Après trois défaites consécutives en Domino’s Ligue 2 pour entamer l’année 2018, le FBBP01 (18e) a retrouvé le succès lors de la 23e journée sur la pelouse du Gazélec Ajaccio (2-1). Une victoire qui faisait également suite à l’élimination de Toulouse (2-0) en Coupe de France. Avant la réception de Clermont, l’attaquant Yanis Merdji (24 ans) revient pour MaLigue2 sur son parcours atypique, et dresse le bilan de sa première année chez les professionnels.
MaLigue2 : Yanis, vous êtes arrivé au FBBP01 en janvier 2017. Un peu plus d’an plus tard, quel regard portez-vous sur votre première année en Domino’s Ligue 2 ?
Yanis Merdji : Si je reviens un an en arrière, je pense que mon intégration à l’équipe s’est bien déroulée. Une équipe était déjà en place, mais je me suis vite adapté à elle, et au niveau. Cette saison, c’est vrai que c’est un peu plus compliqué au niveau des résultats. L’année dernière, c’était plus facile pour moi d’arriver en janvier quand l’équipe avait connu de meilleures séries. Pour mes premiers pas dans le monde professionnel, c’est surtout la différence de préparation individuelle qui m’avait marqué. Je n’avais jamais connu cela avant en DH ou en CFA2. Mais j’ai su faire ce qu’il fallait pour bien récupérer et enchaîner, je n’ai pas loupé beaucoup de matchs depuis mon arrivée et je n’ai pratiquement pas été blessé. C’est aussi parce que je me suis imposé d’emblée une bonne hygiène de vie.
L’engagement et l’intensité physique, c’est ce qui vous a le plus marqué en passant du monde amateur au monde pro ?
Il y a beaucoup de différences, c’est clair. Déjà, je ne m’étais jamais entraîné deux fois dans la même journée. Là, c’était entraînement lundi matin et lundi soir, pareil le mardi. Mais selon moi, être électricien comme je l’étais et être footballeur, c’est aussi difficile. Avant, je me levais à 6h30, je passais la journée sur les chantiers puis j’avais 1h30 d’entraînement le soir. C’était dur, mais j’étais réglé. Là, dès que je le pouvais à Bourg, je faisais des siestes pour bien récupérer entre les deux séances. J’ai vraiment senti le changement de rythme. Mais je suis me vite adapté, je n’étais pas à la rue, ni cramé, dans les jeux avec les autres. Deux ou trois mois avant ma signature à Bourg, j’avais déjà commencé à m’habituer en me consacrant au foot. J’allais à la salle de sport à-côté pour faire de la musculation en plus.
« J’ai pris le risque de faire une rupture conventionnelle avec mon employeur »
Même si vous évoluiez en CFA2 à Limonest, vous aviez encore l’espoir de percer dans le monde pro malgré le fait que vous n’ayez pas un parcours classique en centre de formation ?
Quand j’étais plus jeune à Andrézieux, j’y croyais. Mais au bout d’un moment, j’ai fait le choix de changer de club pour me rapprocher de mon lieu de travail. Finalement, ça ne s’est pas très bien passé là-bas et c’est à ce moment que j’ai eu ce déclic ! Je voulais leur montrer que je pouvais y arriver. Derrière, j’ai enchaîné de bonnes saisons à Domtac, puis j’ai signé à Limonest à l’été 2016. En six mois, j’ai marqué 10 buts en CFA 2 en 12 matchs. J’en ai parlé à mes proches, ma famille, mes amis, et j’ai pris le risque de faire une rupture conventionnelle avec mon employeur pour me dédier au foot. Dans ma tête, je voulais franchir les échelons, passer par le CFA ou le National. Mais le FBBP01 est venu me chercher directement. J’avais aussi eu des contacts avec Lyon La Duchère, Sedan. Un recruteur de Niort était venu me superviser aussi. J’avais fait un essai d’une semaine à Montpellier, mais avec les U19. Donc ça ne m’a pas permis de me confronter aux pros. Cette division attire les regards, et les statistiques parlaient pour moi.
On imagine facilement que l’objectif collectif, c’est le maintien cette année. Et sur le plan personnel ? Franchir au moins la barre des 10 buts, alors que vous en êtes à 7 actuellement ?
Dans mon esprit, je cherchais déjà dans un premier temps à confirmer mes six premiers mois. Cette fois, je n’arrivais pas en cours de route, la donne était différente. J’avais inscrit six buts, donc là j’ai fait un peu mieux. Mais je ne prête pas trop attention à cela, car c’est l’aspect collectif qui prime avant tout. Je veux laisser Bourg en Ligue 2. Et c’est par des prestations collectives abouties que je pourrais me créer des occasions grâce à mes coéquipiers. Après, si je marque tant mieux, mais ce sont les résultats qui comptent avant tout.
La victoire contre Toulouse a servi de déclic pour le groupe ? Derrière, il y a eu ce beau succès au Gazélec aussi…
Je pense que le déclic, on l’a eu contre les équipes précédentes malgré les défaites. Je n’ai pas participé aux matchs contre le Paris FC (0-2) et QRM (3-5), mais je sentais de l’extérieur qu’on produisait du jeu. Je n’étais pas plus inquiet que cela. Bien sûr, la défaite contre Quevilly-Rouen nous a fait mal mentalement, avec un scénario fou. Mais derrière, ça a payé contre Toulouse et à Ajaccio. On est reparti sur une bonne spirale et on a envie de la faire perdurer.
« Le match contre Clermont ne devrait pas être dégueulasse »
La réception de Clermont pourrait vous permettre de sortir de la zone rouge en cas de victoire, et si Nancy trébuche…
Il faut essayer de sortir de cette zone rouge le plus vite possible. Mais pas en faisant n’importe quoi. En première partie de saison, ce qui nous a manqué, c’est de savoir ne pas perdre quand on ne gagnait pas. Bien sûr que si on peut battre Clermont, qu’on le fasse. Mais si c’est compliqué, il faut aussi savoir prendre un point précieux et poursuivre notre chemin. On doit se montrer costauds défensivement, et pas seulement les défenseurs, car les attaquants aussi doivent faire leur part de travail.
Bourg a la réputation de faire du beau jeu depuis sa montée. Est-ce qu’il faut savoir mettre cela de côté en ce moment ?
C’est ce qu’on s’était dit droit dans les yeux avant le match contre Orléans à la maison (victoire 4-0). La manière importait peu ce jour-là, il fallait absolument revenir au contact de cette équipe. Mais Clermont est une belle équipe, joueuse, qui produit du football. Le match ne devrait pas être dégueulasse donc il y a moyen de faire quelque chose de bien.
Vous êtes également très proche de Corentin Tolisso. Il n’a pas réussi à vous obtenir un essai au Bayern Munich ?
Non, je n’ai pas encore passé d’essai là-bas (rires). Mais par contre, j’ai déjà été plusieurs fois lui rendre visite, j’ai pu découvrir la ville et assister à quelques séances, et à un match. C’est un ami d’enfance, on se connaît depuis l’âge de 10 ans crois. On s’appelle souvent, tous les jours on se textote. Je sais qu’il sera toujours là pour moi. Même si c’est compliqué pour lui de venir à Verchère le vendredi car le Bayern joue souvent le samedi (rires).
Propos recueillis par Dorian Waymel
Crédit photo de Une : FBBP01/JF Basset