Après 4 ans et demi sous les couleurs de Bourg-en-Bresse, une montée en Domino’s Ligue 2 (2015) et 2 maintiens successifs, Lakdar Boussaha a quitté l’Ain ce mardi. L’attaquant de 30 ans, libéré par le FBBP 01 a opté pour Grenoble, actuel 3e de National 1. Après son premier entraînement ce mercredi avec ses nouveaux partenaires, il a eu la gentillesse de revenir sur un changement de cap forcément marquant dans sa carrière.
MaLigue2 : Lakdar, pourquoi Grenoble ?
Grenoble, c’est vraiment le bon compromis qui m’offrait ce que j’avais envie, ce que j’avais besoin à ce moment-là. Je vais dans un très bon club, un club historique, un club qui a une place dans l’élite du football français. Je suis très fier d’avoir été contacté et d’avoir signé dans ce club. D’autre part, j’y vais également et surtout pour le challenge. Tu as 6 mois pour connaître une nouvelle montée en Ligue 2 ! C’est quelque chose de très intéressant pour moi.
Considérez-vous qu’il s’agit d’une régression le fait de redescendre d’un étage ?
Cela peut bien évidemment être perçu comme cela. Je comprends les personnes qui pensent cela. Personnellement, ce n’est pas mon cas. Grenoble n’a rien à envier aux entités de Ligue 2. Il y a les infrastructures, avec le centre d’entraînement et le stade notamment. Et puis, parfois, il faut savoir reculer pour mieux sauter.
Mieux sauter, c’est une montée fixée pour dans 6 mois ?
On ne m’a mis aucune pression afin de monter cette année. Néanmoins, je suis dans l’optique de faire monter le club. Je possède un an et demi de contrat pour cela. Ce serait mentir de dire qu’on ne joue pas la Ligue 2 ! On va jouer crânement notre chance. Si je peux monter en mai, on va tout faire pour !
Quitter Bourg-en-Bresse cet hiver, c’était inéluctable ?
Ça se passait un peu moins bien… Ça tournait en rond. J’avais fait le tour. Les relations avec le coach étaient devenues délicates. Il fallait que j’aille voir ailleurs.
« Cela devenait difficile de cohabiter avec le coach »
Comment les relations avec Hervé Della Maggiore ont pu se détériorer à ce point ?
Je n’en sais vraiment rien. Je ne suis peut-être pas le type d’attaquant qu’il affectionne. Honnêtement, j’ai toujours tout fait pour que ça aille bien. Attention, j’ai mon caractère, mes défauts. Mais il n’y a pas eu de déclics. On ne pouvait plus fonctionner ensemble, c’est tout. Notre relation professionnelle devenait contre-productive. Je tiens toutefois à remercier le club qui a été compréhensif par rapport à ma situation (il part libre, Ndlr). Le club était aussi triste que moi. C’était ma décision et je lui en suis très reconnaissant. C’était le bon moment pour quitter Bourg en bon terme.
La fin de cette histoire paraît tout de même moins belle qu’elle aurait pu l’être… Avez-vous des regrets ?
Carrément, il y a un peu de regret. Je quitte le club le cœur gros. Je ne vais pas cracher dans la soupe. Je sais ce que ce club m’a apporté. J’y ai passé une bonne partie de ma carrière de footballeur. J’y ai passé une bonne partie de ma vie en tant qu’homme. Bourg aura une place à part pour moi. J’ai de l’amertume dans le sens où ça ne s’est pas terminé comme je l’aurais aimé. Je sentais pourtant le truc arriver. Cela devenait difficile de cohabiter avec le coach, tout simplement. Nous n’avions plus de confiance mutuelle.
Avez-vous déjà conscience que vous avez marqué de votre empreinte l’histoire du FBBP 01 ?
Je n’ai fait que mon boulot. Je n’ai pas suffisamment le recul nécessaire. Quand les journalistes me disent que j’ai marqué plus de 55 buts en 4 ans et demi, ça représente beaucoup. Je m’en rendrai compte dans quelques temps. Là, je n’ai fait que mon travail. J’étais attaquant, je me devais de marquer des buts.
« J’aimerais éviter ce barrage Grenoble-Bourg »
Quels souvenirs gardez-vous de vos années dans l’Ain ?
La montée en Ligue 2, forcément. Parce qu’après avoir quitté Boulogne-sur-Mer (2010), je voulais retrouver le monde professionnel. J’ai cette montée qui reste un très bon souvenir. Et après, la première année de Ligue 2, avec le parcours en Coupe.
Selon vous, Bourg-en-Bresse peut-il se maintenir en Ligue 2 à l’issue de la saison ?
Je leur souhaite en tout cas. Il y a peut-être une fin de cycle. Le problème de Bourg est qu’il est condamné à perdre ses meilleurs joueurs tous les ans, de tenter des paris sur des joueurs d’en bas. Il y a toujours une part d’incertitude. Cela a très bien marché au début, avec Traoré, Alliou Dembélé. Le problème, c’est finalement de se pérenniser.
Un barrage éventuel entre Grenoble et Bourg en fin de saison, j’imagine que vous l’avez déjà imaginé…
On s’est chambré un peu avec mes ex-équipiers. J’aimerais l’éviter ce barrage. Après, ça pourrait être un beau clin d’œil du destin. C’est aussi la beauté du football et la beauté des émotions. Je souhaite néanmoins à Bourg de se maintenir. Je nous souhaite de monter sans passer par les barrages.
Propos recueillis par Laurent Mazure