Depuis le début de saison, Kévin Fortuné est le joueur du RC Lens le plus décisif. Auteur de 6 buts, 4 passes décisives et 3 pénalties provoqués, il a réussi à surnager au sein d’un collectif qui a d’abord failli avant de se reprendre depuis 2 mois. Pourtant, l’attaquant arrivé à l’été 2016 en provenance de Béziers ne fait pas l’unanimité chez les supporters. Souvent critiqué, parfois insulté, l’avant-centre a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur une moitié de saison assez mouvementée.
MaLigue2 : Kévin Fortuné, malgré le fait d’être souvent décisif, vous devez essuyer de nombreuses critiques. Les comprenez-vous ?
Kévin Fortuné : Non, je ne les comprends pas. Certains supporters s’acharnent sur moi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Après, je pense que c’est depuis ce mois d’août et le déplacement à Sochaux (2-3, 3e journée). J’ai eu une altercation avec certains fans qui étaient présents dans le parcage. Cela a commencé à dégénérer. Avant d’être footballeur, je suis humain. Il y a eu des propos niés par la suite par les intéressés… Je ne me suis pas arrêté là-dessus pour autant. Eux continuent… Je continue à vivre, en jouant au football, chose que je fais le mieux. Ces critiques m’aident au quotidien afin de leur montrer que sur le terrain, je parviens à être décisif.
On vous a aussi reproché votre façon de célébrer des buts…
Chacun prend mes célébrations comme il l’entend. Une partie des supporters pense que je ne chambre pas, une autre leur donne cette signification. Une fois, j’ai même dansé et on a dit que j’avais insulté… A partir de là, je célèbre à ma façon, que ça plaise ou pas.
Ces critiques vous affectent-elles ?
Personnellement, non, mais cela affecte forcément ma famille. Elle est parfois amenée à consulter Internet pour voir ce que je fais et, malheureusement, elle voit des critiques, parfois même des insultes très lourdes. Je sais que ma mère, ça la touche beaucoup. Elle me dit : « Tu viens pour jouer au football et tu te fais insulter… » Ce sont les risques du métier. Néanmoins, moi je ne vais pas aller voir un supporter et l’insulter. Derrière un écran, en plus, c’est très facile…
Cette façon de relativiser vous vient-elle du drame vécue cet été (le décès de son enfant, Ndlr) ?
En temps normal, je pense que j’aurais très mal réagi. Je suis très gentil mais, au bout d’un moment, il y a des limites. Depuis la perte de ma fille, j’ai vu qu’il y avait plus important sur la Terre, dont mes enfants. Maintenant, ça me fait plus rigoler qu’autre chose. J’ai ma famille, mes enfants.
« Je me suis beaucoup remis en question »
Souffrez-vous d’une comparaison avec Cristian Lopez, adoré par les fans ?
Peut-être. Je ne fais pourtant aucune comparaison, car Cristian, comme on dit, c’est mon gars ! C’est quelqu’un avec qui je m’entends super bien. Après, qu’il soit sur le terrain ou non, je parviens à faire des prestations plutôt abouties.
Dernier point, les supporters vous reprochent un manque de réalisme devant le but. Partagez-vous cet avis ?
Tout à fait, tout à fait ! Par exemple le match de Niort (3-1) où je me suis beaucoup remis en question. J’ai eu beaucoup de face-à-face et j’en loupe pas mal. La semaine suivante, j’ai travaillé sur ma finition. Je continue à l’entraînement. Le coach me demande d’être plus tueur. Certes, j’ai une activité sur le terrain qui me fait consommer beaucoup de jus, mais ce n’est pas une excuse. De nombreux grands joueurs se dépensent sans compter et parviennent à inscrire des triplés. Je dois me canaliser.
Vos statistiques sont toutefois en net progrès par rapport à l’an passé avec notamment 4 passes décisives depuis le début de saison. Cela vous surprend ?
L’an passé, j’étais sur une phase d’adaptation après le National. Je découvrais le championnat de L2 qui est éprouvant, rigoureux. J’ai montré une autre palette de moi au niveau des passes décisives. Je suis assez décisif sur ce point. Tant que ça peut faire gagner l’équipe et faire marquer mon équipier, je le ferai.
Vous évoquez la différence entre le National et la L2. Un autre joueur semble très bien s’adapter à la L2 : Umut Bozok. Etes-vous surpris ?
J’ai suivi ses performances l’an passé à Marseille Consolat car mes ex-équipiers de Béziers avaient fait part de ses qualités. Là, il démontre ses qualités au niveau de la Ligue 2. C’est un très bon joueur, un vrai attaquant qui, dans la zone de finition, ne chipote pas. J’espère pour lui qu’il continuera.
Quel bilan individuel et collectif faites-vous de cette première moitié de saison ?
Individuellement, je me sens de mieux en mieux. Je parviens à bien retrouver mes repères après un début de saison très difficile où nous n’y arrivions pas. Collectivement, quand vous perdez 7 matchs de rang pour débuter, avec de nombreuses rencontres à la maison, il faut se remettre en question. Il y a eu un nouveau staff, un nouveau coach qui est venu avec ses idées, une nouvelle mentalité. Cela a fait réagir certains joueurs, dont moi, pour ne pas me laisser aller. Nous avons progressé, c’est clair, en ne perdant aussi plus à la maison. Venir nous battre à Bollaert, c’est difficile. A l’extérieur, nous parvenons à réaliser des prestations assez abouties.
En cas de succès face à Tours, la barre des 20 points sera atteinte. Regarderez-vous plus vers le haut ?
D’abord, c’est le maintien ! Après, lorsque la sécurité sera suffisante, nous verrons. Néanmoins, nous prenons vraiment match par match. L’ambition était toujours présente. Nous devions juste reprendre confiance en nous. L’ambition deviendra encore plus grande au fur et à mesure où nous remontrons.
Lorsqu’Eric Sikora est arrivé, il a tenté de vous placer à la pointe de l’attaque. Depuis 2-3 matchs, vous êtes revenu sur le côté droit. Où vous sentez-vous le mieux ?
J’aime bien jouer en-dessous de Cristian, car j’ai une bonne entente avec lui. Par rapport à mes qualités de vitesse, de percussion, le coach est amené à me mettre à droite. Mais finalement, on me met n’importe où, je me donnerai à fond. L’an passé, j’ai même joué en 8. Dès que le coach me met à un endroit, je me dois d’être à 100%.
Le mercato hivernal approche, vous êtes en fin de contrat en juin 2019, serez-vous lensois jusqu’à la fin de saison ?
Pour l’instant, je me sens très bien ici, aimé par les équipiers, mon staff, la direction et une partie des supporters. Lens m’a offert mon premier contrat professionnel et, au regard de notre situation, je ne me vois pas laisser l’équipe comme ça. Je resterai donc lensois.
Propos recueillis par Laurent Mazure
Ceux qui critique ne sont pas de bon et vrais supporter.moi je te soutient pour moi tu es une pépite ainsi que lopez et vachoux