L’AS Nancy-Lorraine entraperçoit le bout du tunnel. Avec une victoire importante contre Tours (3-1) lors de la 36e journée, l’ASNL (17e) tient désormais son destin entre ses mains dans la quête du maintien en Domino’s Ligue 2. Buteur pour la première fois de la saison lors de cette rencontre face à son ancienne formation, le capitaine Julien Cétout évoque pour MaLigue2 cette saison très difficile sur le plan collectif et personnel, sans chercher à fuir ses responsabilités avant un déplacement sur la pelouse du Paris FC.
MaLigue2 : Julien, cette victoire contre Tours était-elle capitale ?
Julien Cétout : Absolument ! Vu les résultats des concurrents directs et le calendrier qui nous attend, c’était indispensable de s’imposer à la maison contre Tours. Désormais, nous avons notre destin en mains dans cette lutte pour le maintien. Nous étions très heureux de cette victoire bien sûr, mais nous savons que ce n’est pas encore terminé. Il faut mettre un dernier coup de collier afin de se mettre à l’abri.
Que s’est-il passé à la mi-temps de cette victoire contre la lanterne rouge ? Vous étiez menés à la pause, et Nancy a affiché un visage bien plus séduisant après le repos pour aller chercher ce succès…
Tactiquement, on a effectué un replacement à certains postes afin d’aller récupérer le ballon plus haut sur le terrain. C’était déjà notre intention en première période, mais nous n’avions pas su appliquer ces consignes. Ensuite, il y a eu des mots forts dans le vestiaire de la part du coach, mais aussi des cadres de l’équipe. Il y a eu une remise en questions, on savait qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. On est revenus sur le terrain avec beaucoup plus de détermination pour atteindre notre objectif. On a eu une bonne réaction, mais pour les deux derniers matchs, il faudra être capable d’agir avant de réagir.
« Je souhaite au Tours FC de remonter rapidement »
Votre premier but cette saison pour donner l’avantage à l’ASNL (2-1) tombait au meilleur des moments !
C’est clair, on avait besoin de ce but pour nous donner une bonne bouffée d’air frais. Après, j’aurais été aussi heureux si ce n’était pas moi qui l’avait marqué. Mais j’avais vraiment envie de le mettre, et j’ai dû m’y reprendre à trois fois pour l’envoyer au fond des filets ! (rires).
Vous avez passé de nombreuses saisons à Tours avant d’arriver à Nancy, que ressentez-vous de voir votre ancien club descendre ?
Franchement sur le coup, il y a eu un tel soulagement de marquer, de prendre l’avantage dans cette saison difficile, que je n’ai même pas pensé à l’adversaire. J’ai tout lâché, j’ai célébré ce but à fond. Mais bien sûr, ça me fait quelque chose de voir Tours descendre… J’y ai débuté chez les pros, j’y ai joué mes premiers matchs… J’ai envoyé des messages à deux ou trois personnes avec qui j’ai gardé des contacts. J’ai toujours suivi l’évolution du club et je leur souhaite juste de remonter le plus rapidement possible, car rester trop longtemps en National pourrait être difficile ensuite pour le club.
Le maintien n’est pas encore assuré, mais on sent un nouveau Nancy depuis l’arrivée de Didier Tholot sur le banc. Qu’est-ce que le nouveau coach vous a apporté pour relever la tête ?
Je trouve que c’est beaucoup plus structuré. Finalement, il est revenu sur des choses simples, des bases qu’on avait perdues. Et il insiste beaucoup là-dessus. Il nous a rappelé que tout le monde pouvait jouer au foot, mais qu’il fallait respecter certaines règles pour bien le faire. Je sens que ça se passe mieux sur le terrain, qu’on a retrouvé un bloc, qu’on est cohérent. Il n’est pas le genre de coach à faire des dissertations, mais par exemple, au moment de la causerie d’avant-match, il s’adresse toujours aux remplaçants en premier pour leur montrer qu’ils sont aussi importants. Et quand Anthony Koura rentre, il fait la différence contre Tours et met ce troisième but libérateur. On n’avait pas perdu le goût de jouer, mais on a retrouvé le goût du plaisir. Maintenant, c’est à nous de continuer dans ce sens, c’est nous qui sommes sur le terrain.
Avoir quatre entraîneurs dans la même saison, comment l’avez-vous vécu ?
C’est traumatisant. Ce n’est pas facile à vivre parce qu’on se dit que c’est de notre faute si des gens se font virer. Personnellement, c’est la première fois que ça m’arrive. Et j’espère ne pas le revivre. Il fallait sans doute l’arrivée d’un 4e entraîneur pour sauver le club, et on est sur la bonne voie. Mais bon, moi je le vis comme un échec d’en être arrivé là.
« Je me sens responsable à 100% de cette situation »
Sur le plan personnel, vous avez vécu une saison contrastée en terme de temps de jeu…
C’est clair que ce n’est pas la saison rêvée, c’est assez compliqué. Je restais en plus sur une très bonne saison lors de la montée il y a deux ans (Cétout a notamment été élu deux fois joueur du mois sur ML2, ndlr), et même la saison dernière en L1 j’ai été beaucoup plus performant. J’ai connu une blessure en début de saison, ça m’a handicapé. Puis ensuite, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu car mes performances n’étaient pas à la hauteur. Depuis l’arrivée de Didier Tholot, il m’a confié le brassard, j’ai envie de lui rendre cette confiance. Mais je suis assez déçu de ne pas avoir pu aider l’équipe plus tôt, d’avoir été à mon niveau toute la saison.
Il y a deux ans, Nancy se baladait en Ligue 2 et remontait en Ligue 1. Beaucoup de joueurs de cette époque sont encore dans l’effectif aujourd’hui, et pourtant vous luttez pour le maintien. Comment l’expliquez-vous ?
Beaucoup, oui et non. Il ne reste plus énormément de titulaires en fait de cette époque… Robic, Muratori, Ndy Assembé et moi. Il y a surtout eu pas mal de mouvements entre la montée en L1 puis la descente. On n’a pas su trouver la bonne recette et le bon équilibre en début de saison, et derrière c’est compliqué d’enrayer les mauvais résultats. Nous sommes les acteurs de cette saison, et je me sens responsable à 100% de cette situation, je ne cherche pas d’excuses.
Vous vous déplacez au Paris FC ce vendredi pour la 37e journée, une équipe qui joue les play-offs. De votre côté, vous restez sur deux défaites à l’extérieur à Ajaccio (2-0) et au Havre (3-0). Comment cette fois ramener au moins un point de la capitale ?
La première chose, c’est d’être très appliqué défensivement. A Ajaccio, on l’a plutôt bien fait mais on a pris deux buts lorsque nous étions à 10 contre 11. Si nous sommes bien en place, ensuite on pourra essayer de placer quelques contres pour marquer. Si on réalise le match nul, ce sera déjà un bon résultat. Après, c’est sûr qu’une victoire pourrait valider définitivement le maintien. Mais à l’inverse, une défaite nous laisserait sous la menace directe de Bourg. Donc d’abord être solides, et ensuite on avisera.
Propos recueillis par Dorian Waymel