A 28 ans, Mickaël Diakota vient de signer son premier contrat professionnel. Le milieu de terrain de l’AS Béziers découvre la Ligue 2, lui qui est passé par le centre de formation de l’AS Nancy-Lorraine. Il aurait pu devenir pro avec Luzenac en 2014. Cette fois, c’est enfin la bonne. Le numéro 8 biterrois a pris le temps de nous accorder un entretien avant la réception de Lens, samedi (5e journée), première au stade de la Méditerranée.
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MaLigue2 : Mickaël, avec 2 victoires et 2 défaites, peut-on dire que le début de saison de l’ASB est prometteur ?
C’est plutôt pas mal. Surtout quand on regarde nos adversaires rencontrés jusqu’à présent. Troyes (1-0) vient de descendre de Ligue 1. Nancy (2-0) démarrait la saison comme prétendant à la montée. Ajaccio (0-1à était au bord de l’élite l’an passé. Et le Paris FC (0-1) ressort d’une excellente saison. Donc, c’est plutôt encourageant malgré les 2 revers concédés.
Surtout, vous n’avez jamais été dépassés contre l’ACA et à Paris…
En effet, cela se joue à rien. Face à Ajaccio, nous ne nous attendions pas à prendre un but totalement involontaire (centre-tir de Cavalli, Ndlr). A Paris, nous sommes défaits sur un penalty, et donc sur un fait de jeu. Nous ne nous sommes jamais dit que les autres sont plus forts que nous. Finalement, ce sont des points que l’on aurait pu prendre. Mais 6 points en 4 matchs, nous aurions signé d’avance. Car en Ligue 2, les points valent de l’or.
L’adaptation à la Ligue 2 est-elle conforme à vos attentes ?
Nous nous adaptons très bien. Nous essayons d’apprendre un maximum de nos erreurs. Surtout, il est important d’apprendre vite pour ne pas les répéter à chaque match. Nous allons tous progresser. L’an dernier, nous avions le droit de commettre quelques erreurs, sans qu’elles soient répréhensibles. Là, elles sont payées cash à chaque fois. Après, il y a de très belles équipes en National 1. De fait, la différence de niveau n’est pas flagrante si l’on parle d’intensité. On va dire que cela se joue plus sur des détails.
Il n’y a rien de surprenant, pour vous, en Ligue 2 ?
De mon côté, je suivais la L2 l’an passé. Je regardais les rencontres, je voyais donc l’intensité mise. Je me disais déjà qu’il n’y aurait pas un très grand écart. Oui, ça allait être compliqué. Mais, sérieusement, tout le monde s’adapte très bien.
Il y a une dizaine de jours, après la victoire 1-0 à Troyes, votre coach Matthieu Chabert sous-entendait que certains acteurs de L2 ne vous respectaient peut-être pas comme ils le devraient. Partagez-vous ce regard et le ressentez-vous sur le terrain ?
(Rire) Non, on ne le ressent pas vraiment. Après, c’est vrai que l’on entend par-ci, par-là que nous sommes Béziers, et donc une petite équipe, des joueurs de National 1. Il y en a marre d’entendre cela, alors que l’on est en Ligue 2. Nous sommes au même niveau que les autres. Les équipes ne peuvent donc pas se permettre de dire ça. Mais au fur et à mesure, ils verront bien qu’il faudra nous respecter.
A titre personnel, atteindre le monde professionnel doit représenter une fierté. Il y a 2 ans, vous étiez sans club. Si on vous avez dit ça, y aurez-vous cru ?
J’aime bien dire qu’il n’y a rien d’impossible. J’ai fait mon petit parcours. Je me suis retrouvé à Béziers, en National, et tout est allé très vite. Le passage au niveau pro, mon premier contrat… Après, vous savez, il n’y a pas d’âge pour signer pro. D’ailleurs, d’autres joueurs signent bien plus tard que moi encore.
