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Matchs présumés truqués, un an après…

Après l’épisode Luzenac qui avait agité l’été en Ligue 2, l’affaire des matchs présumés truqués du Nîmes Olympique secouait à son tour l’antichambre de l’élite du football français. Un an après ce scandale, MaLigue2 revient sur la chronologie des événements et fait le point sur la situation actuelle du club et des protagonistes concernés.

Août 2014

Nous sommes fin août. Depuis quelques mois Jean-Marc Conrad est le président du Nîmes Olympique avec l’appui de trois investisseurs, Serge Kasparian, Tagmi Rabah et Rani Assaf. Très bon communicant, l’ancien président d’Arles-Avignon ne cache pas ses ambitions pour le club nîmois. En atteste les arrivées d’anciens pensionnaires de Ligue 1 comme Toifilou Maoulida ou Fethi Harek. José Pasqualetti remplace également René Marsiglia au poste d’entraîneur.

Octobre 2014

Jean-Marc ConradPourtant des premiers signes inquiétants interviennent dans le courant du mois d’octobre. Serge Kasparian, actionnaire à hauteur de 50% et propriétaire d’un cercle de jeu parisien est mis en examen pour « blanchiment et association de malfaiteurs ». Conrad se veut rassurant et assure que c’est une affaire strictement personnelle. L’histoire est bien plus grave.

Novembre 2014

Un mois plus tard, suite à des écoutes téléphoniques concernant Serge Kasparian, l’on apprend que plusieurs matchs de l’exercice précédent de Ligue 2 feraient l’objet d’arrangement. C’est notamment le cas du fameux match nul entre Nîmes et Caen (1-1, 37e journée), où la deuxième mi-temps s’était terminée en véritable passe à dix. En découle de nombreuses perquisitions et l’audition de plusieurs acteurs de ces rencontres dont Xavier Gravelaine, Jean-François Fortin, Patrice Garande ou encore Olivier Dall’Oglio. Jean-Marc Conrad est également arrêté pour répondre aux questions de la police. L’affaire prend une ampleur nationale et Frédéric Thiriez ne tarde pas à déclarer que « si les soupçons sont avérés, il s’agit d’une affaire extrêmement grave ».

Mars 2015

C’est en mars 2015 que l’affaire des matchs présumés truqués fait son retour. L’enquête confirme que quatre rencontres (CA Bastia 0–0 Nîmes 0-0, Caen 1–1 Nîmes, Dijon 5–1 Nîmes et Créteil 1–1  Nîmes) ont fait l’objet d’une tentative d’arrangement orchestrée par Serge Kasparian, Jean-Marc Conrad et des intermédiaires. La commission de discipline décide de rétrograder le Nîmes Olympique en National à la fin de la saison. Kasparian et Conrad écopent respectivement de 10 ans et 7 ans d’exclusion de toutes fonctions officielles. Des intermédiaires sont aussi condamnés alors que les autres personnalités du ballon rond sont innocentées. Très affecté par cette décision, le nouveau président de la formation gardoise, Christian Perdrier ne tarde pas à faire appel. Élus, supporters, joueurs et salariés du club se mobilisent pour sauver le soldat nîmois. Rani Assaf, l’un des trois actionnaires, reprend seul le flambeau en devenant l’homme fort du club. La situation est complexe puisque le duo Kasparian-Conrad possède encore des parts mais ne peut plus exercer.

Nîmes supporterMai 2015

C’est alors que l’ancien président de l’écurie gardoise, Jean-Louis Gazeau intervient puisqu’il est en passe de récupérer ces fameuses parts par faute de versement. Après des divergences, c’est main dans la main qu’Assaf et Gazeau montent à Paris en mai dernier pour défendre la cause du Nîmes Olympique. Plusieurs jours s’écoulent avant que la commission d’appel de la FFF réintègre le club en Ligue 2. Ils devront tout de même surmonter un handicap de 8 points pour l’édition 2015-2016. Un moindre mal vu les faits reprochés. Mais toujours pas satisfait, le président Perdrier saisit le CNOSF  pour que la formation de José Pasqualetti soit totalement placée hors de cause. Le Comité National donnera un avis défavorable à cette requête en maintenant la sanction de la FFF.

Et maintenant ?

Pour cette nouvelle saison, Nîmes a volontairement réduit son budget  (6,4 millions contre 7,4 la saison passée) suite aux désengagements de certains de ses sponsors. Aujourd’hui, Rani Assaf possède 80% des parts tandis que les 20% restants sont la propriété de Jean-Louis Gazeau (1% est à l’association). Homme de l’ombre, le numéro 2 de Free a injecté des fonds supplémentaires pour obtenir l’accord de la DNCG afin d’évoluer en Ligue 2. Le président Perdrier a d’ailleurs effectué de nombreux licenciements au sein du club pour alléger la masse salariale. Les transferts et les dépenses sont également surveillés de près.

Sur le plan sportif, Nîmes lutte pour le maintien en Ligue 2. Chose évidente avec ce handicap de départ. Toifilou Maoulida et les siens ont effacé ces huit points de retard mais restent lanterne rouge. Ils ne comptent pas moins de dix longueurs sur le premier non relégable. Pas simple à l’heure où les premiers sifflets sont descendus des Costières et où les supporters s’interrogent sur la légitimité de José Pasqualetti.

Nîmes publicMai ou juin 2016

L’ultime appel des Crocos sera étudié en mai ou juin par le tribunal administratif. Un recours qui pourrait avoir d’importantes conséquences sur le classement en fin de saison, en cas d’issue favorable pour Nîmes. En attendant cette réponse, Rani Assaf a retrouvé l’anonymat qu’il désire et laisse le président Perdrier s’occuper des affaires courantes du club. La communication connait d’ailleurs un nouveau souffle avec une omniprésence sur les réseaux sociaux et la création d’un nouveau site.

Nul ne sait ce que devient Tagmi Rabah, le troisième actionnaire à l’époque des faits. Aux dernières nouvelles, Jean-Marc Conrad est en Australie. Quant à Serge Kasparian, il a obtenu une annulation de ses 10 ans d’interdiction de licence. Néanmoins, les investigations autour de son cercle de jeu sont toujours en cours. Deux hommes qui, par ces soupçons de matchs truqués, ont entaché l’image et l’histoire du Nîmes Olympique à jamais.

Colin Delprat

Crédit photos : Fabrice Foures

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