Jour de reprise à Béziers. Le club, 2e de National 1 en 2017-2018, accède pour la première fois de son histoire à la Domino’s Ligue 2. Le fruit d’une saison incroyable bouclée en trombe par des Biterrois impatients de découvrir le monde professionnel. Le coach, Mathieu Chabert, a forcément hâte de goûter à ce niveau. Juste le temps de rentrer de vacances et de poser ses valises, nous l’avons joint pour nous parler de son club, de son groupe.
MaLigue2 : Les vacances ont-elles été suffisantes pour digérer et surtout savourer cette montée en Ligue 2 ?
Mathieu Chabert : Il faut prendre le temps… C’est important d’arriver à trouver un peu de temps pour soi. Désormais, nous nous tournons vers la reprise. Cela arrive vite. Il y a forcément une part d’impatience de reprendre l’entraînement. La saison dernière fut une très belle aventure. Nous avons, en plus, la chance de continuer tous ensemble. On se souvient de nos 24 derniers matchs. On n’en gagne pas un seul sur 12, et puis nous finissons par 9 victoires sur les 12 dernières sorties ! Nous avons eu 2 phases. Nous avons su terminer très fort. Chaque saison, il y a un club qui termine en boulet de canon. Nous avons eu la chance que ça soit nous. Après, nous l’avions dans un coin de la tête. C’est exceptionnel ! On l’oublie souvent, mais nous avions le 15e budget de National ! Oui, nous avons fait quelque chose d’extraordinaire. Mais ce n’est que le début d’une aventure, pas une fin !
A froid, justement, cette montée s’est-elle jouée au coeur de l’hiver, pendant votre passage à vide, et la réaction de vos joueurs ?
Exactement ! Pas mal de personnes nous demandent comment nous avons fait… En réalité, il n’y a rien eu de spécial entre cette période et celle, plus faste, du printemps. Nous avons gardé notre état d’esprit. Nous n’étions pas forcément très loin sur nos matchs, même si nous ne gagnions pas. Forcément, en tant que coach, on se pose des questions, mais il n’y a jamais eu la moindre hésitation sur le fait de continuer. La grande force de notre club, c’est l’unité qu’il y a entre les structures. Vous savez, on parle souvent de groupe. Nous avons tendance à trop cantonner cette notion aux joueurs et au staff. Non, un groupe, c’est tout un club. Il n’y a aucune faille chez nous. Nous allons essayer de transposer cet état d’esprit à la Ligue 2.
Et faire une sorte de Bourg-en-Bresse les 2 premières saisons ?
Je ne connais pas assez bien Bourg-en-Bresse pour nous comparer à eux, même si j’aimerais forcément réaliser ce qu’ils ont fait au début. Nous avons des ressemblances, en plus, avec les Burgiens. Nous allons partager notre stade avec le rugby. Après, Bourg avait une histoire dans le milieu amateur, notamment grâce à la Coupe de France. Ce n’est pas spécialement notre cas.
Pensez-vous conserver un noyau de joueurs plus conséquent par rapport à la précédente intersaison.
Oui, cela sera une grosse différence par rapport à l’été 2017. Nous avions perdu 14 joueurs ! Là, nous n’allons pas nous faire piller. Nous ne perdons finalement qu’Ousmane Kanté, qui part au Paris FC. Nous conservons tous ceux que l’on souhaite garder. Je vais reprendre avec 16 joueurs de champ et 2 gardiens. Surtout, je sens une grosse envie de poursuivre l’aventure ensemble. Les joueurs sont impatients de reprendre. Ils se régalent de travailler avec nous. Nous bossons dans la bonne humeur. Attention, ce n’est pas le centre aéré, loin de là ! Mais nous avons une manière de manager qui est…participative. Tout le monde est considéré. Regardez, l’an dernier, Kleyveens Herelle marque le premier but de la saison aux Herbiers. Il part 4 journées plus tard. Mais, sans son but, on ne monte peut-être pas en L2 en fin de saison…
« Nos garçons débordent d’envie »
Qu’attendez-vous de cette Ligue 2 ?
Je suis très impatient de la découvrir. Nous partons dans l’inconnu, réellement. Mais nous allons essayer de mettre en pratique ce que nous faisions en National, en mettant un niveau d’exigence supérieur. Nous devons être en mode Ligue 2 dès ce mercredi. Nous avons peut-être un avantage. Nos garçons débordent d’envie. Personnellement, je vais découvrir ce niveau. Nous allons tous le découvrir. Je ne garantis pas beaucoup de victoires, mais nous aurons une équipe qui donnera tout jusqu’à la dernière seconde. J’en suis persuadé. D’ailleurs, l’an dernier, nous avions une grosse force collective. C’était le retour que j’avais des autres coachs de N1.