« Le plus difficile a été de retourner chez mes parents »
Votre carrière aurait pu être toute autre sans une blessure au tendon d’Achille en 2008. Quand on quitte le centre de formation d’un club pro, comme votre cas, se dit-on que ce monde est inaccessible ? Est-ce difficile à digérer mentalement ?
On se rend dans un centre de formation quand on est tout jeune. On quitte nos amis, nos familles. Nous n’avons plus la même vie qu’eux. Nous avons une autre exigence, très forte au niveau de l’école, de la formation. On mène vraiment une autre vie. Et puis, quand on intègre une telle structure, le but ultime est de passer professionnel. On ne pense qu’à ça. Alors, quand on ne l’atteint pas, on le ressent forcément comme un échec. Oui, on est vraiment déçu. On se dit « on aurait pu…» Ce n’est pas bon de se dire cela. On le vit mal. Le plus difficile, pour moi, a été de retourner chez mes parents à Paris. Car si je n’ai passé que 3 ans au centre de formation, j’étais au préalable en sport-étude à Nancy également. Donc, revenir, cela faisait bizarre. Tout comme le fait de repasser dans le monde amateur.
5 ans plus tard, il y a aussi l’épisode Luzenac, avec le refus de l’accession en Ligue 2. Décidément…
Au bout d’un moment, on se dit que toutes les portes se ferment. Que se passe-t-il ? Enfin, on regarde devant soi et on perçoit d’autres portes qui s’ouvrent.
En parlant de Luzenac, vous avez connu un certain Kévin Fortuné là-bas. Un Kévin Fortuné passé par Béziers aussi. Vous allez vous retrouver face-à-face samedi. Là aussi, un petit signe du destin ?
Cela va faire très bizarre de se retrouver. Et ça me fait très plaisir. Avec Kévin, nous avons un parcours assez similaire. Lui a signé pro également sur le tard, à 2 ans. Je suis très content que l’on puisse se retrouver dans la même division. J’ai passé de très bons moments avec Kévin dans le passé.
A ce titre, il semble que vous étiez meilleur balle au pied que derrière les fourneaux à l’époque, avec notamment une préparation culinaire africaine un peu trop riche en moutarde selon Kévin…
(Rire) Depuis, j’ai progressé ! C’était un très bon moment. Vous savez, nous étions voisins avec Kévin. Nous étions tous les jours l’un chez l’autre.
« Un club très familial »
Pour revenir au foot, vous allez recevoir pour la première fois au stade de la Méditerranée. Le Parc des Sports de Sauclières, c’est derrière vous. Cela peut-il jouer de découvrir une nouvelle enceinte ?
Nous n’avons de toute façon pas le choix. Nous avons dû nous plier aux exigences du monde pro. Nous aurions forcément préféré rester à Sauclières. Mais jusqu’à présent, nous avons joué tous nos matchs à l’extérieur. Désormais, nous recevons quand même chez nous. Ce sera bien. Nous nous adapterons à cette nouvelle enceinte. Certains joueurs y ont déjà évolué, comme moi, qui était venu avec Colmar un jour.
Rivaliser avec Lens, ou une équipe comme Metz, c’est possible ?
J’ai une confiance totale en mon équipe. Après, vous dire qu’on peut les battre. Nous allons jouer avec nos armes. Eux avec les leurs. Nous ne nous poserons aucune question. Nous ne regardons pas l’adversaire. Cela fait la force de notre équipe.
Tout comme le fait que Béziers soit une famille…
Franchement, oui. Nous sommes un club professionnel. Nous en avons l’étiquette. Mais ça reste un club très familial. Je peux le confirmer. On se sent réellement très bien ici.
Aujourd’hui, après un mois de compétition, estimez-vous que votre équipe a le niveau Ligue 2, ou doit-elle encore progresser pour l’atteindre ?
Le niveau, je pense que nous l’avons. Il y a encore beaucoup de choses pour que l’équipe progresse. Nous apprenons match après match. Nous nous améliorerons avec le temps.
Propos recueillis par Laurent Mazure
Bonne interview ! Je découvre votre site, bravo ! Tony