 : Pierre, comment vit la structure professionnelle du HAC cette période de confinement ?

Pierre Wantiez : On la vit mal pour au moins trois raisons. L’essence même de notre vie, c’est de faire du lien social et de produire du spectacle. Notre métier au HAC, c’est de produire un spectacle via des matchs de foot, avec des activités annexes comme l’hôtel ou le restaurant également. C’est faire de l’événementiel à travers le football, qu’il y ait des lieux de vie, de rencontres, de partage dans nos infrastructures pour créer du lien social à travers un territoire. On a le sentiment de ne plus servir à rien ! D’être vidés de sens. C’est violent ! Et en plus, on est vidé de sens en 48 heures. Le jeudi le président de la République s’exprime, le dimanche c’est le Premier ministre, et le lundi tout le monde est chez lui. On est privé de ce qui fait la raison même d’exister pour un club.

La deuxième raison, c’est que les conséquences économiques sont lourdes, comme pour toutes les entreprises de France. Je sais que cela s’entend difficilement pour certains. Le propos n’est pas du tout de pleurer sur la situation. Cela ne sert à rien de se lamenter. Mais notre métier, ce sont des prestations de personnes, avec des charges importantes liées au personnel. Aujourd’hui, certains salaires qui sont supérieurs à 4,5 SMIC font que les aides de l’État – et on est bien traité en France de ce point de vue-là – nous laissent des ardoises monumentales à payer sans avoir de recettes. Et il y a même des recettes annoncées certaines qui disparaissent, donc c’est violent aussi économiquement.

Enfin la troisième raison, c’est l’incertitude. Si on savait qu’on était confinés jusqu’à tel jour, telle heure et qu’ensuite on pourrait reprendre normalement… Mais là, ces trois facteurs font qu’on le vit mal, des gens travaillent plein pot au sein du club et des secteurs se retrouvent à l’arrêt complet, comme la billetterie par exemple. Chez les joueurs, on a fait le choix de leur demander de continuer de s’entretenir physiquement. Cela ne remplacera jamais les entraînements collectifs, mais on s’est fixé une ligne de conduite qui est totalement respectueuse de ce que précise le dispositif. C’est à dire que les joueurs qui travaillent une heure et demie sont payés une heure et demie par le club. Tous les salariés qui travaillent même une heure, sont payés par le club. C’est normal, c’est notre contribution. On bénéficie du système d’aides de l’État comme entreprise traditionnelle, et il n’y a aucune raison que le football ait honte de cela, il ne faut pas oublier ce qu’il apporte à la société en termes de cotisations etc à la collectivité. Mais l’activité tourne au ralenti, c’est brutal.

Le club peut-il être en danger d’un point de vue économique ?

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