Un peu à l’instar du Paris FC cette saison, de Châteauroux, ou d’Amiens, vous pourrez compter sur une dynamique intéressante…
C’était le but en conservant la totalité de notre effectif. Nous voulons continuer cette dynamique positive. En plus, nous y ajoutons des recrues qui sont intéressantes, qui ne paient pas de mine au premier abord, mais qui sont dans l’état d’esprit et qui débordent d’envie. Vous savez, je préfère prendre un joueur d’en dessous qui a une motivation décuplée, plutôt qu’un joueur du dessus qui, sans aucune généralité, pense que cela peut être un peu plus simple. Les joueurs d’en dessous nous le rendent toujours sur le terrain.
Où doit se renforcer Béziers pour rivaliser ?
Nous devons simplement compenser le départ de Kanté et régler le cas Ibrahim Sissoko. Puis, ce sera terminé. Nous démarrerons avec 21-22 joueurs et 3 jeunes pour nous accompagner dans la préparation. Par ailleurs, les recrues se nomment Ousmane Sidibé, Loïc Kouagba, Junior Etou, Joël Saki et Alexandre Ramalingom.
« Une totale liberté offensive »
Parlez-nous de vous. Quel entraîneur êtes-vous ? Sur quoi mettez-vous l’accent dans votre discours envers vos joueurs ? Plutôt l’aspect défensif ou le jeu ?
Je pense que les 2 sont possibles. Par exemple, quand l’Espagne n’a pas le ballon, il y a un gros travail défensif d’effectué, avec un pressing incessant. Je pense personnellement que le jeu de possession arrive sur sa fin. On le voit d’ailleurs à la Coupe du monde. Aujourd’hui, c’est la notion de bloc qui prime. Pas forcément du bloc bas, mais du bloc en général, dont je suis fan. Je suis très exigeant avec les garçons défensivement. La priorité, pour le staff, c’est le travail défensif des attaquants et des milieux offensifs. C’est le premier rideau. Mieux ils travaillent, plus nous récupérons les ballons hauts et plus nous nous trouvons près du but. En contrepartie, je laisse une totale liberté offensive. Devant, l’objectif est de perturber l’adversaire. Qui dit le perturber, dit beaucoup de dézonage, de liberté dans le jeu. La base du football, c’est de prendre moins de but que l’adversaire, et d’en marquer plus.
En Ligue 2, vous devrez monter encore davantage cette exigence défensive…
Exactement. Nous avons recruté un garçon comme Ousmane Sidibé car il correspond au profil recherché. Nous gagnons de la solidité défensive. Plus on montre de niveau, plus cela se joue sur des détails. Nous devrons être encore plus attentifs à ce détail. Désormais, nous sommes en Ligue 2 et nous voulons y rester le plus longtemps. La saison idéale serait de faire comme le Paris FC. Attachons-nous d’abord à atteindre rapidement les 37-38 points pour assurer le maintien.
Votre début de saison est démentiel (Nancy, Ajaccio, Troyes, Paris FC, Lens, Sochaux)…
Comme ça, on sera dans le vif du sujet ! De toute façon, nous devons jouer 2 fois tout le monde. C’est peut-être mieux de les prendre quand ils sont moins prêts, qui sait… mais sans certitude !
Le tout, à domicile dans un nouveau stade, avec le rugby en parallèle !
Ce n’est pas un inconvénient. Notre objectif est de nous stabiliser en Ligue 2. Nous avons la chance de très bien nous entendre avec le rugby. Nous irons simplement jouer un vendredi sur 2 au stade de la Méditerranée. C’est bien pour l’agglomération biterroise, pour la ville, qui est très belle. Je suis content pour elle.
Finalement, la Ligue 2, c’est la récompense pour tout un club !
Regardez Ousmane Kanté. En 2 ans et demi, c’est le 14e joueur de l’AS Béziers à signer un contrat professionnel ailleurs ! Nous avons eu Nicolas Gavory, Thomas Ephestion, Kévin Fortuné, Manuel Cabit… La Ligue 2 va permettre de faire parler du club. Nous sommes vraiment heureux pour cela. Cela mettra en avant le travail de personnes qui ne sont pas forcément reconnues. Nous avons des gens qui travaillent, qui sont passionnés.
Propos recueillis par Laurent Mazure