On ne reverra plus Pascal Bérenguer sur une pelouse de Ligue 2. A 34 ans, le milieu de terrain du Tours FC vient de prendre sa retraite sportive. Et débute une nouvelle aventure qui le conduit auprès des U19 tourangeaux, qu’il co-entraîne avec Gilbert Zoonekynd. Tout en préparant le diplôme d’entraîneur pour exercer plus tard au plus haut niveau. Après s’être confié sur sa carrière professionnelle, retrouvons le néo-retraité pour évoquer sa nouvelle activité.
MaLigue2 : Comment appréhendez-vous ce nouveau métier ?
Pascal Bérenguer : C’est une nouvelle vie. A la fin de l’entraînement, ce n’est plus le retour aux vestiaires puis la maison. On reste plongé dans la séance, il faut immédiatement réfléchir aux prochains entraînements, à la prochaine causerie. C’est un job qui ne s’arrête jamais. Surtout quand on prépare, comme moi, le DEPF à côté.
La Ligue 2 a connu un Pascal Bérenguer toujours prêt au combat, disponible pour ses coéquipiers. Ce sont les premières valeurs à transmettre à vos jeunes pousses ?
Le Tours FC était dernier jusqu’il y a deux semaines. Lors de ma première causerie, je n’ai pas parlé technique ni physique. J’ai voulu mettre en avant l’humilité, indispensable pour pouvoir percer en professionnel. Je pense être un exemple d’abnégation, j’avais bien moins de qualités naturelles que beaucoup de joueurs pros, et pourtant j’ai fait une carrière honnête. Sans humilité, ce n’aurait pas été possible.
Quel est l’état d’esprit de vos joueurs ?
Ce sont des gamins qui ont un bon fond, ils ne sont pas méchants. Ils veulent tous aller en pro, comme les copains. Et doivent se poser les bonnes questions. Quand je les entends dire « Pourquoi lui ? Pourquoi eux ? » je leur rétorque « Pourquoi pas toi ?! » Il ne faut pas être jaloux, on n’est pas là pour pleurnicher. Il faut se dire que si le copain y est, on doit être capable de faire le maximum pour y être aussi !
Beaucoup de jeunes rêvent de vite percer pour partir dans un plus grand club. Comment gérer cet excès d’individualisme ?
Sur l’un de mes premiers schémas, j’illustrais mon discours par l’obligation de mettre ses objectifs personnels au profit du collectif. Si le Tours FC est dernier en U19, qui va venir nous voir jouer ? Personne ! Alors que si l’on remonte la pente collectivement, si les bons résultats s’enchaînent, les recruteurs vont revenir progressivement au bord des terrains. Je l’ai vécu en pro, à Lens, quand nous étions en mauvaise posture. Lors de cette saison difficile, personne ne s’intéressait à nous. C’était très compliqué de rebondir.
C’est important ce qu’il se passe autour d’un terrain en équipes de jeunes ?
Ce n’est jamais facile pour l’entraîneur. Il faut avoir conscience des à-côtés. Le joueur qui va vouloir se montrer quand il y a des recruteurs, celui qui voudra marquer à tout prix le jour où son agent vient le voir… Ça fait partie du métier. Mais tant que vous avez une légitimité auprès de vos joueurs, ils écouteront. C’est là qu’il faut savoir se remettre perpétuellement en cause. Parce que le jour où vous enchaînez les mauvais résultats, où vous programmez des entraînements de merde, vous pouvez vite perdre l’attention…
Quinze ans après vos débuts en pro au SC Bastia au même âge que les jeunes que vous dirigez maintenant, qu’est ce qui a changé dans notre football ?
J’ai débuté en pro avec des Patrick Valéry ou Piotr Swierczewski. Je prenais des gifles à l’entraînement, et je n’avais pas intérêt à répondre ! Ça n’existe plus aujourd’hui, les jeunes n’accepteraient pas le quart de ce que j’ai connu il y a 15 ans. Les anciens ont plutôt un rôle de grand frère, même sur le terrain. Ce qui change aussi c’est la formation des jeunes qui débute très tôt. Et produit peut-être des jeunes déjà blasés à 19 ans, après 5-6 années de formation, des gamins à qui on demande de la compétitivité et des résultats très tôt.
Crédit photos : Tours FC / A.Bertrel